L’égyptologue Aboubacry Moussa Lam:”beaucoup de jeunes ignorent les travaux de Cheikh Anta Diop”
L’égyptologue sénégalais Aboubacry Moussa Lam a déploré le fait que les travaux de l’historien Cheikh Anta Diop ne sont pas connus des jeunes, relevant qu’ils ne sont pas accessibles dans les centres de documentation.‘’C’est un vrai problème, parce qu’aujourd’hui beaucoup de jeunes ignorent les travaux de Cheikh Anta Diop. Quand certains les découvrent à l’occasion des cours, ils sont illuminés’’, a-t-il déclaré dans un entretien accordé à l’APS, en perspective de la célébration du 25éme anniversaire de la disparition du savant sénégalais. Décédé le 7 février 1986, Cheikh Anta Diop repose à Thieytou, son village natal situé dans la région de Diourbel (centre du Sénégal).D’après l’historien, ‘’les travaux de Cheikh Anta sont écrits en français et certains en anglais’’.
Mais quand bien même ses ouvrages en français sont disponibles à la Bibliothèque centrale de l’Université de Dakar, il n’est pas sûr qu’ils y existent en quantité suffisante pour une université qui compterait 70 000 étudiants.‘’Si vous avez pour chaque livre cinq exemplaires, c’est insuffisant’’, a affirmé M. Lam, disciple du savant sénégalais et enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.A son avis, les livres de Cheikh Anta Diop doivent également être disponibles dans les lycées et collèges du Sénégal, afin d’aider à mieux faire connaître sa pensée aux jeunes.
Mais malheureusement, les travaux de Cheikh Anta ne sont pas disséminés’’, a regretté l’historien, estimant qu’il faut aussi que ses travaux soient traduits dans les langues nationales pour les jeunes qui n’ont pas la chance d’aller à l’école.Aboubackry Moussa Lam considère que ‘’l’appropriation des idées de Cheikh Anta Diop n’a pas eu lieu pour la bonne et simple raison que la diffusion de ses travaux reste encore à faire’’.‘’Comment voulez que quelqu’un qui n’est pas venu à l’Université, connaisse les idées de Cheikh Anta Diop par Aboubacry Moussa Lam ?’’, s’est-il interrogé.
Pour l’historien, la meilleure solution pour assurer la vulgarisation des travaux de l’égyptologue, c’est de rendre ses œuvres disponibles dans les collèges.’’J’ai des étudiants ici. Mais l’idéal, c’est que les ouvrages de Cheikh Anta soient dans les collèges. Si on prenait la décision aujourd’hui de doter tous nos collèges de bibliothèques, et de mettre les ouvrages de Cheikh Anta dans chaque bibliothèques de collège, (…) les jeunes entre la 6éme et la 3éme seraient en contact avec ses travaux’’, a-t-il affirmé.‘’Même au lycée, ils ne sont pas en contact avec ses travaux. Même ceux qui arrivent à l’Université, s’ils n’ont pas la chance de venir au département d’histoire, ils passent complètement à côté des travaux de Cheikh Anta. Tout le problème est là’’, a-t-il fait remarquer.
De l’avis de l’historien, l’appropriation des idées du chercheur passe avant tout par la connaissance de ses œuvres.‘’Nous pouvons organiser des conférences et écrire, mais ça ne suffit pas. Pour s’approprier les idées de quelqu’un, il faut lire ses travaux. Or, c’est l’accessibilité de ses travaux qui pose problème. Ses travaux sont confinés dans des zones inaccessibles pour la grande majorité des jeunes du Sénégal’’, a fustigé l’égyptologue.
APS