Communiqué de presse de Conscience citoyenne
Les mercredi 20 et jeudi 21 avril 2011, des événements graves, opposant les étudiants négro-mauritaniens aux étudiants arabo-berbères et consécutifs à ce qui aurait dû être une banale histoire de fraude dans l’élection du bureau représentatif des étudiants, sont venus rappeler notre pays à sa triste réalité : les fondements de l’unité nationale sont profondément viciés et la Mauritanie vit sous la menace d’une implosion qui peut survenir à tout moment. Il est en effet désolant et terriblement inquiétant de voir ceux-là mêmes qui sont censés prendre bientôt les rênes du pays, l’élite que sont les étudiants, en être réduits à des affrontements ethnico-raciaux. Mais cela n’est hélas que la conséquence logique et inéluctable de la politique d’exclusion raciale que les différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays n’ont eu de cesse de poursuivre en privilégiant une composante nationale, les arabo-berbères en l’occurrence, au détriment de toutes les autres.
La question de l’esclavage est restée entière malgré les textes de loi visant à éradiquer cette pratique. La campagne d’épuration ethnique qui a visé la communauté négro-mauritanienne à la fin des années 1980 n’a toujours pas été soldée à ce jour malgré le retour de quelques dizaines de milliers de réfugiés et les réparations financières octroyées à quelques veuves et ayant droits des militaires négro-africains massacrés dans les camps-mouroirs de Taya.
En fait, la déchirure est beaucoup plus profonde. Il faut que tous les Mauritaniens, sans exclusive, s’asseyent autour d’une table et crèvent définitivement l’abcès qui ronge ce pays et mine ses fondements : la question de la cohabitation et donc de la place qui doit revenir à chacun dans une Mauritanie décomplexée et assumant pleinement son identité multiple. La fermeture temporaire de l’Université et l’intimidation des étudiants par l’arrestation de quelques-uns d’entre eux, libérés finalement grâce à la mobilisation de leurs collègues et des organisations de la société civile, ne constituent qu’une fuite en avant dans la politique de l’autruche poursuivie par nos dirigeants dans l’occultation de la question nationale. Aussi Conscience citoyenne appelle-t-elle à une réponse plus sérieuse à cette énième alerte sur les menaces qui pèsent sur l’existence même de notre pays par l’engagement des autorités dans la résolution des vrais problèmes de la Mauritanie.
Pour Conscience citoyenne, le porte-parole
Alassane Dia