Réflexes de l’Etat-protecteur ! Par Cheikh Tidiane Dia
Les manifestations organisées ces derniers jours à la place des Blocs par des jeunes excités par les vagues des protestations qui se déroulent dans le monde arabe ont inspiré une forme de revendications auxquelles le pouvoir commence à se heurter et du coup, il hésite à prendre des mesures contraignantes.La stratégie qui semble jusque-là prise par les autorités sécuritaires du pays vise à ménager au maximum les susceptibilités tout en gardant l’œil vigilant en direction des manifestants. Contrairement à un certain passé récent où la méthode brutale était utilisée comme l’arme de défense et de dissuasion, le régime en place veut éviter toute confrontation avec le peuple tant que des débordements ne sont pas signalés. Allergique aux critiques et exposé aux manœuvres politiques de l’opposition, le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz tente de multiplier les promesses sociales et les gestes en direction des jeunes chômeurs pour apaiser au maximum les tensions. Le ministre de l’intérieur accompagné par certains de ses collègues, sillonne les quartiers pauvres de la ville pour diffuser un message « de paix » au nom du président de la République soutenant que les problèmes qui se posent aux populations trouveront des solutions rapides. Comme par un coup de baguette magique, les autorités ont miraculeusement obtenu les recettes qu’il faut à l’ensemble des problèmes auxquels font face les habitants des zones démunies. Aucune des revendications posées par ces pauvres abandonnés à eux –mêmes, n’a été déclarée sans solution. Mais concrètement rien n’est fait. L’Etat –protecteur et omnipotent fait feu de tout bois pour contenir les colères. Les manifestants quant à eux utilisent la libre expression pour se défouler comme ils peuvent. Cette ambiance créée une certaine atmosphère de lutte qui dénote d’un désir pressant pour les jeunes de voir se mettre en place de nouvelles institutions à la hauteur de leurs attentes. A quelque chose malheur est bon. Le peuple veut un changement en lieu et place des mensonges et de l’immobilisme. A peine installé que Mohamed Ould Abdel se ravise de l’amateurisme de ses hommes et de la fragilité de son système. Ce n’est pas sur l’improvisation qu’il pourra faire fonctionner le
pays, moins encore sur une gestion solitaire de son pouvoir. Il doit réformer l’architecture du gouvernement de telle sorte que les institutions puissent prendre leur envol. Il doit déverrouiller le système financier d’une part et d’autre part initier des réformes en direction de certains secteurs clé comme la santé, l’éducation, l’emploi. L’accès aux services de base nécessite une redéfinition des priorités budgétaires. Sur ce plan, des réaménagements s’imposent pour combler les déficits dont souffrent certains secteurs vitaux. Ould Abdel Aziz manque cruellement d’expérience en matière de conduite des affaires. Il doit ainsi se mettre à l’écoute de ses meilleurs conseillers pour éviter de créer un vide au sein de l’appareil exécutif. Le temps où un président, au-dessus de la volonté de son peuple disposait de tous les pouvoirs pour se maintenir est dépassé. Et la démocratie tatillonne ne saurait plus résister face aux aspirations des populations.
Cheikh Tidiane Dia-LE RÉNOVATEUR