Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

FLAM : Témoignage sur un itinéraire contrasté et un long et difficile compagnonnage Par Me LÔ Gourmo Abdoul- Militant de L´UFP

altLes FLAM fêtent donc leur 27 ème anniversaire. Il ne m’est pas particulièrement aisé de porter un témoignage « objectif »sur leur existence et leur action, -actif et passif compris-, moi qui fut, de leur propre point de vue, l’un de leur plus « vieil adversaire ».

Il est vrai que les FLAM, dès leur naissance, se sont d’emblée placées sur la ligne de mire, de ce MND, dont nombre des militants flamistes ne prononcent les 3 lettres qu’avec furie et moue de dégoût. La réciproque, bien sûr, est vraie. Aujourd’hui encore, l’hostilité des militants de cette organisation singulière dans l’échiquier politique national,en à l’égard de l’UFP -héritière de ce MND honni -est largement partagée par les militants de ce parti. Au-delà du possible, cette franche et dense hostilité s’est, depuis longtemps, muée en préjugé parfaitement irrationnel, en plusieurs de ses « raisons » et dimensions. Au point que, bien souvent, les uns et les autres en arrivent parfois à se découvrir  de manière inattendue, quelque ressemblance humaine, tellement ils ont cultivé, avec minutie, une différenciation d’espèce et de genre galactiques entre eux, difficilement concevable,  tout au long de ces très longues années de combats politiques acharnés mais exaltants !

Bien sûr, il y’a une histoire de cette hostilité. Elle est  l’une des facettes de l’histoire même de la quête assoiffée de la démocratie et de l’égalité de l’élite de notre pays, singulièrement ses intellectuels, ses cadres mais aussi, au fil du temps, de la quête de ses populations pluriethniques, confrontées à la dimension identitaire d’une existence nationale sur laquelle elles n’ont absolument aucune prise depuis l’indépendance.

L’hégémonie idéologique et politique du MND durant les années 70 a façonné une manière de concevoir et de lire les réalités sociales et nationales (influence décisive de la dialectique du marxisme léninisme)qui a bousculé les approches traditionnelles d’une partie de l’élite du pays, en particulier, une frange arabo-berbère acquise à un nationalisme en quête d’un Etat  arabe exclusif  mais aussi  une partie négro-africaine gagnée à un primo nationalisme, inquiet et passéiste (conservation de la domination du français) à l’origine des évènements de 1966. Les FLAM, comme EL Hor (en tant qu’expressions politiques organisées d’une importante partie de l’élite négro-africaine et haratine) seront précisément, l’expression de la fin de cette hégémonie idéologique et politique du MND , implosé en 1975 -et le début de la complexification nationalitaire sans fin de la vie politique du pays.

Une partie importante des cadres dirigeants des FLAM (qui avaient animé des luttes scolaires négro-africaines différenciées ) étaient sortis des rangs du MND ( on les reconnais encore souvent par la solidité de leurs convictions et la finesse de leurs analyses !) et s’en étaient affranchis parfois avec amertume, déçus et impatients de la manière de leurs anciens camarades d’envisager et de mener  la lutte contre le chauvinisme en ascension  rapide au sein de l’Etat à la fin des années 70.

L’arrivée des militaires au pouvoir et la tendance à leur manipulation par des groupes nationalistes sectaires en particulier arabes, va rapidement faire basculer le pays dans une logique de confrontation ethnique et raciale chaotique. C’est ce contexte général de tension collective et individuelle maximale qui est, au fond, à l’origine de l’énorme adversité FLAM/MND , MND/BASSISTES, MND/NASSERISTES -qui va structurer des années durant, le paysage politique du pays (années 80) .

Divergences théoriques et rhétoriques : quelle est la nature identitaire et sociale de l’Etat mauritanien ? Quelle part de responsabilité pourrait-elle être imputée aux populations et classes sociales dans les actions (singulièrement les dérives) de l’Etat ? Quelles similitudes entre l’expérience des relations intercommunautaires en Mauritanie et dans le reste de l’Afrique (Afrique du sud, Zaïre, Sénégal par exemple) ? Quelle est la nature et quelles sont les  formes de  la mobilisation et des luttes contre les inégalités entre les ethnies ? Dans quelles circonstances et contre qui les engager ? Un Coup d’Etat au nom d’une communauté opprimée ou brimée est-il pour autant légitime ? Le combat contre les injustices ethniques de plus en plus criantes, de plus en plus insupportables peut-il, doit-il être séparé du reste des luttes démocratiques de l’ensemble du peuple mauritanien (toutes ethnies confondues ) ?  Quelles reformes constitutionnelles et institutionnelles entreprendre pour la solution de la « question nationale » ?Quelle place respective réserver aux langues nationales  et au Français dans le système d’enseignement et l’administration publique ? etc. 

Telles étaient les questions qui animèrent, tous azimuts, les grands débats de confrontation entre Flamistes et mndéistes, chauffés à blanc par leur proximité idéologique originelle, la parenté parfois littérale, sanguine,  des membres d’une même large famille démocratique, en mal de reconnaissance réciproque. A côté des apports incontestables de chacune de ces organisations dans l’élaboration graduelle d’un véritable compromis national informel sur certains aspects clé du débat identitaire national en Mauritanie, apports nourris par les critiques souvent fécondes( même non admises ouvertement) des uns à l’encontre des autres, que d’erreurs commises par  tous ! Il y’a bien sûr, les mots et les expressions qui vilipendent, qui  fusillent, qui blessent et qui finissent par être autant de marqueurs d’infamie, comme des étoiles jaunes au front. Il y’a eu des « alliances » de circonstances, parfois avec pire encore que l’autre, pourvu qu’ « il » perde ! Des sabotages d’initiatives, des complots de mômes, des rebuffades. Toutes choses qui, en définitive, avaient fini par consumer des raisons de s’unir contre le pire, avant qu’il n’arrive et contre lui quand il fut là !

Car, en définitive, FLAM et MND naguère, FLAM et UFP depuis, partagent la sincérité de leur combat pour une autre Mauritanie, plurielle, solidaire, unie dans le respect mutuel de ses filles et fils, fière des apports de tous, sourcilleuse quant aux droits inaliénables et intangibles de chaque communauté et de chaque citoyen.

Je témoigne par ma part, qu’à chacun des rudes combats que j’ai, à ma modeste dimension, menés, ici ou là -où mes camarades m’ont demandé de les entreprendre, contre les dictatures et les injustices, j’ai cheminé avec  des militants des FLAM, du même côté de la barricade, même si jamais la polémique théorique  ne se tût, comme une belle mauvaise habitude. Un cousinage à plaisanterie.

 Bon anniversaire aux FLAM et la lutte en effet, continue !

 Lô Gourmo Abdoul

 mars 2010.

www.flamnet.info

 

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