Notes de lecture : De la plume d’un ingénieur mauritanien au Pnud : « L’obsession du Retour », un ouvrage d’Amadou Demba Ba dit Nyérih aux éditions 15/ 21
L’ingénieur fait couler l’encre de sa mémoire !Telle est cette belle aventure à laquellen s’est délectée avec brio Ba Amadou Demba Ba dit Nyérih en publiant un ouvrage au titre révélateur et hallucinant dans sa narration des faits majeurs évoqués par la trame du texte :« L’obsession du Retour ».A la première lecture de ce livre, rehaussé par la préface dense de Ba Adoulaye Mamadou, cousin de l’auteur, se pose déjà la question pour tout critique littéraire de lui trouver une étiquette dans l’un des genres narratifs, car faudrait-il au moins qu’un écrit trouve sa place dans le vaste champ de la sémantique littéraire.Et c’est sans trop d’encombres qu’on pourrait ranger l’obsession du retour dans le rayon littéraire de l’autobiographie qui glisse vers le journal intime. Aux confluents des genres, voici un roman d’aventures qui mélange avec simplicité toutes les ressources de l’écriture provenant d’une conscience déchirée par l’exil intérieur aggravé par la séparation brutale et inattendue avec les siens durant les tragiques événements de 1989 survenus dans le pays ; le voyage au bout des années d’une enfance heureuse rendu malheureuse par les tragédies humaines et politiques ; l’incertitude de retrouver un pays paisible et réconcilié avec lui-même après tant d’années de cassures , de déchiquètements identitaires, d’angoisses de revivre d’autres mauvaises aventures dans une Mauritanie qui déporta ses enfants , boucla ses frontières, dénégrifia ses cultures , nia des identités historiques . L’œuvre nous plonge dès son incipit dans des souvenirs d’un jeune bachelier qui venait d’être orienté au Maroc pour y suivre des études en agronomie. Une expérience qui nouera les files d’un destin que le fils d’un éleveur peulh issu d’une famille modeste va entamer. Entre cette parenthèse universitaire au royaume chérifien et les multiples faits qui surgiront, l’auteur nous replonge dans l’univers de son enfance épanouie marquée par une foule de souvenirs mais que de temps en temps viennent contrarier d’autres évocations troubles qui noirciront sans cesse l’univers d’Eden qui coulait de la mémoire qui traque les moindres détails d’un passé encore vivant dans les pensées. Ba Amadou eût –il lu Marcel Proust pour être aussi subtile dans la redécouverte par la mémoire d’une enfance perdue, retrouvée grâce à la magie des mots. A chaque détour de phrase ; le fils d’Aleg perce le mystère et tente de recoudre par les files de la narration cette mosaïque de peuplement qui jadis constituait un seul et même ensemble qui s’appelle la Mauritanie. Un exercice bien pénible pour un homme écartelé entre plusieurs époques et pris en procession par des vagues et lointains mirages d’un héritage difficile à assumer tant la blessure est douloureuse. C’est « L’obsession du Retour » qui hantera les pensées de l’ingénieur qui réussit avec succès à ses études mais que ne tentera ni l’exil, ni quelque autre aventure que le désir de rentrer dans son pays et le servir dignement, en dépit des continences et préjugés politiques et sociaux. Dans ce livre c’est un immense univers de rêves, de regrets, mais que la force de résistance à l’humiliation et à la déchéance au fonds de l’abime de l’exclusion a pu surmonter grâce à la plume d’un ingénieur qui a signé son entrée fulgurante dans le cercle de l’écriture littéraire. Un livre à lire absolument et qui doit faire réfléchir notre élite politique !
Cheikh Tidiane Dia- Le Rénovateur.
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