Qu’est-ce qui agite les jeunes de la place “Blokat” ?
Les manifestations des jeunes de la capitale ont redoublé d’intensité ces derniers jours.Elles ont largement occupé le décor urbain.La police a du coup décidé de changer de méthode en renouant avec la matraque.Des heurts entre les forces de l’ordre et les manifestants ont fait quelques blessés dans les rangs des jeunes.Plusieurs arrestations ont été signalées dans les milieux des activistes qui ne semblent pas baisser les bras.La police est sur les dents et utilise les gros moyens pour écraser les contestataires. Mais cela va-t-il pour autant dissuader ces vagues d’agitation qui s’amplifient dans les rues et qui risquent de gagner les établissements scolaires et universitaires. Si dans les faits l’origine de ces troubles doit être interprétée à la lumière des événements qui se produisent actuellement dans les pays arabes, certains segments du pouvoir n’hésitent pas à dire que ces jeunes sont manipulés par des mains invisibles. Ce qui donnerait un caractère politique à de telles agitations. Pour apporter un démenti à ces allégations, les manifestants tiennent à préciser que leurs revendications sont purement sociales et qu’ils ne sont à la solde d’aucun parti ou d’un groupe idéologique. Par conséquent leur colère n’est pas dirigée contre le régime en place et ils ne cherchent pas à le faire tomber. En revanche, ils demandent le départ du gouvernement et une réforme des secteurs vitaux. Les jeunes manifestants réclament aussi plus de liberté et d’emplois. Au centre de leurs slogans la baisse des prix revient avec insistance. Y a-t-il d’autres motivations purement politiciennes qui se cachent derrière ces agitations ? Difficile de le savoir. Seule certitude, la Mauritanie est touchée par la masse éolienne qui avance avec force dans les pays arabes et dont les répercussions se font sentir en Afrique subsaharienne. Dans le sillage de cet élan de contestation, les jeunes tentent de reproduire les mêmes expériences ayant fait tâche d’huile ailleurs sur le terrain avec une détermination du reste limitée. Car il s’agit de micro –regroupements qui tentent de s’élargir dans l’improvisation sans de véritables meneurs de jeu. Sans structuration ni mot d’ordre mobilisateur les marches de protestations sont vite réprimées avec rage par les éléments de la police plus présents sur le terrain des blocs que les contestataires. Cette ambiance électrique fait monter le baromètre de la tension sociale et fait monter la pression sur le pouvoir. Ce dernier qui sent chaque jour le mouvement grandir craint un effet de contagion néfaste vers d’autres catégories défavorisées qui pourraient se joindre à la masse et créer une révolte populaire plus dangereuse. Les petites révoltes peuvent devenir des révolutions comme ce fut le cas en Tunisie en passant par l’Egypte, la Libye et les autres pays arabes. La Mauritanie est très fragile pour résister à de telles poussées revendicatives. Ce qui doit faire appeler de la part des autorités un sens plus élevé de compréhension et de dialogue au lieu de la répression.
Cheikh Tidiane Dia- LE RÉNOVATEUR