La COD qualifie les médias publics de « caisses de résonance pour la propagande du régime »
A Monsieur le Président de la Hapa
Objet : Couverture par les médias publics des activités des partis de l’opposition démocratique
Monsieur le Président,
Il est désormais établi que, depuis le coup d’Etat du 6 août 2008, les médias publics ont été consacrés au service exclusif du pouvoir autoproclamé et des forces politiques qui l’ont soutenu.
Ainsi, non seulement la Radio nationale, la Télévision, l’Agence Mauritanienne d’information et les journaux qu’elle édite sont redevenus de simples caisses de résonance pour la propagande du régime et les louanges de son chef, mais ils ne couvrent que tendancieusement et du point de vue du même pouvoir, les activités des personnalités et des partis de l’Opposition démocratique, s’ils ne les censurent pas purement et simplement.
Les exemples sur la couverture tendancieuse ou le boycott de nos activités sont légions et vont de la censure pure et simple, à la déformation délibéré des propos, passant par le truquage des images et le refus d’accorder le droit de réponse pourtant consacré par toutes les lois et tous les codes déontologiques de la presse.
Cette situation qui a prévalu tout au long de la crise du coup d’Etat et de la « transition » qui l’a suivie a empiré après les élections de juillet 2009, au point que nos médias publics, aujourd’hui, fonctionnent comme de véritables organes de presse du Parti UPR et agissent sous la dictée de sa direction : large couverture des activités de ce parti, diffusion in extenso des discours de ses dirigeants, amplification de son message et promotion, sans vergogne, de ses personnalités, au cours d’émissions où des journalistes obséquieux rivalisent d’ardeur pour afficher leur inféodation au pouvoir et censurent le discours de l’opposition, par des appels téléphoniques fictifs toujours favorables au pouvoir, des e-mails aseptisés, des articles de propagande et autres techniques d’instrumentalisation des médias par les régimes totalitaristes.
Face à cette situation et eu égard au préjudice que nous en subissons et à travers nous le peuple mauritanien tout entier, nous prions votre honorable collège, au nom de la noble mission de régulation qui est la vôtre, de bien vouloir prendre les mesures qui s’imposent pour, d’une part sanctionner ces manquements flagrants des médias publics à leur devoir d’impartialité et d’équité entre les partis politiques et d’autre part, ouvrir la radio nationale, la télévision et les colonnes des journaux Chaab et Horizons aux partis de l’opposition démocratique, conformément aux dispositions de l’ordonnance n° 017/2006 sur la Liberté de la presse, de la loi 026-2008 du 6 mai 2008 abrogeant et remplaçant l’ordonnance 2006-034 du 20 octobre 2006 instituant la Hapa et de la décision n°05/2008/hapa relative à l’accès égal aux médias publics e période non électorale.
Nous interpellons, ici, la conscience du Président que vous êtes et de chacun des membres de la Hapa pour que l’opposition démocratique puisse bénéficier, en toute égalité avec les partis du pouvoir, des prestations médiatiques de ces organes financés au frais du contribuable mauritanien.
En cas de non satisfaction de cette revendication légitime, l’ensemble des partis de la COD se réservent le droit de prendre les mesures qu’ils jugeront appropriées pour mettre fin à cette situation inacceptable.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes meilleurs sentiments.
Le Président en exercice de la COD
Nouakchott, le 02 février 2011
Me Mahfoudh Ould Bettah
Ampliations :
– Ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement