Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

flamnet-rétro: Hommage à nos Martyrs, Tene Youssouf Gueye

Aprés des années de dictature, de terreur, de mensonges et de divisions entre nous,voici le moment venu, d’ édifier ensemble une Mauritanie nouvelle, dans l’unité, le respect de tous et la justice.Fondée sur les héritages trés divers et trés riches que nous ont laissé nos péres, et que nous allons ici partager, dans le respect et l’amitié. Ce faisant nous allons nous réapproprier notre histoire qui nous a été volée. Chacun peut et doit apporter sa pierre: temoignage, document, passage d’un livre,etc….Voici d’abord, sur l’un des trés grands hommes de notre nation, un hommage au poéte et historien Téne Youssouf Guéye. Le témoignage trés touchant d’un jeune militant, proche de sa famille.

 

Téne Youssouf Guéye historien et poète décédé dans le “mouroir” prison de Walata, des suites de mauvais traitement et de torture dans le cadre de l’épuration éthnique ordonnée par le président ould Taya

Je n’ai pas la prétention de parler de l’homme car je suis jeune et je ne l’ai pas “connu” . J‘ai par contre été de la même promotion que l’un de ses fils et j’ai beaucoup côtoyé ses enfants. Je l’ai vu à plusieurs reprises et je crois avoir retenu de lui, principalement deux souvenirs, encore flous dans mon esprit. Le premier c’est lorsqu’un jour je suis parti rendre visite à l’un de ses fils( je devais avoir14 ans et ils habitaient à cette époque à l’ ILOT K derrière l’hôpital national);c’était le crépuscule.

Il était assis au salon et sur ses genoux un de ses enfants en bas âge(ou un de ses petits enfants, je ne me souviens pas très bien). D’une main, il essayait paternellement, de contenir les ardeurs de l’enfant turbulent, de l’autre, il entamait un morceau de gâteau qu’il devait partager entre sa progéniture dispersée aux quatre coins de la maison; il me rappelait mon père, votre père, nos pères; ces pères de famille austères qui étaient doux comme des agneaux, une fois entouré de leurs enfants. J‘ai été frappé par la tendresse qui se dégageait de son petit corps(il n’était pas très grand).

Le second souvenir remonte au jour de son procès en septembre 86(je n’avais pas vingt ans et je revenais d’un voyage du Sénégal ). A son nom, il s’avançât, fatigué certes mais humble dans son attitude. Machinalement, mais tout aussi poétiquement, il répondait aux seules questions qui leur ont étés posés lors du procès(êtes-vous raciste? faites-vous partie des FLAM? avez vous écrit le manifeste du nègro-mauritanien opprimé? ).Ici, c’est par la dignité de l’homme que j’ai été frappé.

Aujourd’hui encore, quand je rends visite à la famille à la SOCOGIM PS, que je dépasse Mariata(sa première épouse)en train de teindre des habits au “goobu kayhaydi”, que je dépasse ses belles filles assises dans la cour sur leurs “taara” avec tout autour les cris joyeux de ses petits-enfants, que j’entre au salon parler un moment avec Tène Daouda ou Alassane, que je passe dans la chambre de Birome et de Djiby pour écouter un morceau de Funk et qu’enfin en repartant je “taquine” Haby, je me demande pourquoi avoir privé tène youssouf de ce bonheur qu’il a passé tant d’années à bâtir.

Le soir à la maison ,avant de me coucher, je relis encore son “Rella où les voies de l’honneur” qui me donne à chaque fois envie de me marier à l’ancienne. “A l’orée du Sahel” me fait redécouvrir un Gorgol et un Guidimakha que je ne connaissais pas.Ses “Sahéliennes” me percent toujours le flanc(comme si je dansais avec une négresse envoûtante). Cet “exilé de Goumel” est parti, mort de Béribéri(j’ai toujours pensé que c’était une maladie d’oiseaux, pas d’Homme, et de Quel homme).

Parti parce que sa plume avait quelque chose de révoltant, quelque chose de conscientisant, quelque chose de réveillant. J’ai toujours trouvé dommage que les mauritaniens ne le lisent pas assez; ils peuvent pourtant trouver dans son œuvre des réponses à leurs questions. Le lire est le plus grand hommage que l’on puisses lui rendre.

Il aurait eu 82 ans aujourdh’ui et il aurait pu, paisiblement prendre le chemin du paradis avec Oumar Bâ.

 

N’gaidé Mourtada dit Soulé.

cordialement.

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