Le passif humanitaire non « pacifié »
Nous avions dès le début défendu avec une ferme conviction que le règlement du passif humanitaire tel que procédé et piloté par ceux qui en avaient la charge ne fera qu’enliser les droits des victimes et de leurs familles. Sans prémunir les auteurs de ces crimes d’éventuelles poursuites judicaires. Et la Mauritanie de violations sans précédents des droits humains. Sur toute la ligne ce règlement a pris les allures d’une démarche purement politique appliquée à un dossier humanitaire.
D’abord sur le choix des hommes certains avaient des raisons de douter de la bonne foi et du courage de poser les problèmes sans complaisance ni compromission. En matière de crimes il ne saurait y avoir de marchandage politique ou d’achat des consciences. Sinon, qui mieux que les ayants droits et les organisations crédibles de défense des droits de l’homme pour gérer ce dossier en dehors de toute considération matérielle mise en avant concernant le règlement de cette question. Au lieu de commencer par un devoir de mémoire et lever les tabous sur ce problème, au lieu de situer au moins les responsabilité et demander pardon aux familles éplorées, au lieu de mettre la lumière sur ces crimes et trouver une solution dans le respect de la dignité des disparus, le pouvoir et ses missionnaires se sont contentés de biaiser le règlement en prenant le raccourci le moins ennuyant qui se résume en une prière et des billets d’argent remis aux familles des morts. Cette façon de solder un dossier aussi sensible en isolant les acteurs censés s’impliquer de manière objective dans la recherche de solutions en dit long sur les intentions qui sous-tendent ce problème. Et ce, au moment où des voix demandaient de privilégier l’approche humanitaire à l’option d’un règlement aux relents électoralistes. Quiconque tentait de critiquer la démarche de la commission en charge de régler la question tel que souhaité par le régime était considéré comme un extrémiste. Des organisations de défense de droits de l’homme ont demandé à rencontrer le président pour lui proposer une approche plus humanitaire qui tienne compte des droits légitimes des familles. Dans la presse nous avions attiré l’attention des autorités, des responsables politiques et de la société civile des conséquences d’une telle démarche visant à se débarrasser à tout prix de cet épineux dossier. Ceux qui voulaient d’un règlement pacifique et moral du passif humanitaire défendaient des arguments solides qui pouvaient aider à trouver une solution définitive qui ne souffrirait pas de nouvelles violations des droits des victimes. Plus grave on assiste à une deuxième violation portée à l’endroit des familles des victimes qui ont été abusées dans leurs causes pour lesquelles elles luttent depuis une décennie. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz en pensant avoir soldé le passif humanitaire sous la conduite de ses hommes de main n’a pas trouvé la bonne méthode dès lors où il n’a pas associé les acteurs capables d’aider à traiter cette question sous tous ses angles. Le passif humanitaire est un problème qui reste entier et dont le règlement requiert une solution dépolitisée.
Cheikh Tidiane Dia-LE RÉNOVATEUR