Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

SPÉCIAL ANNIVERSAIRE: INVITÉ DE FLAMNET: Ibra Mifo Sow Secrétaire national à l´Organisation et à l´Orientation politique des FLAM

altFLAMNET reçoit comme invité du site ce 14 mars 2011 notre camarade Sow Ibrahima Mifo Secrétaire national à l´Organisation et à l´Orientation politique à l´occasion du 28ème anniversaire des Forces de libération africaines de Mauritanie.

Membre-fondateur du Mouvement des Élèves et Étudiants Noirs (MEEN), des FLAM et de l´UNESM, militant très actif de l´organisation, arrêté et condamné en 1986 après la publication du Manifeste du Négro-mauritanien Opprimé, banni et radié de la fonction publique pour “activités subversives”, après sa libération de prison, il est forcé à l´exil depuis bientôt 23 ans. Il atterit d’abord au pays du vieux Houphouet Boigny où il crée et anime, avec des camarades miraculés du bagne de Walata, une Section des FLAM. Puis, juste avant le déclenchement de la guerre civile en Côte d’Ivoire, il s’envole pour les USA où il poursuit son long exil au service de son Organisation.

 L´ancien président de l´Association Culturelle et Sportive de la jeunesse de Djeol, ancien responsable du mouvement Jaalo-waali, (une fédération d’une dizaine d´associations culturelles des riverains de la vallée du fleuve de la Mauritanie et du  Sénégal), l’ex professeur de français au lycée de Sélibaby, de Kaëdi et de Dimbokro (Côte d´ivoire) revient, pour nous, de long en large sur les questions de l´heure à savoir la vie du mouvement, le redéploiement des FLAM en Mauritanie, l´indépendance du Sud Soudan, les manifestations de la jeunesse mauritanienne entre autres.

 Entretien…..

FLAMNET: Bonjour camarade 14 MARS 1983-14 MARS 2011, 28 ans d´existence des FLAM, que vous inspirent cet anniversaire, et ce long parcours qui, quoi qu’on dise est exceptionnel? Comment se porte notre organisation? 

 

Ibra: L’opportunité de l’anniversaire des Flam doit rester d’abord un moment de reconnaissance solennelle à tous ceux qui ont inspiré notre combat et à ceux qui y ont consenti des sacrifices exceptionnels. Notre lutte est le produit de la somme des héritages héroïques de résistance de notre peuple et de son refus de l’oppression et de l’aliénation de sa dignité, et ce depuis Thierno Sileymaani Baal et les révolutionnaires de 1776 jusqu’aux 19 pétitionnaires du Manifeste de 1966.

Mais c’est aussi une occasion de bilan, toujours à dessein de réarmement militant. Les acquis de notre lutte sont indéniables. Evidemment tant que l’objectif ultime de notre combat, qui est la fin du règne oppressif de la minorité raciale sur la majorité noire de notre pays, n’est pas atteint, il sera difficile de céder à l’envie de célébration. Cependant, nous pouvons nous enorgueillir du fait que notre influence psychologique sur le cours des évènements nationaux est telle qu’il n’est pas exagéré de prétendre que depuis plus de 25 ans, aucune ligne de l’histoire politique de la Mauritanie n’a été écrite qui ignore notre existence.

L’engagement et la mobilisation au sein de nos structures sont restés aussi vaillants que de coutume, et le débat sur les moyens d’insuffler un nouvel élan à notre lutte y est plus exhaustif que jamais. C’est que les enjeux de l’heure sont cruciaux en ce qu’ils engagent des ajustements stratégiques essentiels…

  

FLAMNET: Justement, faites-vous là allusion au projet de “redéploiement” et au retour des Flam en Mauritanie que beaucoup de l’intérieur comme de l’extérieur exhortent notre mouvement à faire?  

 

Ibra: Il faut reconnaître qu’il s’agit d’un défi majeur qui aura nécessairement des conséquences sur l’avenir de notre lutte et qui, osons le dire, pourrait aussi entrainer la redistribution de la donne sur la scène politique nationale. En tout cas, la décision de retour d’exil pour une organisation comme la nôtre est inévitablement un pari politique de haute portée qui ne saurait être pris à pied levé. C’est pourquoi un large débat qui prend en compte de multiples dimensions, tant psychologiques, sociales que politiques, d’un éventuel retour des Flam sur leurs bases naturelles a été mené au sein de toutes nos structures. Les conclusions sont pertinentes et elles attendent d’être validées par le congrès qui se tiendra très prochainement.

 

FLAMNET: Le retour des FLAM est devenu en effet un sujet de fixation. Notre organisation et certains de ses responsables ont fait l´objet ces derniers temps d´attaques malveillantes et haineuses sur le net. Qu´est-ce qui expliquerait, selon vous, cette campagne? 

 

Ibra: Plusieurs lectures peuvent être faites de ces sorties qui ont, au moins, la singularité d’émaner de la même source. Mais je n’y vois absolument aucune conspiration, tout comme je refuse de croire à une exigence de tribut à payer par “ceux que l’histoire aura dicté de changer d’approche” pour prouver aux nouveaux “amis” leur bonne foi; je ne pense pas non plus que ce soit une tentative de diversion pour occuper la base ailleurs que sur des choix politiques controversés.  Je préfère me convaincre, naïvement, qu’il s’agirait juste d’un épiphénomène, d’une sorte de saute d’humeur de “certains” compatriotes qui ont voulu user de l’opportunité d’une tribune bienveillante pour faire prévaloir leur droit à la libre opinion. Nous, au niveau des Flam, nous soutenons à fond la liberté d’expression, y compris celle qui se manifeste à nos dépens. C’est pourquoi on ne s’en était pas ému outre mesure, assurés que nous étions que le subterfuge du syllogisme spécieux ne saurait masquer la vacuité du discours.

 

Si on veut faire preuve malgré tout de beaucoup d’optimisme, on peut retenir certaines interpellations dignes d’attention comme par exemple la place des Flam en Mauritanie ou encore le bilan de leur combat. Sur le premier point, je veux croire que si nos compatriotes nous exhortent avec insistance à réinvestir le terrain intérieur c’est parce qu’ils y constatent un vide politique que notre présence pourrait combler. C’est un cri de coeur qui, naturellement, ne nous indiffère pas. Quant au rôle joué par notre organisation, le moins que l’on devrait lui reconnaitre est, d’abord, d’avoir réussi à démasquer la perfidie du racisme d’Etat mauritanien et, ensuite, d’être demeurée la voix la plus audible et le symbole le plus emblematique du combat contre ce racisme.

 

FLAMNET- Depuis quelques temps on assiste à des manifestations des jeunes mauritaniens contre le régime et le Système. Que pensez-vous de ces mouvements de révolte?

 

Ibra: Il faut juste espérer que ce soit une lame de fond et non une terne réplique de ce qui se passe chez ceux à qui on voudrait à tout prix ressembler! Je pense cependant que les raisons de révolte ne manquent pas : du racisme d’Etat qui ne s’embarrasse plus de scrupules à l’esclavage structurel, de la pauvreté endémique aux spoliations politiques, sociales et culturelles, jusqu’au chômage des jeunes devenu une fatalité…Je ne sais pas ou meneront ces mouvements mais il est certain qu’il arrivera un temps où aucune force répressive ne sera suffisamment puissante pour continuer à comprimer ce dangereux cocktail…

 

FLAMNET- Le Sud Soudan a voté au mois de janvier dernier pour son indépendance. Que vous inspire cet évènement ?

 

Ibra: L’entêtement de Khartoum dans son refus raciste de prendre en compte les droits culturels et politiques de cette partie du Soudan ne pouvait mener qu’à la séparation. C’est tant mieux pour le Sud Soudan qui maintenant apparait comme seul maitre de son destin de nation libre. Nous osons espérer que le pouvoir mauritanien se convaincra que cela  n’arrive pas qu’aux autres. Aucun peuple ne saurait tolérer indéfiniment son oppression et son aliénation. Il est illusoire de croire que l´unité de ce pays pourrait se perpétuer selon la logique de ce Système raciste et arrogant qui méprise le trop-plein de frustrations et de ressentiments de la majorité noire. Il est donc vital de prendre la mesure des périls et d’y faire face avec sérieux et responsabilité. En tout état de cause, les Flam, quant à elles, sont arrivées à la conclusion que  seule l’autonomie des régions du Fleuve apparait comme solution raisonnable pour préserver  l´unité  physique de  notre pays.

 

FLAMNET- Votre dernier mot à nos militants et aux mauritaniens d´une manière générale …

 

Ibra: Je voudrais d’abord saluer les changements heureux que vous apportez à notre site qui doit demeurer ce qu’il a toujours été, à savoir la vitrine de communication de notre organisation et la voix des sans voix de tous nos compatriotes. Ensuite, je me contenterai de reprendre à l’intention des uns et des autres un adage de bon sens que j’ai lu quelque part ces jours-ci: “quelque soit la longueur de la nuit, le jour finit toujours par se lever”. Joyeux anniversaire à tous nos militants et à notre président en particulier.

La lutte continue!

 

Propos recueillis par Kaaw Touré, Abdoulaye Thiongane et Abou Hamidou Sy.

Lundi 14 mars 2011.

www.flamnet.info

 

 

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