Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Forte mobilisation pour Ould Abdel Aziz à Kaëdi:Entre espoir et méfiance

altLe président de la République était à Kaédi, capitale de la région du Gorgol et grande agglomération de la vallée du fleuve Sénégal, les mercredi 28 et jeudi 29 avril. Les autorités administratives régionales, les élus et, fortement mobilisées, les populations, venues de tous les départements de la région, ont réservé un accueil des plus chaleureux, au chef de l’Etat. De l’aéroport au stade, en passant par les différents sites de lancement d’un certain nombre de projets de développement économique et social, c’était foule en liesse. En fait, le schéma habituel des visites de ces princes qui nous gouvernent depuis plusieurs dizaines d’années, toujours au sommet de leur popularité, tant qu’ils tiennent solidement les commandes. Avec, cependant, une particularité, pour un Mohamed Ould Abdel Aziz, revenu sur la terre de souffrances et de souvenirs, un peu plus de deux ans après la prière aux morts du 27 mars 2009 en mémoire de toutes les victimes militaires de la folie meurtrière de la fin de l’année 1990. Une folie dont l’identité des auteurs reste toujours couverte sous un silencieux voile officiel, obstacle à une véritable réconciliation.

Série d’inaugurations

 

 

Le mercredi, en fin d’après-midi, le président de la République a posé la première pierre du futur Hôpital Régional de Kaédi. Une structure, financée, sur fonds propres de l’Etat, à hauteur de 1,02 milliard d’ouguiyas, qui offrira, à la région, une capacité de 150 lits, avec des services fonctionnels: consultations, urgences, chirurgie, radiologie et bloc administratif. Un nouveau plateau qui devrait sérieusement renforcer les capacités régionales à assumer une demande sanitaire en sensible hausse. Les travaux de construction du nouvel hôpital sont programmés sur onze mois.
Agenda plein pour la demi-journée de jeudi, menée pied au plancher, avec une nouvelle série de lancement de travaux, sur la voirie de la ville, douze kilomètres de voies bitumées qui relieront plusieurs quartiers et le marché. Le lancement de l’édification d’une nouvelle ville, dans une démarche qualifiée de «restructuration». En fait, le terme approprié serait, plutôt, «structuration des quartiers précaires» situés au Nord-Est.
Urbanisation maîtrisée et toit pour tous, nécessités incontournables, sur la voix du développement.
Au cours de la même matinée, Mohamed Ould Abdel Aziz a également donné le coup d’envoi des travaux de réhabilitation du Périmètre Pilote du Gorgol 1 (PPG1).Un casier rizicole, aménagé, pour la première fois, en 1978, qui nourrit, actuellement, mille trois cents familles, dans une région dont la quasi-totalité des activités économiques reposent sur l’agriculture. Un projet financé par l’Organisation de Mise en valeur du Fleuve Sénégal (OMVS) à hauteur de 2 milliards de F CFA.
Une seule fausse note, lors de ce passage présidentiel à Kaédi. C’était à l’occasion de la visite des différents services de l’hôpital, avec une image forte: l’écrasante majorité du personnel arborant des brassards rouges, pour signifier leur adhésion au mouvement de grève, déclenché, par les syndicats du personnel de la santé, le 7 avril dernier, en réclamation de la généralisation d’une prime de risque, accordée dans le courant de l’année 2009 mais uniquement en faveur des spécialistes.

Doléances tous azimuts

Dans la soirée du mercredi 28 avril, différentes audiences, consenties aux élus de la région – sénateurs, députés et maires – ont permis d’exposer, au président, les doléances, variées, des populations: désenclavement, impliquant la réalisation de nouvelles pistes, problèmes liés à la santé et aux activités agricoles, surtout. Les représentants des populations du Gorgol ont parlé quasiment d’une seule voix.
Seul le maire de la commune de Tokomadji, Diaw Abdoulaye Djimé, un transfuge de l’Union des Forces du Progrès (UFP) qui a intégré, avec armes et bagages, le Mouvement Pour la Refondation (MPR) de Kane Hamidou Baba, est allé au-delà des préoccupations locales, en abordant la question du difficile dialogue inclusif national, devant le chef de l’Etat. Mais ses collègues ont, aussitôt, recadré la causerie vers les soucis spécifiques à la région. A l’issue de cette grande palabre à la mauritanienne, dans une région du fleuve aux grosses potentialités et objet de toutes les convoitises de l’agrobusiness et de la boulimie d’enrichissement d’administrateurs, spéculateurs et autres intermédiaires véreux, on se demande pourquoi les élus n’ont jamais posé la brûlante question de la spoliation des terres. Un étonnant zapping, tout de même, sur l’épineux problème de la loi foncière de 1983, dont les dispositions sont fortement contestées par les populations et les ONGs. Le pire, en cette affaire, résidant en ce que préfets et gouverneurs ne respectent, même pas, la procédure prescrite par le texte, déjà inique, en soi…

 

Amadou Seck, envoyé spécial à Kaédi-LE CALAME

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