Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Tragédie libyenne : ce que Kadhafi répond aux manifestants

altAprès une semaine de mobilisation populaire dans les rues de Libye, et notamment à l’est du pays où les contestataires contrôleraient quelques villes, le colonel Kadhafi répond.Voici les grandes lignes de son discours parfois décousu.Se posant en “chef de la révolution” et non en président d’un Etat, il fait valoir qu’il n’a pas un poste officiel pour en démissionner…”Si j’avais été président, j’aurais démissionné!”Son titre officiel est celui de “Guide de la révolution”. ” Kadhafi n’est pas président, il est le leader de la révolution libyenne. Je suis bien plus haut que tout poste présidentiel. Je suis un révolutionnaire, un combattant, issu d’une tribu, d’une tente. La corde patriotique est mise à contribution: “Les Libyens n’avaient pas d’identité avant. Aujourd’hui, on dit oui, la Libye de la révolution, la Libye de Kadhafi. Tous les pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine nous regardent, toutes les grandes puissances nous regardent.” Et ce, grâce à son oeuvre et à sa révolution de 1977… “C’est mon pays, celui de mes parents et des ancêtres”, lance-t-il. Et il a affirmé qu’il se “battrai jusqu’à la dernière goutte de (son) sang” pour continuer de le “guider”.

Il évoque une mort en “martyr” sur le sol libyen, bien loin des rumeurs qui le voulaient déjà parti… pour le Venezuela. “Nous n’avons pas encore utilisé la force. Mais si nous devons le faire, nous le ferons en vertu de la constitution libyenne et du droit international”, aboie Mouammar. Il menace les “rebelles” d’une riposte “similaire à Tiananmen (en Chine) et Fallouja (en Irak)”. Quelques éléments en contrepoint: l’ONG Human Rights Watch estime que la répression sanglante aurait déjà fait plus de 230 morts, et le bilan devrait s’alourdir. L’ONU craint que des crimes contre l’humanité n’aient déjà été commis. Il menace aussi les manifestants armés de la peine de mort: “Porter l’arme contre la Libye est passible de la peine de mort”… Dégainant son Livre vert, recueil de ses pensées considéré comme l’équivalent d’un texte constitutionnel en Libye, il égraine des articles du code pénal afin de définir dans quels cas cette peine pourrait s’appliquer: “pillage, destruction, tentative de renversement du pouvoir par la force, incitation à la guerre civile”… Pour lui, la contestation est synonyme de “manifestations de miséreux”. Il parle de distribution de drogues et d’armes pour motiver les jeunes à protester dans les rues. “Et nous allons nous entretuer de ce fait.” Selon lui, les manifestants, les “gamins de Benghazi” sont donc “instrumentalisés et payés”. Derrière eux, qui? Plusieurs options dans le même discours. “Il y a des barbus derrière ces jeunes. Demain ils demanderont pardon et nous ne leur accorderons pas cette fois-ci.” Autre possibilité, selon Kadhafi: “des services étrangers. Honte sur eux et sur leurs tribus!” La thèse du complot étranger est régulièrement brandie par Kadhafi. Cette fois, “les Américains et les Britanniques se sont alliés contre la Libye”, affirme-t-il. “Tout le monde doit prendre le contrôle de la rue, le peuple libyen doit prendre le contrôle de la Libye, nous allons leur montrer ce qu’est une révolution populaire”, a-t-il ajouté, en lisant un texte dans un discours parfois ponctué de silences et de bégaiements.
Tous les jeunes doivent créer demain les comités de défense de la révolution
“Tous les jeunes, pas les jeunes drogués de Benghazi, mais tous les jeunes doivent créer demain les comités de défense de la révolution: ils protègeront les routes, les ponts, les aéroports”, a-t-il dit. Il les invite donc à former des comités populaires. En 1977, il avait proclamé la “Jamahiriya” qu’il définit comme un “Etat des masses” qui gouvernent par le biais de comités populaires élus. Il incite les habitants de Benghazi à se soulever eux-mêmes contre les “bandes de manifestants qui pourraient s’en prendre aux ressources pétrolières. Levez-vous, sortez de chez vous! Vous voulez un nouvel Afghanistan en Afrique du Nord? (…) Sinon, cela finira en guerre civile. (…) Ce sont les Libyens qui déterminent leur sort et doivent assurer le contrôle de la rue.”

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