Editorial: TVM, le totalitarisme en matières d’information
On nous a bien promis l’ouverture des médias publics .On croyait que ces hauts – parleurs fossilisés du pouvoir étaient condamnés à devenir des véritables services publics, et rapidement. Mais non, nous nous rendons bien compte aujourd’hui que le totalitarisme en matières d’information les habite ou habite leur maitre, qu’il s’agit pour eux d’une seconde nature et qu’ils ne sauront jamais se soigner, ou plus précisément aucun pouvoir ne leur donnera la latitude de soigner. Le courrier du Président de la République est toujours à la une, puis ses audiences, puis les audiences du PM et des ministres, puis les discours officiels qui commencent toujours par « sur instruction du Chef de l’Etat ». Celui-ci est le seul personnage de la République qui compte pour les medias d’Etat, les autres, tous les autres n’ont ni de l’initiative ni des idées propres à eux.
Le dernier scandale de la TVM est ces images horribles des terroristes morts « éclatés ». Des images insoutenables. Comment la TVM peut-elle envoyer aux téléspectateurs pendant des heures de grande écoute ces images horribles ? C’est vrai que la déontologie n’a jamais été le fort de cet organe ni des autres. Mais là, on avait franchi toutes les limites de la décence et de l’humain. Les sites électroniques, le domaine où tout est possible, n’ont pas osé sortir de telles images !
A la Radio, nous avons tellement de « remplissage », tellement de « direct » et de « téléphone » qu’on peut parfois être étonnés d’entendre des propos d’apologie pour l’islamisme le plus arriéré. Le direct, c’est le chouchou des medias publics car ça les libère de l’effort nécessaire pour créer. Les journalistes de TVM et de Radio-Mauritanie qui ne savent plus construire par eux même de vraies émissions.
Il faut dire que la presse « officielle » est prise maintenant en mains par les éléments les moins libéraux du régime et qu’en plus le niveau des journalistes y est passé largement ces dernières années sous le niveau zéro.
Le seul moment positif reste dans ces organes la transmission des débats du Parlement. Là au moins, nous entendons des voix discordantes. Mais les députés ne sont pas des journalistes de la Radio ou de la TVM. Et même si l’on est habitué à la médiocrité de cette presse, l’utilisation qu’en fait le pouvoir actuelle est en train de devenir obscène.
L’être humain quelque soit sa position et ses idées a toujours droit au respect. C’est ce qui le différencie de l’animal. On n’a pas le droit de mélanger entre l’exploitation médiatique des images et la barbarie. Sinon, l’Etat, qui est l’expression de la volonté de nous tous, risque de tomber dans les mêmes travers que ceux qu’il combat.
BILADI