Abdoulaye Wade se déclare “dessaisi” du procès de Hissène Habré
AFP : Hissène Habré, âgé de 68 ans, avait été renversé en 1990 par l’actuel président tchadien, Idriss Deby Itno et s’était alors réfugié au Sénégal. Il est accusé de milliers d’assassinats politiques et de torture systématique entre 1982 et 1990.
Le président sénégalais Abdoulaye Wade s’estime mardi “dessaisi” du procès de Hissène Habré et refuse, dans un entretien au quotidien français La Croix, que l’ex-dictateur tchadien soit jugé par une juridiction spéciale au Sénégal comme le proposait l’Union africaine (UA).
“La cour de justice de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, ndrl) a déclaré que le Sénégal, en l’état actuel, n’avait pas le droit de juger Hissène Habré”, déclare le chef de l’Etat sénégalais.
“Maintenant, le président de la commission de l’Union africaine dit qu’il faut créer une juridiction spéciale pour le juger au Sénégal (…) J’ai dit stop. Je suis dessaisi”, poursuit-il, estimant que “c’est à l’Union africaine de prendre ses responsabilités”.
“L’UA veut créer une nouvelle juridiction pour le juger au Sénégal”, se justifie-t-il. “J’ai dit non, car sinon ses avocats vont me reprocher d’avoir créé un tribunal ex-nihilo. Il faut que l’Afrique assume ses responsabilités. J’espère que Hissène Habré sera jugé par l’Afrique elle-même et non par la Belgique ou un autre pays”.
“Je ne le remettrai pas non plus à la Belgique”, a-t-il insisté.En 2006, l’UA avait demandé au Sénégal – où Hissène Habré vit en exil – de le juger “au nom de l’Afrique” pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et torture, ce que le président sénégalais avait accepté. Cependant, aucune information judiciaire n’a encore été ouverte.
L’UA avait présenté mi-janvier un projet prévoyant la création d’une chambre africaine extraordinaire au sein des tribunaux sénégalais, habilitée à poursuivre les suspects de génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre et de torture commis au Tchad entre juin 1982 et décembre 1990.
En décembre, le président Wade avait cependant déclaré “en avoir assez” de de l’affaire Habré et affirmé qu’il la “renvoyait” à l’UA, ce qui avait provoqué déception et inquiétude chez les ONG représentant les victimes.
En janvier, M. Wade avait évoqué la possibilité de renvoyer Habré au Tchad, où l’ex-dictateur a été condamné à mort par contumace en 2008.
Hissène Habré, âgé de 68 ans, avait été renversé en 1990 par l’actuel président tchadien, Idriss Deby Itno et s’était alors réfugié au Sénégal. Il est accusé de milliers d’assassinats politiques et de torture systématique entre 1982 et 1990.
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