Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Dr Mohamed Yahya Ould Ciré: Les Haratine sont des Négro-africains

altJe me définis comme Hartani, de père et de mère haratine. J’en tire une fierté. Je revendique, donc entièrement cette haratinité. Cf « Le Cri du Hartani » n° 7et 8 ou le site. Puisque les haratine sont noirs, je suis négro-africain et à ce titre je revendique ma négritude. « Arabe-noir » n’a aucun sens parce qu’il n’y a pas d’arabe noir. Sociologiquement, il n’y a pas d’arabe noir, il y a des arabes qui ont réduit des noirs à l’esclavage et, à ce titre, ils les ont acculturés. Ce sont donc des Noirs esclaves dans une communauté arabe donnée. Les Haratine sont un exemple dans la communauté arabo-berbère de Mauritanie. Je préfère le mot soudane au mot maure noir parce que soudane renvoie à une réalité historique et sociologique. Les premiers arabes qui sont entrés en contact avec les Africains les ont appelé soudane parce qu’ils sont noirs. C’est pourquoi le Soudan actuel a été appelé Soudan. Or, c’est à partir du Soudan que les Arabes ont créé l’une des premières routes de la traite négrière transsaharienne. L’Egypte a joué un rôle important dans cette déportation des esclaves.

L’ancien Soudan français, Mali actuel, a été un foyer de la traite transsaharienne. Le Maroc a joué aussi, dans ce domaine, un rôle considérable. Le mot Soudane venant des arabes convient mieux aux esclaves arabes puisqu’il rappelle un contact et une réduction à l’esclavage. J’écarte le mot soudane, dans ce contexte, parce qu’il ne permet pas de faire la différence entre les noirs réduits à l’esclavage maure et les autres. Un Hartani qualifié d’arabe n’a aucun sens puisqu’aucune tribu arabe, aucun pouvoir, aucun Etat arabe n’a réduit des arabes à l’esclavage, au moins depuis la naissance de l’Islam.

L’élément culturel, en soi, ne suffit pas à determiner l’arabité des haratine.( Cf Cri du hartani n°4). Puisque les Haratine sont, en Mauritanie, avec d’autres noirs, pour les différencier, tous ceux parmi eux qui ne sont pas victimes de l’esclavage arabo-berbère, nous les désignerons sous le vocable de négro-africains. Quant au mot Haratine, il est spécifique aux victimes de l’esclavage maure ayant leur identité propre à cause de leur histoire particulière et leur situation actuelle. Les autres négro-africains ne sont pas victimes de cette forme d’esclavage, mais plutôt d’un racisme des populations maures et d’Etat.

Le fait que les Haratine ne revendiquent pas leur origine entraîne un complexe d’infériorité, toujours exploitable en leur détriment. Tous les mouvements noirs, anti-esclavagistes, qui ont lutté pour leur libération, qu’il s’agisse des Noirs américains, des Colombiens, ont revendiqué leur origine noire car celle-ci est partie intégrante de leur personnalité. Le fait de vouloir faire des Haratine des arabes est un prolongement de l’esclavage. Il s’agit d’une nouvelle idéologie pour les maintenir sous le joug des Maures.

 

Il y a, en Mauritanie, un racisme d’Etat qui touche tous les Noirs, en général. Pour les négro-africains, il se matérialise par une discrimination raciale institutionnalisée qui touche notamment le partagre du pouvoir, l’occupation des terres et la reconnaissance de leur identité culturelle.
De 1989 à 1992, il y a eu une épuration ethnique des déportations, des charniers du fait de l’Etat et des nationalistes arabes. La solution consiste à un partage équitable du pouvoir politique, lequel doit déboucher sur un partage économique, social et culturel où tous les citoyens retrouveront leurs droits. D’une manière générale, le problème est celui de la refondation des bases de l’Etat où l’égalité des citoyens ne serait plus un vain mot. Mais cela ne se fera que lorsque le nouveau contrat sera la résultante de revendications de toutes les communautés. Pour arriver à ce nouveau contrat, beaucoup de questions préalables devraient être résolues, dont notamment la question de la composition démographique de la Mauritanie. Les Maures ne peuvent pas continuer à compter les haratine parmi eux.

 

L’avenir de la Mauritanie dépend de la responsabilté de tous les citoyens pour le règlement des questions essentielles. Personne ne peut prévoir l’avenir mais toute question non résolue peut conduire à des catastrophes. La lutte sera longue compte tenu des rapports de forces et de l’inculture. « On peut, parfois, perdre espoir mais on n’a pas le droit de le faire perdre ».

 

Dr Mohamed Yahya Ould Ciré: Ancien diplomate, membre-fondateur d´EL HORR, Président de l´Association des Haratine Mauritaniens en Europe(AHME)

Source: FLAMNET

www.flamnet.info

 

Partagez