Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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Devoir de mémoire: DE WALATA, CAMP DE LA MORT, par feu Habib Ould Mahfoudh

altCivils d´octobre 1986 et militaires d´octobre 1987 arrivent ensemble dans le fort maudit. Ils sont enchainés. La ration d´eau quotidienne ” : 2 boites de Gloria”. La nourriture : riz bouilli et sable. Les travaux forcés de 8 heures du matin jusqu´à 20 heures à peu prés. Vexation sur vexation. On les avertit à l´arrivée ” : On veut vous tuer à petit feu. Quelqu´un déconne, on le fusille et on dit à Nouakchott qu´il est mort de dysenterie.”

On leur a tout pris à leur arrivée : montres, bagues, argent, radios.» On ne nous a rien donné pour vous. Contentez-vous de ce que vous avez. Pas de syndicalisme. Vous travaillez, un point c´est tout”. La faim. La soif. Maladies.Les hommes deviennent des zombies.

Le 22 mars 1988, 22 détenus âgés ont essayé d´enlever leurs chaînes aux pieds afin de pouvoir ôter leurs pantalons pour prier correctement. Ils ont été torturés. Plus simulacre d´exécution derrière le fort. Aprés cet incident, les conditions de détention se détériorent, en admettant que ce fût possible. On bouche les vasistas qui éclairaient les cellules. On fait courir le bruit ensuite que les détenus de Walata ont essayé de prendre la fuite. Parce que les autorités savaient que tous étaient sur le point de mourir. Effectivement, Le 26 août 87 meurt l´adjudant de gendarmerie BÂ Alassane Omar ; le 2 septembre, c´est l´écrivain Téne Youssouf Guéye qui succombe ; le 13, le lieutenant Ba Abdoul Qudus, le 28, l´ancien ministre Djigo Tafsirou. 32 prisonniers ne pouvaient plus marcher. D´autres se nourrissaient de feuilles d´arbres, d´insectes. Les vêtements se déplaçaient tout seul à cause de la multitude de poux qui les infestaient. L´abjection ne connait pas de bornes.

La communauté internationale s´émeut. Les civils partent pour le fort d´Aïoun le 30 octobre 1988. Les militaires les rejoindront le 31 janvier 1989. C´est nettement mieux.”C´était la fête, par rapport à Walata”. Les détenus vivent dans des cellules spacieuses. Ils font même du sport. Foot et basket. Les familles sont autorisées de visite en mars. Les événements mauritano-sénégalais durcissent la détention. Sans jamais égaler Walata. Le 12 décembre 1989, remise de peine d´une année. Les civils condamnés á 4 ans sont libérés. Les autres le seront le 14 septembre 1990.Les militaires bénéficieront de l´amnistie du 3 mars 1991.

Habib Ould Mahfoudh

Mauritanie Demain, numéro 23 (AOUT 1991)

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Mauritanie : vivre et mourir en esclave par Faten Hayed(reportage)

 

altViol, torture, travail forcé… En Mauritanie, dernier pays au monde à avoir aboli l’esclavage en 1981, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants vivent toujours cloîtrés et maltraités par leurs «maîtres», dans l’indifférence d’une société qui refuse de se regarder en face. El Watan Week-end a rencontré des militants et des esclaves affranchis qui se battent pour la dignité.

«Je ne me souviens pas de mes parents. Depuis que je suis toute petite, je n’ai connu que mes maîtres.» Mbarka, jeune esclave noire, a été libérée par le militant des droits de l’homme et anti-esclavagistes mauritanien, Birame Ould Dah Ould Abeid. «J’étais la propriété exclusive de mon maître, poursuit-elle. Je dormais sur une natte, j’étais chargée des travaux domestiques, de la cuisine, des animaux et d’autres travaux. Un jour, mon propriétaire m’a violée. Je crois que je n’avais pas encore mes règles, je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait. Quelques semaines plus tard, c’est son fils, âgé de 20 ans, qui m’a persécutée et violée. Je ne sais pas pourquoi ils m’ont fait ça, alors que j’étais très obéissante», raconte Mbarka. On a du mal à deviner son âge, puisqu’elle ne possède aucun papier de l’Etat civil, ni parents, ni lignée, ni carte nationale. Mbarka a les traits d’une poupée qu’on ne voudrait toucher, le regard pénétrant qui  raconte une intense douleur. «Quand ma maîtresse finissait de manger, elle crachait dans la marmite, ou dans ma gamelle avant que je ne mange moi-même, c’était mon quotidien et je l’acceptais.» L’esclavage en Mauritanie, pourtant aboli en 1981 et puni par la loi depuis 2007, est une réalité ancrée dans les traditions et les mœurs. A la fin du mois de novembre, le Conseil des ministres s’est réuni pour adopter un projet de loi prévoyant que les crimes d’esclavage et de torture soient classés crimes contre l’humanité. Le texte prévoit, à l’égard des auteurs de  crimes de torture et d’esclavage, des sanctions pénales : peines de prison, amendes et autres peines complémentaires comme la privation des droits civiques.

Propriété
«Il est impossible aujourd’hui d’avoir des chiffres ou des statistiques sur l’esclavage en Mauritanie, car l’Etat refuse de faire des enquêtes, alors que l’Union européenne a financé une étude qui n’a jamais été réalisée ! Quand on a essayé de faire des enquêtes à l’intérieur du pays, on a rencontré beaucoup de difficultés, dénonce Boubacar Messaoud, président de SOS Esclaves. L’esclavage en Mauritanie existe depuis des siècles. L’esclave appartient à son maître, il peut le frapper, le violer ou même l’assassiner. En Mauritanie et dans le monde musulman, l’esclavage n’a jamais été contesté. Il n’a pas été construit en tant que rapport humain. L’islam a été instrumentalisé pour justifier la domination et le rendre acceptable. L’esclave aujourd’hui se considère propriété de son maître et il peut même s’en vanter. Pour un esclave, c’est le maître qui est son modèle, et non son père, puisque la plupart ne connaissent pas leur père. C’est son unique identité.»
altA 67 ans, Boubacar Messaoud combat l’esclavage en Mauritanie, mais aussi en Afrique. Conscient que c’est un problème profond dans la société africaine, le militant explique que l’esclavage n’est pas propre aux «Blancs», puisque on trouve également ses racines «dans les ethnies africaines. Cependant, tant que l’esclave ne conteste pas, les maîtres nieront formellement son existence.»
Cicatrices
Il faut prendre un taxi pour se rendre chez Birame, le militant des droits de l’homme. La maison de Birame se situe dans l’extension de la capitale mauritanienne, là où le sable s’engouffre dans les maisons. Le taxi pénètre difficilement le quartier étroit et mal éclairé. Il faut compter sur la générosité des habitants pour nous montrer le chemin.
Quand on se trouve au centre-ville, tout le monde, ou presque, jure que Birame possède une grande maison avec des voitures, l’accusant de détourner «l’argent des étrangers».
Finalement, la maison n’est pas grande, elle est toujours en travaux. Deux ou trois lampes illuminent difficilement la pièce. On nous invite à nous asseoir à même le sol, sur une natte en plastique. Des enfants et des femmes s’approchent de nous. Ce sont tous des esclaves libérés. «J’avais une vie pénible. Je ne me sentais pas vivre, parce que je voyais tous les enfants aller à l’école pendant que je faisais le ménage. Je crois que ce sont les coups qui m’ont le plus marqué», confie Mokhtar. Comme Mbarka, libérée par l’association de Birame Ould Dah Ould Abeid, Mokhtar n’a aucun papier. Spontanément, il montre des cicatrices sur son torse, comme des griffures faites par un instrument métallique. Ce jeune adolescent, dont la sœur et le frère sont jusqu’à présent esclaves dans la demeure du maître de Mokhtar, a aujourd’hui intégré une école. «Mokhtar est un bon élève, ses bonnes notes font notre fierté», déclare Yacouba Diarra, membre du collectif de Birame.

Angoisse
Les militants abolitionnistes libèrent les esclaves en allant voir le maître en premier lieu, afin de proposer une médiation. Si ça ne fonctionne pas, ils engagent une action auprès de la police, en tentant de porter plainte. Souvent cette action échoue. Alors ils emploient les gros moyens. Birame, par exemple, a été emprisonné, et d’autres comme lui, en s’attaquant directement aux maîtres.
La plupart du temps ce sont de vraies opérations de «sauvetage»! Le cas de Said et Iyad est tout aussi révoltant. Les deux frères ont été secourus par Birame et ses militants. Said, 14 ans, est venu voir Birame pour l’aider à sauver son jeune frère. Après dix jours de détermination, ils y parviennent. Bilal, la trentaine, a fait l’objet d’un documentaire réalisé par Arte en 2008, Chasseurs d’esclaves, de Sophie Jeaneau et Anna Kwak. «J’ai échappé à mon maître, mais je n’avais en tête que sauver ma sœur», mtémoigne Bilal, les yeux dans le vague, parfois fuyants.

Livre maudit

Son histoire, il l’a racontée et la racontera longtemps. Bilal porte plainte et dénonce une famille maure, qui détient sa sœur. «L’image de ma sœur travaillant sans arrêt, puis violée m’insupportait, j’en été malade», ajoute-t-il. Les enfants et les femmes sont toujours les plus vulnérables. La sœur de Bilal, la quarantaine ou plus, maigre, enveloppée dans une mlahfa sombre, se lève et raconte toutes les exactions innommables qu’elle a endurées. Ses yeux traduisent une profonde angoisse qu’elle tente de cacher. «Les viols étaient mon quotidien. Je n’osais pas regarder mon violeur dans les yeux, alors je ne me souviens que des ombres. Je ne touche jamais ma peau, ni mon corps, de crainte de frôler mes blessures.»
Puis conclut dans un sourire, «Bilal m’a sauvée, je suis heureuse.» En avril 2012, l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) décide de brûler des livres auxquels ils reprochent «beaucoup de paragraphes sur ce que nous pouvons appeler la jurisprudence du faux, ce fiqh qui fonde l’esclavage et les pratiques similaires qui sont à l’antipode de la vraie religion». Moukhtassar Khalil, le livre de toutes les polémiques en Mauritanie. On le trouve aussi bien dans les librairies traditionnelles de Nouakchott, que dans d’autres pays africains. «Ce livre devient une référence pour les esclavagistes», dénonce Balla Touré, secrétaire aux relations extérieures de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie.

Castration
alt«On lit à la page 32 : “La femme esclave ne doit pas cacher son corps, contrairement à la femme libre, mais si son maître la possède et trouve un enfant avec elle, même sans mariage, elle doit se comporter comme les femmes de ‘‘bonne extraction’’ (se couvrir).» Le maître est alors autorisé à faire de son esclave «sa chose» et «à avoir avec elle des relations sexuelles, même quand elle est mariée, et ce, même devant son époux de même condition qu’elle !»
Par ailleurs, Balla Touré explique qu’à la page 118, il est écrit que le maître peut «à tout moment prononcer la nullité du mariage de son esclave (homme ou femme), s’il veut le ou la vendre, par exemple. Le maître peut castrer son esclave pour qu’il s’assure qu’il n’aura pas de rapports avec sa maîtresse.» Dans le milieu des Maures ou Beydanes se réclamant arabes, on ne veut pas parler d’esclavage. On nie même son existence. Pourtant, certains Maures tentent de renverser la tendance, comme ce journaliste de la télévision mauritanienne et militant à SOS Esclaves. «Les Beydanes se cachent derrière les imams et chouyoukh pour se justifier. Tant que les religieux ne s’insurgent pas contre cette pratique, la société mauritanienne ne réussira jamais son évolution.»
altKaaw Touré, porte-parole des Forces de libération des Africains de Mauritanie (FLAM) est plus intransigeant. Pour lui, la Mauritanie est «une bombe à retardement». Il suppose que le problème de coexistence entre les communautés négro-mauritaniennes et Beydanes repose sur une «politique volontairement et exclusivement panarabiste, privilégiant la communauté beydane à tous les points de vue au détriment de la communauté noire. A cause de cette désastreuse et chauvine politique, on constate qu’aujourd’hui les rapports entre ces populations restent marqués par la méfiance, la suspicion et le ressentiment au lieu de la solidarité et de la fraternité qui auraient dû fonder notre coexistence. Je ne vous apprends rien en vous disant que ces rapports ont été davantage altérés par les purges ethniques, les déportations et massacres des populations civiles et civiles noires des années 1986-1991.»

Faten Hayed  Elwatan-Algérie
du 14 decembre 2012.
 

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FLAMNET-RÉTRO: Oualata : chronologie funèbre par Boye Alassane Harouna- Écrivain et rescapé de Oualata.

altSeptembre 1986. L’arrestation, le jugement et l’emprisonnement des cadres et militants des FLAM marquent le début d’une répressionn systématique des Négro-africains. Octobre 1987. Arrestation d’officiers et sous-officiers négro-africains pour tentative de coup d’État.
18 novembre 1987. Ouverture de leur procès. Ils sont jugés, trois d’entre eux, les lieutenants Sarr Amadou, Bâ Seïdy et Sy Saïdou, exécutés le 6 décembre 1987. Radicalisation de la répression systématique du pouvoir raciste de Nouakchott. Elle connaîtra son apogée en 1989-1990, avec les massacres et les déportations des Négro-africains vers le Sénégal et le Mali.

8 décembre 1987, vers 23 heures 30. Les 33 cadres et militants des FLAM emprisonnés depuis 1986 à la prison de Nouakchott et les 35 militaires qui viennent d’être jugés et condamnés à de lourdes peines sont regroupés au Centre émetteur de Nouakchott. Ils sont transportés, menottés, au fort de Oualata où ils seront incarcérés.

9 décembre 1987, dans la nuit. Les 68 détenus politiques Négro-africains (auxquels on a «adjoint» une poignée de détenus de droit commun) débarquent dans le Fort mouroir de Oualata.

Après seulement 8 mois et 17 jours de détention, commence, consécutive à des conditions de détention inhumaines, la «série noire». En 33 jours, quatre de nos compagnons vont mourir. Soit un mort tous les huit jours.

26 août 1988, à 15 heures 5 : mort de Bâ Alassane Oumar ;
2 septembre 1988 : mort de Ten Youssouf Guéye ;
13 septembre 1988 : mort de Bâ Abdoul Khoudouss ;
28 septembre 1988 : mort de Djigo Tabssirou ;

Voilà 18 ans que sont morts nos compagnons d’infortune. Morts pour avoir dénoncé le racisme d’État ; morts pour avoir affirmé la volonté d’instaurer une Mauritanie égalitaire ; morts à cause des conditions de détention bestiales, d’un système carcéral raciste ; morts loin des leurs, de leurs parents, familles, amis et proches ; morts sans que ces êtres qui leur sont chers aient eu la possibilité de poser sur eux un dernier regard d’adieu, de leur rendre les derniers devoirs…

À ces morts, morts dans de telles conditions, morts pour de telles raisons, que leur doivent leurs anciens compagnons rescapés, encore vivants !? Au moins une chose : le devoir de mémoire ; maigre consolation – pourrait-on dire – pour les parents et proches des défunts qui s’en seraient volontiers passés ; devoir auquel nous ne pourrions nous dérober, mais dont l’accomplissement ne nous procure guère de réjouissance : car l’instant de souvenir réservé aux morts qui nous sont chers s’accompagne toujours d’un pincement au coeur. Pincement au coeur d’autant plus vif qu’abominables furent le plus souvent les conditions dans lesquelles ces êtres chers trouvèrent la mort.. Ils leur doivent, leurs compagnons rescapés, de perpétuer leur souvenir, de leur rendre hommage, de rappeler les causes et les conditions de leur mort. Et à bon escient, car le processus démocratique en cours, aussi loin qu’on veuille remonter dans le passé pour en cerner les facteurs déclencheurs, tire ses origines aussi, et sans doute surtout, de ces morts et de toutes celles qui, à l’échelle du pays, eurent lieu du fait de la répression raciste.

Août -septembre 1988, août-septembre 2006 : à l’occasion du 18ème anniversaire de la mort de nos quatre compagnons de détention, Bâ Alassane Oumar, Ten Youssouf Guéye, Bâ Abdoul Ghoudouss et Djigo Tabssirou, nous publions, en quatre parties, les extraits de J’ÉTAIS À OUALATA – Le racisme d’État en Mauritanie, relatifs aux circonstances de leur décès.

 

1ère partie : la mort de Bâ Alassane Oumar

«Ce sera le 26… » ou le début de la série noire 

   

alt«Le béribéri avait littéralement investi notre dortoir. Presque tous les détenus en présentaient les signes. Une quinzaine en était gravement victime. Incapables du moindre effort, ceux-ci étaient cloués sur place. Défigurés par le gonflement pour certains, par la maigreur pour d’autres, tous étaient presque méconnaissables. Sans assistance, ils étaient incapables de se mouvoir. Pour se déplacer, y compris pour aller aux W-C, il leur fallait s’appuyer sur l’épaule de l’un de leurs camarades.
Parfois, en raison de la faiblesse extrême des malades, il fallait s’y mettre à deux pour les assister. Le détenu avait beau être malade au point d’en être paralysé, son état, fût-il manifestement critique, il n’était jamais acquis d’avance qu’il fût transféré par les geôliers, comme nous le verrons avec la mort de Bâ Abdoul Ghoudouss.
 

Par rapport à notre régime carcéral, aucune lueur de changement n’était visible à l’horizon. L’alimentation demeurait la même au plan quantité et qualité. Le «Gnankata» de plus en plus exécrable était toujours là. Les soins n’existaient toujours pas. Malgré tout, les travaux étaient maintenus. Le béribéri et autres maladies qui rongeaient les détenus, les malades dont le nombre augmentait sans cesse, l’inexistence de médicaments, tout ceci semblait être la dernière des préoccupations de nos geôliers. Dans de telles conditions, à moins d’un miracle peu probable, il devenait de plus en plus clair que la mort n’allait plus tarder à frapper. Il fallait, pour ne pas percevoir une telle perspective morbide, être aveuglé par de folles espérances. En réalité, pour beaucoup d’entre nous, la question de savoir s’il y aurait des morts ne se posait plus.
Elle était dépassée. Il s’agissait présentement de savoir quand et combien de morts il y aurait au bout de l’épreuve ? Mais s’il est vrai que pour bon nombre d’entre nous, nos conditions de détention suggéraient de telles questions, nous étions loin de penser que huit mois et seize jours après notre arrivée dans le fort de Oualata, nous serions frappés, dans l’espace d’un mois seulement, par plusieurs deuils. Cela commença le 26 août 1988. Ce jour, à 16 heures5, Bâ Alassane Oumar rendit l’âme.

L’homme était naturellement agréable, sympathique et plein de noblesse. Il était de cette espèce humaine, capable d’entretenir de bons rapports avec des personnes aussi variées qu’antinomiques. Qu’on soit chaleureux, expansif, taciturne ou volubile, courtois ou vulgaire, patient ou irascible, on trouvait toujours auprès de Bâ Alassane Oumar compréhension, douceur et agréable compagnie. Ainsi il vécut en liberté. Ainsi il vécut en détention. La prison, malgré ses rigueurs, ses privations, n’y changea rien. Il s’éteignit comme il vécut : avec douceur et noblesse.

Comme beaucoup de détenus, l’adjudant-chef Bâ Alassane Oumar avait fait une méchante diarrhée à Jreïda. Cependant la sienne avait refusé de le lâcher. Il en avait beaucoup dépéri. Il traînera cette diarrhée avec lui jusqu’au fort-mouroir de Oualata. Là où le «bien-portant» se consumait inexorablement, que pouvait devenir l’organisme déjà si fébrile de Bâ Alassane Oumar ? À cette diarrhée qui le pressait étaient venus s’ajouter le béribéri et sans doute d’autres maladies. Il maigrissait de jour en jour. Son état était tel que, dès le début, nous l’exemptâmes de tous les travaux. Mais pour qu’il recouvrât sa santé et qu’il retrouvât ses forces, il lui fallait des soins appropriés et suivis. Ils ne lui furent pas donnés. Il lui fallait une alimentation saine.

Elle ne lui fut jamais donnée malgré nos demandes répétées. Pour résister au mal qui le rongeait, ne pas se laisser abattre par lui, Bâ Alassane Oumar n’avait que son courage moral. Quand sa douleur se faisait moindre, il se déplaçait dans la salle. C’est dans le cadre de ses déplacements qu’un jour, à notre place, Bâ Mamadou Sidi et moi, il raconta son rêve déjà évoqué, dans lequel le vieil homme en blanc lui disait : «ce sera le 26… ». Quand il s’en sentait capable, il aimait sortir avec les groupes de travail, pour se dégourdir les jambes. Mais ces moments où l’envie et la force lui permettaient de tels déplacements étaient éphémères. Et ils se raréfiaient à mesure que le temps s’écoulait et que le mal le tenaillait. Alors Bâ Alassane s’alitait. Sa maladie fut longue et pénible. Il la développa dans un dénuement total, sans alimentation, sans soins, sans même une perspective de guérison. Sans doute que pendant les derniers jours qui précédèrent sa mort, lui-même avait pressenti que sa fin était proche. Et pourtant, jamais il ne s’est départi de son calme. Pas un instant il ne prit prétexte de sa maladie pour faire prévaloir une quelconque exigence. Quelle dignité ! Quelle noblesse ! Que celles de Bâ Alassane Oumar. Noblesse dans la privation, dans la douleur. Dignité devant la maladie et la perspective presque certaine d’une mort imminente. Pendant les huit mois et seize jours qu’il vécut dans le fort-mouroir de Oualata, il resta plus assis, couché que debout. Marcher ? Il ne le fit que très rarement.
Dans la dernière semaine du mois d’août, il nous sembla que son état s’empirait. Nous pensions que c’était passager et qu’il allait se rétablir. Mais le 26 août 1988 dans l’après-midi, sa respiration devint si difficile qu’un groupe de camarades vint à son chevet. Ses difficultés respiratoires croissaient de plus en plus. Visiblement Bâ Alassane Oumar agonisait. Et puis, au terme d’un ultime effort pour respirer, il rendit l’âme. Il était 15 heures 5. Aussitôt la nouvelle fit le tour de toute la salle. Elle nous plongea dans une profonde tristesse. Nous informâmes nos geôliers.

En même temps, nous leur demandâmes, après qu’ils eurent constaté le décès de notre camarade, l’autorisation de nous occuper de toute la cérémonie funéraire : le lavage et l’enterrement du défunt selon les prescriptions islamiques.
Notre demande fut acceptée. Une liste définissant nos besoins pour l’exécution de la cérémonie funéraire fut établie. Elle comprenait sept mètres de tissu de percale pour le linceul, du parfum pour parfumer le linceul, une aiguille et du fil pour coudre les différentes parties du linceul, du savon pour laver le corps du défunt.

Cette liste fut remise au brigadier Moustapha, bras droit du régisseur. Le nécessaire, aussitôt réalisé sur le marché de la ville, fut remis à notre imam Djigo Tabssirou qui dirigera toute la cérémonie funéraire.

Pendant ce temps, il régnait dans le fort une grande agitation. Nos geôliers semblaient déboussolés par la mort de notre camarade. Ils nous parurent avoir perdu subitement de leur superbe. Leurs gestes devinrent mesurés, leurs voix calmes, leurs propos sans agressivité. Était-ce par respect pour la mémoire du défunt et notre deuil ? Ou était-ce le résultat d’un événement inattendu pour eux, et pour lequel ils n’étaient pas préparés ? Aussitôt le constat du changement d’attitude de nos geôliers fait, nous ne nous attardâmes point à en savoir les causes réelles.
Nous étions convaincus que de toutes les façons, il n’était que passager.

Le corps du défunt fut transporté dans l’antichambre qui menait aux WC. Là, il fut déposé sur une large planche. Djigo Tabssirou, notre imam, renforcé par un groupe de camarades, effectua la toilette funéraire du défunt. Quand la séance de lavage du défunt fut achevée, quand son corps fut enveloppé dans le linceul et que celui-ci fut abondamment parfumé, nous informâmes nos geôliers que nous étions prêts à accompagner notre camarade dans sa dernière demeure.

À cent mètres au nord-est du fort se trouve un cimetière. Y reposent dans l’anonymat le plus complet quelques détenus de droit commun. Ce cimetière nous fut indiqué par les geôliers. C’est là que devait être inhumé le corps de notre compagnon. Nous l’y transportâmes.
Excepté les malades incapables de se déplacer, tous les détenus formèrent une colonne. Et dans un silence tout religieux, escortés par les gardes, ils prirent la direction du cimetière. Quelques camarades chargés de creuser la tombe du défunt s’y trouvaient déjà. Une fois au cimetière, le corps du défunt fut déposé sur une couverture. Face à lui, nous formâmes plusieurs rangées. Et, sous la direction de notre imam Djigo Tabssirou, la prière à l’intention des morts fut accomplie. Un garde l’effectua avec nous. Lorsque celle-ci fut terminée, le corps du défunt fut introduit dans la tombe qui fut entièrement recouverte de terre. Ensuite, tous regroupés autour de la tombe de notre compagnon, et toujours sous la direction de notre imam Djigo Tabssirou, nous récitâmes quelques versets coraniques pour le repos de l’âme du défunt.

Pendant que certains camarades cassaient quelques branches d’arbres pour les mettre sur la tombe du défunt, les autres, assis par petits groupes, attendaient. À les voir ainsi attendre, on eut dit qu’ils auraient aimé prolonger leur attente pour tenir plus longuement compagnie à leur camarade défunt qu’ils ne reverront plus, et sur la tombe de qui, il était peu sûr qu’ils eussent la possibilité de revenir prier.

Assis à côté de Bâ Mamadou Sidi, je méditais. Sur quoi pouvait-on méditer en pareille circonstance, face à la mort ? Sur ce constat simple et limpide mais dont l’évidence ne semble frapper l’esprit, comme pour le rappeler à la réalité, que lorsqu’on y fait face, lorsqu’on s’y trouve confronté : sur ce que la vie a de passager et d’éphémère. Sur ce constat que, qu’ils soient riches ou pauvres, savants ou incultes, souverains ou sujets, quel que soit leur statut social, morts, tous les individus demeurent égaux quant aux traitements dont ils bénéficient en ce bas monde : prières et enterrement. Je pensais aussi au défunt, aux siens qui ne le reverront plus. C’est alors que, par association de pensées, je constatai que nous étions le 26 août 1988. Or, dans le rêve qu’avait fait Bâ Alassane Oumar, on se rappelle que le vieil homme en blanc lui avait dit : « ce sera le 26… ». Sa mort eut lieu le 26 août 1988. J’interrompis mes pensées et, m’adressant à Bâ Mamadou Sidi, je lui dis : «Te rappelles-tu le rêve de Bâ Alassane dans lequel, nous disait-il, un vieil homme s’était présenté à lui et lui avait dit “ce sera le 26…” » ?- Oui, je m’en souviens bien, me répondit Bâ Mamadou Sidi.

– As-tu fait la comparaison entre cette date et celle d’aujourd’hui : 26 août 1988 ?
– En effet nous sommes bien le 26 août, me dit Bâ Mamadou Sidi.

Nous nous tûmes. L’étrangeté de la coïncidence des dates se passait de commentaires. Était-ce cette mort que par insinuation le vieil homme en blanc voulait annoncer à Bâ Alassane Oumar quand il lui dit : « ce sera le 26… » ? Étrange rêve ! Étrange coïncidence de dates !

Le soleil s’apprêtait à se coucher quand nous regagnâmes notre salle. Le lendemain matin, tous les maigres effets du défunt : vêtements, couverture, etc., furent rassemblés. Une équipe de détenus se chargea de laver ce qui devait l’être. Le tout fut arrangé dans un sac qui devait attendre des jours meilleurs pour être remis aux parents du défunt.

Le décès de notre camarade, conséquence directe des conditions de détention épouvantables, ne semblait pas engendrer dans l’immédiat une quelconque amélioration de notre situation ni sur le plan alimentaire, ni sur le plan sanitaire.

La vie carcérale reprit son cours habituel : travaux chaque jour, «Gnankata» matin et soir. Mais, même si cela ne se disait pas à très haute voix, il était clair pour beaucoup de détenus que la mort de l’adjudant-chef Bâ Alassane Oumar n’était, hélas, que le début d’une série noire qui pouvait être très longue. À moins que des améliorations significatives et durables soient introduites dans notre régime carcéral.».
 
 
Boye Alassane Harouna

Le 25 août 2006. www.flamnet.info

[1] J’ÉTAIS À OULATA- LE RACISME d’État EN MAURITANIE- Page 124 à 129.
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Gaye Silly SOUMARE (1930 – 2012) : Un acteur majeur de la construction nationale s’est éteint

altGaye Silly Soumaré s’est éteint le mercredi 18 juillet 2012 à Nouakchott dans l’indifférence presque totale. Pourtant, l’homme fut un des acteurs majeurs de la construction de la Mauritanie. Si les propositions relatives à la cohabitation nationale du comité paritaire qu’il a présidé en 1958, après le congrès d’Aleg, avaient été explorées et prises en compte par les politiques, notre pays aurait peut être fait l’économie des tragédies connues.

Homme d’Etat au parcours exceptionnel, un des premiers administrateurs civils mauritaniens, militant anticolonial dans sa jeunesse, Gaye Silly Soumaré mérite un hommage national.                                                                                                                                            

 Le contexte politique de son engagement

Né en 1930 à Wompou, au Guidimakha, il a effectué sa scolarité au collège de Rosso avant d’intégrer l’école Normale William Ponty au Sénégal où il a obtenu le baccalauréat en 1951, puis un Certificat d’Aptitudes Pédagogiques (CAP) en 1953. Il exercera le métier d’instituteur jusqu’en 1957. Il fit ses premiers pas politiques, la même année, comme membre du bureau politique de l’Association de la Jeunesse Mauritanienne (AJM) fondée le 24 novembre 1955 à Rosso.

L’AJM était animée par des jeunes comme Mohamed Ould Cheikh, Ahmed Baba Ould Ahmed Miské, Tiécoura Dembelé, Yacoub Ould Boumédiana…, en rupture de banc avec les adultes de la maison mère, l’Union Progressiste Mauritanienne. Sensibles aux luttes de libération dans les colonies, les jeunes militants de l’AJM s’étaient fixés comme programme : « réaliser l’unité de tous les jeunes mauritaniens sans discrimination…. en vue de contribuer à l’éducation culturelle et civique des populations , de réaliser les objectifs et les aspirations légitimes du peuple à la dignité, au savoir, à la liberté et à l’égalité sociale, de combattre le népotisme, l’ignorance, le régionalisme, les séquelles de l’impérialisme et les visées du néocolonialisme ». L’AJM ne survivra pas aux coups de l’UPM et donnera naissance à la Nahda.

Cette expérience forgera la future carrière de Gaye Silly Soumaré lorsque souffle le vent des reformes politiques instituées par la Loi – Cadre en 1957 (loi dite Defferre, adoptée le 23 juin 1956) accordant l’autonomie interne aux territoires d’Outre–mer. Il répondra en 1958 à l’appel de regroupement de Mokhtar Ould Daddah élu Vice – Président du Conseil de Gouvernement (premier gouvernement de Mauritanie) en Mai 1957. L’existence de la Mauritanie, dans ses frontières actuelles, était menacée surtout par des visées territoriales du royaume chérifien qui avait trouvé un allié en  la personne de Horma Ould Babana. Le président de l’Entente Mauritanienne, après sa défaite à la législative de 1956, trouva refuge au Maroc d’où il mena des attaques armées contre la Mauritanie jusqu’à la veille de l’indépendance.

Le Congrès d’Aleg qui lui a confié une mission de consolidation de l’unité nationale révèle un homme de dialogue et de consensus   

C’est dans ce contexte que fut convoqué et organisé le congrès d’Aleg du 2 au 5 mai 1958 pour préparer l’indépendance de la Mauritanie dans sa forme actuelle. Pour cela, Mokhtar Ould Daddah, chef du parti de l’Union Progressiste Mauritanie (UPM), pris soin d’inviter toute l’opposition intérieure – y compris ce qu’il reste de l’Entente Mauritanienne – à créer un rassemblement à travers sa formule restée célèbre « Faisons ensemble la patrie mauritanienne ».

Ce congrès verra donc la participation de tous les poids lourds de la politique de l’époque qui optent pour :

–          participer à la communauté française avec option pour l’indépendance

–           créer un nouveau parti, le Parti du Regroupement  Mauritanien (PRM), qui remplace l’UPM, et deviendra le Parti du Peuple Mauritanien (PPM)

–          désigner un comité paritaire (quatre noirs et quatre maures) chargé de faire des propositions sur la cohabitation nationale, présidé par Gaye Silly Soumaré et Mohamed Ould Cheikh. Les conclusions de ce comité sont restées lettres mortes, enfouies dans les tiroirs du PPM.

La non application de ces recommandations, conjuguée à une volonté politique de non prise en compte la lancinante question de la cohabitation, eurent pour conséquences à court, moyen et long termes :

–          La création en juillet 1959 et en 1960 de deux partis à assises régionalistes. D’un côté l’Union Nationale Mauritanienne (UNM) qui entendait « préserver les liens historiques avec la Fédération du Mali » et de l’autre l’Union Socialiste des Musulmans Mauritaniens (USMM), une formation politique plutôt implantée à Atar.

–          En 1963, plusieurs cadres noirs, déçus de la suite réservée aux résolutions du congrès fondateur d’Aleg, regroupés au sein de l’Union Générale des Originaires de la Mauritanie du Sud (UGOMS) écrivent en substance ceci au Président de la République « Nous ressortissants de la Mauritanie noire, adjurons le Congrès, le Parlement et le Chef de l’Etat de réviser immédiatement les structures de l’Etat, dans un sens Fédéral pour répondre à la volonté du pays ».

–          En février 1966 c’est au tour de 19 cadres noirs de rédiger le manifeste dit des 19, un manifeste qui inspire un autre vingt ans plus tard ….. Puis 1986, 1989……..

Conscient de la situation, Gaye Silly Soumaré sera un des rares Maires à protester officiellement en 1989, en écrivant au Président de la République de l’époque pour dénoncer et demander l’arrêt des exactions commises contre ces administrés du village de Wompou.

 

Un homme d’Etat, à la carrière bien remplie, paradoxalement peu connu

Ayant répondu à l’appel au rassemblement, Gaye Silly Soumaré fut nommé en mai 1958 chef de cabinet du Ministre de l’Urbanisme. Il a occupé depuis de hautes fonctions de l’Etat en rapport avec son diplôme de droit et d’administration publique (cadre des administrateurs civils)  obtenu au tout début des années 60 à la prestigieuse Ecole Nationale de la France d’Outre–mer qui devient l’Institut des Hautes Etudes d’Outre–mer.

A son retour en Mauritanie, il exerce tour à tour dans l’administration territoriale les fonctions de :

–          Chef de Subdivision (Préfet) de Boutilimit

–          Commandant de Cercle (Gouverneur) du Trarza, du Brakna et du Tagant d’où il est rappelé pour avoir  refusé d’exécuter certains ordres contre les 19 signataires du Manifeste cité plus haut. La sanction ne se fait pas attendre, il est affecté à l’administration judiciaire

Dans l’administration centrale, entre 1962 et 1969, il est nommé :

–          Directeur de l’administration judiciaire

–          Directeur de cabinet du Ministre de l’Intérieur et Directeur de l’Administration Territoriale

–          Inspecteur Général de l’administration

–          Inspecteur Général des Finances auprès de la Présidence de la République, un poste qui est devenu le Contrôle Général de l’Etat.

–          Secrétaire Général du Ministère de la Défense puis du Ministère des Finances.

Il quitte l’administration centrale en 1971 pour entrer dans la diplomatie :

–          Conseiller à Bonn, Allemagne, à ce titre, il représente la Mauritanie aux Assemblées Générales des Nations Unies.

–          Ambassadeur en Tunisie (1973–1976) accrédité en Turquie, Grèce et Yougoslavie

–          Ambassadeur en URSS (1975–1980) accrédité dans chacun des pays européens membres du Pacte de Varsovie.     

 

Il mettra ses qualités de dialogue et de négociateur à nouveau au service de son pays en 1975-1976 comme membre de la délégation mauritanienne à la Cour Internationale de la Haye qui devait se prononcer sur le litige qui a opposé la Mauritanie au Maroc sur le Sahara Occidental.

Admis à faire valoir ses droits la retraite en 1984, il se consacra aux siens, à son village, Wompou qui l’élit Maire en 1989 et en 1991. En 1994 puis en 1998, il est élu Sénateur, représentant les Mauritaniens de l’étranger (zone Europe).

Gaye Silly Soumaré est parti comme il a vécu, discrètement. La patrie doit lui être reconnaissante. A l’image de ses compagnons historiques, la Mauritanie doit se souvenir d’eux et inscrire dans la mémoire collective de nos concitoyens des hommes et des femmes qui ont construit notre pays, parti de rien. A ce titre, la Mairie de Nouakchott en association avec les autorités centrales qui ont hérité de son savoir faire, devrait consacrer une artère de la capitale à son nom.

Que son âme repose en paix dans la terre de Mauritanie pour laquelle il s’est investi. Amine.

 

Ciré BA et Boubacar DIAGANA – Paris.

Source: ODH.

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Abdoul Aziz Ba, Président des “19”, est décédé!

altPremier magistrat mauritanien, sortant de l’Ecole Nationale d’Administration de Paris, Abdoul Aziz Ba dit “Zeus” est né officiellement en 1937. A son retour en Mauritanie, il est nommé Président du Tribunal de Première Instance de Nouakchott ce qui ne l’empêcha pas de s’opposer ouvertement à la politique de mise à l’écart des noirs.
– En Février 1966, il préside le mouvement des “19” qui publie le celèbre Manifeste du même nom. Ils (les 19) sont arrêtés et mis en prison à N’Beika puis à l’école de police de Nouakchott. Ils sont libérés suite à l’intervention du Président Senghor. Il s’exile alors au Sénégal qui l’accueille à bras ouverts. Depuis et jusqu’aujourd’hui, il occupe les plus hauts postes dans la justice sénégalaise:
– Président de la Commission de Transparence et de lutte contre la Corruption
– Président du Conseil d’Etat
– Vice – Président du Conseil Constitutionel
– Conseiller au Conseil d’Etat
– Conseiller à la Cour Suprême
– Président du Tribunal Régional de Thiès
– Substitut du Procureur de Dakar

Ses relations avec le Président Abdou Diouf, son camarade de promotion, furent tendues puis distantes à partir de 1989. Reprochant à Diouf sa gestion laxiste des événements de 1989, il n’hésita pas à outrepasser son obligation de réserve en publiant des articles dans la presse sous le pseudonyme de Guéladio Ba.

Depuis, il est devenu un ami intime, un très proche du Président Abdoulaye Wade. La mort vient de les séparer. Qu’Allah l’accueille en son paradis.

Ciré Ba et Mamadou Bocar Ba.

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