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MAURITANIE, UN GÉNOCIDE OUBLIE
Je remercie l’Association des Veuves et des Orphelins de Mauritanie (AVOMM) qui regroupe pour l’essentiel des anciens militaires, rescapés des prisons et des camps de la mort et qui défendent aujourd’hui la cause de la justice pour résister contre le bannissement et l’oubli d’une tragédie qui reste encore d’actualité.
Il est difficile d’élaborer un propos sur un sujet aussi sensible et douloureux devant des victimes, à qui le travail de deuil n’a pas été rendu possible à cause de la persistance de l’idéologie de la négation et du déni de la réalité qui se poursuit avec arrogance par une politique de mépris et d’exclusion. D’où la difficulté de l’œuvre de la mémoire.
C’est pourquoi, le but de mon intervention est de m’interroger sur le type de génocide qui a bien eu lieu en Mauritanie de 1989 à 1991 pour prendre la période la plus cruelle qui singularise la tragédie vécue par ce qu’il est convenu d’appeler les « négro-mauritaniens ». Je ne reviendrai pas sur le pourquoi de cette dénomination pour caractériser la composante socioculturelle dont l’appartenance à la Mauritanie est niée par des courants racistes, chauvins et xénophobes qui constituent les sources d’inspiration de la planification politique et militaire de l’épuration ethnique. Mon intervention sera articulée autour d’une réflexion sur la nature de l’épuration ethnique comme figure du génocide à partir de quelques définitions, la caractérisation du cynisme du régime actuel dans son nouveau visage et enfin autour de l’impasse (dans laquelle se trouve) de l’opposition.
Je voudrais, pour commencer, tenter de cerner à travers quelques définitions le terme de génocide les caractéristiques qui apparentent la tragédie des négro-africains à un génocide. Dans le Grand dictionnaire Larousse, il est écrit « Extermination systématique d’un groupe humain , national, ethnique, racial ou religieux. »
Dans l’Encyclopédia Universalis, on peut lire ceci : « le concept de génocide signifie l’extermination de groupes humains entiers comme tels. » plus loin « les actes constitutifs du génocide aboutissent toujours à l’anéantissement physique et biologique du groupe, ce qui constitue d’ailleurs l’essence de ce crime, quels que soient les moyens mis en œuvre pour atteindre ce but : meurtre d’un nombre plus ou moins grand de membres, atteinte grave à leur intégrité physique ou mentale, soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence susceptibles d’entraîner sa destruction physique totale ou partielle. »
Je retiens de ces deux définitions, un processus qui débute par une volonté, une intention dont la visée explicite est la mise à mort d’une entité nationale du fait de sa race, de son identité ou de sa religion. Pour l’exécution de cette intention criminelle, des moyens sont mis en œuvre qui sont des instruments capables de tuer pour éliminer un nombre important des membres du groupe cible. Le meurtre dans ces conditions étant justifié au départ par les détenteurs de la légitimité, il est supposé que les acteurs agissent en toute impunité. Acte prémédité, orienté et encadré, le processus est déclenché avec une finalité précise, l’anéantissement physique d’un groupe.
Au vu de ces définitions, la configuration du processus d’épuration ethnique en Mauritanie en constitue une illustration claire en ce sens que le groupe désigné ce sont les négro-africains, il est constitutif de la communauté nationale de laquelle, le régime raciste a décidé de l’exclure. Ce groupe a été soumis à des conditions inhumaines et dégradantes, nié dans son identité nationale, par la destruction des preuves de son état civil, l’expropriation de ses terres, l’interdiction d’accès au fleuve pour des populations dont la vie en dépendait et les persécutions permanentes infligeant aux populations des souffrances atroces. A ces deux définitions, j’ajouterai la formulation lumineuse sur l’épuration ethnique par Boye Alassane Harouna : « L’épuration consiste pour un Etat, une administration, une institution, à se débarrasser par l’exclusion ou par élimination physique de personnes jugées (…) hostiles ou dangereuses du fait (…) de leur identité, de leur appartenance, de leurs idées ou actes. » dans sa conférence faite (tenue) à Orléans le samedi 24 mai 2003.
Le constat est sans appel, les actes posés par le régime de Ould Taya, dont la radicalisation a pris prétexte de la publication du Manifeste des FLAM pour amplifier la répression contre la communauté négro-africaine. Entre le déni de la réalité et ses manifestations effectives, la démonstration de la vérité peut se passer des polémiques sémantiques dont l’intérêt est ailleurs.
Il est établi que les auteurs du génocide ne peuvent admettre la dimension horrible de leurs actes au nom du principe de méconnaissance de l’humanité de l’autre. La pédagogie du génocide, pour fonctionner, dans sa barbarie et produire son efficacité redoutable se refuse à reconnaître sa victime comme un être humain. Certes, il est conscient qu’il n’est pas en face d’objets sans âme ou de simples animaux, mais il lui faut se dépouiller de toute vision humaine de l’humain et de l’humanité de l’autre dont l’assignation à résidence identitaire et raciale, lui permet de tuer sans être troublé. Hélas, La Mauritanie est entrée à partir de 1989 dans l’histoire terrible et difficilement reconnaissable de l’horreur infligée à (une communauté entière) des peuples dont le seul tort est d’être différents. L’histoire de l’humanité, à travers ses barbaries innommables, semble nous dire : « malheur à un peuple différent dans un pays où la domination s’instaure comme loi et ce, sur la base du refus de la différence. »
C’est pourquoi tous les génocides de l’histoire, comme celui perpétré dans notre pays se présentent comme un « gigantesque massacre » qui ont fait des victimes innombrables, sans coupables désignés. C’est avec l’évacuation de tout sentiment de culpabilité, que les acteurs du crime organisé se mettent à l’œuvre avec rapidité avant que ne se déclenche la réaction de la dénonciation ou la nausée qui est causée par l’excès de la mise à mort. Au bout de l’aventure désastreuse du meurtre, le dégoût du tueur qui résulte du retour à la vie consciente et ordinaire. Un sentiment de révulsion l’envahit au point de se poser la question torturante de la conscience solitaire qui reprend le dessus, à la cessation de la fureur collective qui emporte dans une sorte d’ivresse où la foule en transe ne permet plus d’entendre la voix de la conscience.
En ces journées folles du mois d’avril 1989, où des centaines de mauritaniens furent massacrés sur toute l’étendue du territoire, il n’y a point de doute qu’une logique génocidaire s’est déployée et s’est prolongée par le massacre de centaines de militaires en 1991 dont les corps gisent dans le désert et dans des fosses communes. Il y a eu bien un voyage sans retour et une descente aux enfers pour des hommes, des femmes et des enfants qui avaient le tort d’être noirs.
L’extermination définitive programmée de la communauté négro-africaine fut prolongée par la décision des autorités de poursuivre l’épuration ethnique par ladéportation et en 1991 n’eût été le déclenchement de la guerre du Golfe dont la conséquence fut la défaite de Saddam qui soutenait le génocide en Mauritanie la tragédie aurait atteint sa phase définitive.
Si la guerre du Golfe n’avait pas eu lieu, la question négro-africaine aurait trouvé une solution catastrophique : l’élimination systématique et radicale de la composante négro-africaine pour que l’homogénéité de la Mauritanie arabe devienne effective.
Le déclenchement d’une logique de pouvoir consistant à nier et à banaliser la réalité de cette tragédie conduisit le régime à se précipiter dans une offensive diplomatique pour étouffer les voix de la communauté internationale en fermant les frontières afin d’empêcher la circulation des informations. Le régime raciste s’était rendu compte de l’énormité des crimes commis et de l’atrocité indescriptible des méthodes appliquées pour exterminer des vies dont l’innocence se transforma en culpabilité. Génocide ou épuration ethnique, le fait est que la volonté d’extermination a atteint des objectifs incontestables par une folie meurtrière avec l’aide de tous les corps : militaires, gendarmes, policiers, gardes. Les Préfets, les Gouverneurs, les Magistrats, les chefs d’établissements, les cadres civils Baathistes, Nassériens et sympathisants finirent par participer à l’entreprise d’extermination du « négro-africain » pour enfin concrétiser le rêve d’un Etat arabe.
Il en résulte que l’inhumanité de cette monstrueuse entreprise accomplie par le régime de Taya a proclamé la consigne de la négation des faits au point que les militants négro-africains du parti-Etat sont tenus de faire la propagande de la falsification de l’histoire pour ôter toute crédibilité au combat de l’opposition mauritanienne et des victimes de la politique raciste de Taya. D’où, le cynisme du régime qui constitue le deuxième point de mon propos.
S’il est vrai que des efforts n’ont pas été faits dans le sens de la construction de la nation mauritanienne fondée sur un Etat de droit, pilier d’une République respectueuse de sa diversité, il est incontestable que c’est avec le régime actuel que la barre de la dislocation de la cohésion nationale a été franchie. Ould Taya a trouvé les stratégies les plus efficaces pour la construction d’un Etat fondé sur l’identité exclusive dans la perspective de l’admission définitive de la Mauritanie dans le bloc arabe. Il a ainsi défié la communauté internationale et arabo-africaine qui n’ont pas réagi face à une tragédie qui continue à être ignorée, méprisée, occultée, voire niée.
Le régime de Nouakchott multiplie les sujets de diversion occultant sa vraie nature raciste et tribale afin de bénéficier de la complicité des Puissances et des pays de la sous-région pour persévérer dans sa politique de ségrégation et de marginalisation des Noirs. Pour traduire cette exclusion en acte, les pressions, les intimidations, les arrestations arbitraires et l’absence de perpectives des cadres négro-africains sont devenus des actes institutionnalisés dans la pratique. L’instauration de l’arabisation comme pilier du système et l’éradication du bilinguisme ont accentué l’isolement des cadres francophones. L’éviction des langues nationales du primaire pour le supérieur a fini par sceller le refus de leur promotion dans le système d’enseignement. La consolidation des réseaux de clientélisme fondés sur l’appartenance tribale et régionale pour l’accès aux postes de décision et aux ressources économiques et financières est une règle sacro-sainte du dispositif du système.
Sur le plan international, le régime a réussi par le bradage des ressources nationales à rendre inaudible la dénonciation de l’injustice érigée en règle.Ould Taya a donné l’image d’une Mauritanie engagée dans la lutte contre le terrorisme pour séduire l’Amérique de Bush. Aujourd’hui, avec la perspective du pétrole qui, paraît-il, coulera à flot, la diversion s’est amplifiée comme si le pétrole pouvait apporter la démocratie et la justice en lieu et place des minerais et du poisson. La valse diplomatique en dit long sur la volonté du régime actuel d’étouffer la voix de ceux et de celles qui entendent porter à la face du monde, l’obstination du régime à persévérer dans la consolidation du système d’exclusion et de ségrégation au détriment des aspirations du peuple. Les opprimés, les déportés et les apatrides qui n’aspirent qu’à retourner dans leur pays et y vivre dignement.
L’actualité récente, depuis la victoire du candidat Haïdalla transformée en défaite, met en évidence la logique constante de l’arbitraire ; les arrestations continuent, les enfants de l’ancien président ne sont pas épargnés. En vérité, Taya se moque de l’opinion nationale et internationale profitant du cynisme des Puissances pour exécuter un programme politique consacrant l’exclusivité arabe de la Mauritanie. Convaincu, dans le fond, que la base idéologique du système dans son orientation panarabiste est confortée par la majorité de la classe politique, Taya procède à l’accomplissement du processus d’exclusion des Négro-africains sans soucis. C’est plutôt, la dimension tribale et clanique de son régime qui lui donne quelques inquiétudes ; le coup de force du 08 juin apparut comme un signal d’alarme. Il a tenté de banaliser cet événement, comme il est de coutume dans son cynisme habituel. Mais, il est conscient que son pouvoir est désormais fragilisé et menacé par les frustrations accumulées par ceux des Mauritaniens qui ne peuvent pas se soumettre au fatalisme de l’impuissance et de la peur et qu’il ne peut pas désarmer comme les Négro-africains. Par son mépris constant de son entourage et son refus de partager le pouvoir et d’accepter la nécessité de la transformation de la dictature en démocratie et par son entêtement suicidaire, Taya expose le pays à toutes les dérives. Le pays est véritablement en danger. D’où le cynisme du Pouvoir et sa crispation dictatoriale.
Où est l’opposition ? que peut-elle faire ?
Le questionnement sur l’opposition mauritanienne exige un sens de la mesure et une conscience réelle de l’opacité du régime et de son intolérance quant à l’émergence minimale d’une opposition ayant le droit et le devoir de participer à la construction d’une nation juste et démocratique. En réalité, le tyran-président n’est pas prêt à respecter l’existence effective et active d’un pluralisme politique. En grande partie, l’impasse de l’opposition tire sa source des blocages instaurés par le pouvoir qui n’a jamais voulu accepter l’instauration de la démocratie. Il est clair qu’une opposition sans possibilité d’accès aux médias et à l’espace public se renforce difficilement. Pour exister, il faut des espaces de liberté, de discussion publique et de rencontres régulières avec le peuple. La Radio, la télévision et bon nombre de médias qui se disent indépendants sont sous la coupole de l’Etat ou de ses alliés. Comment, dans cette situation, conscientiser le peuple ou faire passer le message ? Sans oublier que la censure est en vigueur, les pressions et l’obligation pour les cadres de s’inscrire dans la logique du Parti-Etat, condition d’accès à une promotion ou à la préservation de leur poste. Même, pour une affectation ou pour l’accès au logement administratif, il est de règle d’accepter d’être dans la mouvance du pouvoir.
Il convient de reconnaître que l’opposition souffre de ses propres maux qui reflètent, en grande partie, les tares de la société mauritanienne où la conscience du sacrifice est la moins partagée. Le militantisme politique, comme dévouement à une cause et un engagement pour un idéal, est déficient au point que la politique est réduite à son sens le plus vulgaire et le plus commun : carriérisme, arrivisme et opportunisme. Nous sommes encore sous le règne de la mentalité qui voudrait que la politique s’identifiât à l’exercice de fonctions qui permettent de s’enrichir et d’enrichir les siens. Au vu de la nature du régime et de la tragédie dont il est responsable, il serait inacceptable de raisonner en termes de gain ou de profit, c’est à dire d’envisager la politique dans le court terme.
La vacuité du projet politique et pour cause le manque de formulation claire d’un programme qui puisse rassembler les partisans d’une Mauritanie juste et démocratique entretiennent le flou, les tergiversations et les revirements d’un peuple pris de panique par l’absence de perpectives et d’issue devant les agressions permanentes d’un régime boutiquier qui se soucie peu de la survie quotidienne des Mauritaniens et surtout des plus démunis. Aux blessures de l’humiliation s’ajoutent les souffrances d’un quotidien insupportable dans un pays où le commerçant est roi, étant entendu qu’il est le financier du dictateur et qui le laisse faire les lois du marché.
Perspectives
Devant une situation aussi chaotique, l’opposition a l’obligation de s’entendre à partir d’une discussion sincère et soucieuse du respect de la diversité afin de mettre au point un programme minimal pour réaliser le changement indispensable que le peuple attend avec impatience. Au lieu de continuer à vivre dans une sorte de clubisme atavique et caractéristique des formations politiques mauritaniennes, il est urgent de faire preuve de dépassement pour anticiper les dérives qui prennent corps et qui sont dans leur phase d’explosion. Il est de la responsabilité des hommes politiques qui incarnent une certaine idée de la Mauritanie de mettre en pratique leur vigilance par la formulation de propositions permettant une sortie de crise. Il est à constater que depuis le mois de novembre, la situation s’enlise et les discussions, à défaut de se poursuivre, piétinent et les initiatives sont autant rares que difficiles.
Il convient de reconnaître aussi que la complexité de notre situation politique n’échappe à personne, néanmoins, devant la difficulté, la conjugaison des efforts et le rassemblement des énergies sont un impératif de survie. C’est pourquoi, il est nécessaire et vital de retrouver le sens de l’initiative que le pouvoir a confisqué depuis longtemps et que nous n’arrivons pas à reprendre ne serait-ce que sur le terrain des idées qui ne constituent pas sa force puisqu’il agit par la force qui est le propre des médiocres et quand la médiocrité et la force font alliance, elles produisent le mal. Si, l’opposition veut précipiter la fin de la violence que subit notre peuple, elle doit se faire violence pour se donner les moyens de cheminer vers son objectif qui est de libérer le pays du dictateur. L’heure de la fin du règne de Taya a sonné, mais quelle succession ? Qui va prendre sa place ? Quelle place va occuper l’opposition ? Ces questions doivent nous interpeller et nous permettre de préciser notre action pour ne pas être pris au dépourvu. L’histoire n’attend pas et ne s’arrête guère, elle poursuit sa marche tumultueuse et heurtée alternant guerre et paix, en s’enrichissant plus de tragédie que de paix. Et, nous devons prêter aux clameurs de l’actualité agitée du monde et de notre continent tenaillé par la violence de conflits meurtriers au grand dam de nos peuples.
Il en résulte que le long chemin de la reconnaissance de l’injustice subie oblige le bourreau à persister dans l’entreprise de méconnaissance et de négation pour se faire bonne conscience. La demande de reconnaissance est une lutte sans merci qui, n’a de répit que l’aveu du coupable dont la traduction en acte est l’acceptation de l’autre, dans son altérité, c’est à dire sa différence. La dignité offensée et l’honneur blessé par une logique de l’arbitraire ne peuvent trouver leur compensation que dans le rétablissement de la justice. Les morts sans sépulture dont les corps sont perdus dans notre vallée et dans le désert hantent notre sommeil à la tombée de la nuit et tourmentent notre mémoire qui attend que justice soit faite pour enfin commencer le travail de deuil. C’est pourquoi, l’oubli est impossible. S’il n’est plus possible de se contenter du regret et du silence complice, il importe de s’inscrire avec intransigeance dans une dynamique de l’exigence de justice. Il n’y a pas de courage pour la paix quand l’impunité fait loi. La Mauritanie que nous voulons bâtir et à laquelle nous aspirons doit reposer sur la citoyenneté républicaine, fondée sur l’Etat de droit, socle de la démocratie. Il n’est pas possible de construire une société paisible sur le racisme, le négationnisme et le particularisme tribal ou ethnique.
S’il est vrai que les vœux pieux ne peuvent être le ressort d’un combat pour la justice, il faut reconnaître que sans idéal, le combat politique perd son sens et produit de l’amateurisme, dont l’activisme artisanal est sans lendemain.L’aspiration à la liberté et à l’égalité sous la dictature s’apparente à une lutte à mort parce qu’elle prétend à la ruine de ce que le régime dictatorial entend ensevelir au profit de la logique de l’arbitraire qui est le moteur de la tyrannie. C’est pour dire non à cette logique insensée de la négation de l’autre et du refus de reconnaître son humanité et son identité nationale dans le respect de la différence que votre association a bien voulu organiser cette journée.
Je vous remercie.
professeur SY Hamdou Rabby
Source: boolumbal
Le colonel Vall et général de l’armée actuelle Ould Meguett ont été personnellement impliqués dans la disparition d’au moins un homme
Mahamadou Sy est définitive. Le colonel Ely Vall et général de l’armée actuelle Ould Meguett ont été personnellement impliqués dans la disparition d’au moins un homme – Abdoulaye Tambadou – qui a également été interné à Inal.Dans son livre, Mahamadou Sy explique comment puis capitaine Ely Vall a visité le camp de la mort pour ramasser le prisonnier marquée:
“… La porte s’ouvre. Lieutenant Yazid Ould Moulaye Ely pénètre dans la chambre. Il est suivi par les trois capitaines Sidina, Ely Vall et Meguett. Ils ne posent pas de questions.Ils nous regardent avec mépris. Après une brève discussion, le capitaine Meguett nous dit qu’ils prennent Abdoulaye Tambadou avec eux … ”
Mohamadou Sy plus tard se poursuit:
«Nous [les prisonniers] tout pile en place par la fente de la porte de le voir être emmené. Je vois le capitaine Sidina chargement d’une kalachnikov et en plaçant le fusil par le siège du côté passager. Mon coeur commence à battre plus vite, mais je donne un coup la mauvaise pensée de ma tête. L’ensemble du groupe d’officiers pénètre dans le véhicule. Quelques minutes plus tard, le petit avion vole au-dessus de la base et disparaît …. ”
Le jour était de 6 Décembre 1990. Le corps de Abdoulaye Tambadou et celles de centaines d’autres n’ont jamais été retrouvés.
Source: boolumbal
Flamnet-Rétro: Hommage: Mes rencontres avec Saydu par Sow Ibrahima Mifo- Vice-président et Secrétaire national à l´Organisation des FLAM
Dans la nuit du 27 au 28 Septembre, j’ai envoyé à Saydu Kan cet e-mail : « Je forme le puissant voeu de te voir lire rapidement ce petit texte de sympathie. Relève-toi et reprends ton bâton de guerrier de la justice. Ta place est parmi les hommes debout. Ceux qui mènent le bon combat. Amiin ». A vrai dire, ce n’était pas un voeu, mais une assurance que Saydu ne pouvait pas ne pas se remettre. Car n’était-il pas un « Welakosam », comme l’arborait fièrement son adresse e-mail? La vocation d’un welakosam est justement de défier le destin, de triompher des périls. Les prisons du système, les humiliations, Walata, l’exil, les controverses, rien n’y faisait. Il était né pour demeurer. Je n’osais pas l’imaginer autrement. Lui comme tous mes héros, mes mythes éternels. Ceux qui ont initié mon éveil politique, comme ceux qui le confortent. Il ne pouvait donc pas y avoir de doute, pour moi, sa rémission n’était qu’une question de jours. D’autant plus que deux jours plus tôt Abda Wone m’avait donné des nouvelles rassurantes sur son état de santé.
Hélas, mes certitudes n’avaient pas tenu compte de la voracité du mois de Septembre! Ce mois-ogre, horrible de souvenirs sinistres pour notre résistance. Septembre! Des dates et des douleurs. Sepembre 4, 1986, Maouiya lance ses hordes à l’assaut des FLAM : la direction de notre organisation est embastillée avant d’être jugée et condamnée le 4 septembre. Puis, ce fut la déportation à Waalata. Septembre 2,1988, Teen Gey s’éteint dans la prison de Neema, loin des siens et de l’humanité. Septembre 13, 1988, Abdul Guddus Bâ est terrassé, les chaines de « Brahim Wul Aali Njaay » aux pieds. Septembre 28, 1988, Tapsiiru Jiggo s’endort à jamais. Voilà que Septembre se rappelle encore à notre souvenir. De la manière la plus cruelle : Ibrahima Kaasum et son compagnon d’infortune au bâgne de Walata, Saydu Kan, sont brutalement arrachés à notre affection. Ibrahima était resté au pays, fort de sa ténacité, de sa tranquille conviction, de son optimisme. Saydu, lui, y était revenu, généreux d’indulgence.
J’ai connu Saydu en 1981. Je faisais partie alors d’un petit groupe de jeunes gens priviligiés sur le chemin desquels le destin a généreusement mis des hommes d’immense culture intellectuelle et de solides convictions. Je venais de Kaédi où des faits de vaillance guerrière de certains jeunes nationalistes noirs qui ont dirigé les révoltes scolaires de 1979 nous parvenaient, revigoraient notre fierté. Je suis arrivé à Nouakchott avec la tenace obsession de devoir rencontrer ces icônes de la jeune résistance, d’intégrer le Mouvement des Elèves et Etudiants Noirs ( MEEN). Je n’avais aucune attache idéologique, mais j’avais la révolte dans le coeur. Les injustices, quand on est Noir en Mauritanie, à quelque niveau que l’on soit, on les vivait au quotidien. A l’école comme dans la vie.
Je suis arrivé donc, après bien des péripéties et une séance d’initiation qui m’a à jamais marqué, à me faire admettre dans le saint des saints : le noyau actif du MEEN. Et ce sont les amis de depuis ces rencontres comme Amar Bâ, Oumar Siley Bâ, Salah Sy, Moussa Kébé et autres Mama Kane qui m’ont amené à lui. Nous préparions alors activement le congrès constitutif des étudiants et stagiaires de Mauritanie. Nous avions une culture politique à acquérir, des lacunes sur l’histoire mouvementée de notre pays à combler. Nous désertions les amphithéatres de la nouvelle université de Nouakchott , les bancs de l’ENA ou ceux de l’ENS au profit des seminaires informels et clandestins organisés à notre intention par nos guides, des maîtres qui étaient conscients d’investir dans l’avenir. Tantôt c’est sous la direction de Saydu, tantôt sous celle Ibrahima Abou Sall que nous apprenions la Mauritanie, que nous découvrions le passé glorieux de notre Fuuta. D’autres figures emblématiques comme Ly Jibril, Murtudo Joop ou encore Ibrahima Saar pour leur activisme culturel, leur dévouement à la promotion de la langue Peulh nous inspiraient aussi. Mais, c’est incontestablement Ibrahima Sall et Saydu Kan qui nous ont formés, qui nous ont façonnés. Ce sont deux fortes personalités pour lesquelles on avait une admiration infinie. On se plaisait cependant à comparer leurs enseignements, leurs méthodes que tout opposait. Autant Saydu était spontané, prolixe, autant Ibrahima Sall était,lui, enclin à plus de rigueur aussi bien dans ses rapports avec nous qu’ avec les informations qu’il nous transmettait. On aimait la compagnie de Saydu, mais la rigueur de Ibrahima nous réconfortait. Plus on les fréquentait, plus on s’enhardissait, on réalisait qu’on pouvait prétendre à mieux que de simples faveurs dans ce pays qui est nôtre. Leur soutien moral et intellectuel a insufflé notre ardeur nationaliste, notre combativité dans les cercles estudiantins et scolaires jusque-là principalement noyautés par les mouvances MND et les courants panarabistes. Cela a tellement bien marché que le MEEN s’imposait, l’issue du congrès de l’UNESM de 1982, comme une réalité incontournable, comme un protagoniste qui compte.
Plus tard, vers le mois d’Avril ou de Mai 1984, je renouais mes contacts avec Saydu. J’enseignais alors au Lycée de Sélibaby. Il y était venu en mission d’inspection, en compagnie de certains de ses collègues. Il a profité de son séjour, qui s’était prolongé bien malgré eux, pour animer une conférence publique sur le peuplement de la Mauritanie à l’intention des lycéens. En fait, ce fut un cours d’histoire anti-conformiste, une histoire que nul manuel scolaire officiel n’a jamais enseignée à son jeune auditoire. Pendant les deux semaines qu’a duré ce séjour, faute d’avion qui ne déservait Sélibaby à l’époque qu’une fois tous les mercredis, on s’est beaucoup fréquenté. Un après-midi, il m’a fait venir au lycée où ils logeaient. Il a demandé qu’on se promène. On a longuement marché, du côté du stade de la ville, sur la route de Bakel. Il m’a parlé des FLAM qui naissaient et des circonstances difficiles de la gestation. Il m’a dit ce qu’il attendait de moi. Par un curieux concours de circonstances, une violente grève a éclaté au Lycée juste au lendemain de leur départ de Sélibaby. Je fus tout de suite interpellé par la police qui venait de s’installer dans la ville. J’étais accusé d’avoir tenu une réunion secrète, sous instigation de Saydu, avec un groupe d’élèves pour les pousser à la révolte. Ce qui était absolument faux. Quoi qu’il en soit, dès que j’ai été relaxé, je lui ai envoyé un rapport détaillé sur mon interpellation, sur ce que je croyais être un complot qui le visait personnellement. Il se sera toujours souvenu de cette lettre.
Mon autre rencontre avec Saydu a aussi eu des conséquences qui ont marqué la suite de ma vie. Cette rencontre s’est passée à Djeol-même, chez mon cousin Amadou Alpha BA, au mois d’Août 1986. Le seminaire culturel de Kaédi avait été annulé dans les circonstances que tout le monde sait. Saydu a profité donc de sa présence dans la région pour se rendre dans les villages, comme il aimait bien le faire. Mais ces visites, qu’il appelait de coutoisie, se transformaient toujours en meetings instructifs. Nous passâmes toute une soirée à apprendre de lui. Puis il a continué sa route vers Nguidjilone, Sadel et Wudduru, du côté du Sénégal. A peine avait-il eu le temps de regagner Nouakchott que les arrestations de septembre 1986 des dirigeants des FLAM commencèrent. Et, quand je fus à mon tour appréhendé en octobre, parmi les éléments à charge qu’on m’a opposés il y avait bien entendu le contact avec Saydu à Djeol.
Le destin a voulu qu’on ne se revoie que 20 longues années plus tard, à Cincinnati, sur la terre américaine, en Avril 2006. Entre-temps bien des choses se sont passées. Nos trajectoires politiques ont divergé et on ne s’était presque plus parlé depuis Djeol en Août 1986. Puis, une après-midi, à 13 heures précises, mon téléphone sonne. Au bout de la ligne mon interlocuteur m’interpelle en ces termes : « Devine qui vient dîner ce soir à la maison! » Je répondis qu’il n’y avait rien à prendre, que Kummba Soh occupait tout. J’étais agréablement surpris par son appel. Il était arrivé aux USA depuis peu de temps et se trouvait encore, je crois, en Carolina. Et nous avons parlé. Longuement. Plus de trois heures d’horloge. On avait des choses à nous dire. J’avais de sérieuses réserves sur le bien fondé de certains actes qu’il avait posés dans un passé récent ( comme son adhésion à l’AP qui n’excluait pas de régler les problèmes par la violence, ses accointances avec Conscience et Résistance, son retour au pays que je jugeais « précipité » suivi de son soutien inconditionnel au nouveau régime ), et je trouvais même déconcertantes ses dernières sorties sur le net et dans certains médias, notamment sa lettre à Boubacar Messaoud et son interview à « l’Authentique ». J’avais donc un gros dossier à charge contre lui. De son côté, il en avait gros sur le coeur. Des griefs et des déceptions. Le débat s’est amorcé sur un mode frontal, puis devint passionné, pour finir sur des notes plus confidentielles. Ce serait long et indécent de retranscrire ici tout ce qu’on s’était dit. Mais je reste convaincu que le contentieux qui l’opposait aux FLAM n’avait rien de substantiel. C’est plus par dépit qu’il a choisi le compagnonnage de certains courants avec lesquels il partageait peu de valeurs. D’ailleurs rien n’indique la solidité de ces engagements. Les circonstances rocambolesques de la rencontre dite de Dakar du 9 Août 2005 et les conditions de son retour au pays sont plus éloquentes que n’importe quel autre discours de convenance. A vrai dire son coeur est resté à ses amours originelles, à l’organisation qu’il a aidé à créer, au sein de laquelle il comptait des amis fidèles et des disciples dévoués. Je n’ai pas de doute non plus sur le crédit qu’il accordait à cette transition qui n’entendait, de ses propres aveux publiques, rien changer quant au sort de nos populations noires martyrisées.
Saydu Kan était un passionné de la vie. Il était convaincu d’être investi de « mission » exceptionnelle. Il s’y est essayé du mieux qu’il pouvait. Il ne l’a ni toujours réussie, ni même toujours fait l’unanimité autour des manières de la conduire. Mais qu’importe, l’essentiel est qu’il sera resté vaillant jusqu’au bout. De cela, nous lui devons reconnaissance et éternelle estime.
Adieu camarade !
Et la lutte continue!
Ibrahima Mifo Sow
Cincinnati le 02 octobre 2006.
NB: Photo: Dakar décembre 1998: Au 5éme congrés ordinaire des FLAM, on peut reconnaitre ici Seydou Kane à côté des camarades Lam Mousa et Kaaw Touré membres de la commission orientation politique trés fatigués aprés 72 heures de débats sans interruption, ni sommeil , en plein mois du ramadan. Seydou a cassé sa pipe qu´on peut voir devant lui sur la table.
Devoir de mémoire et refus de l´oubli: 4 septembre 1986-4 septembre 2012, 26 ans jour pour jour!
C´était le 4 septembre 1986, le début des premières arrestations des militants et sympathisants des FLAM suite à la publication du manifeste du Négro-mauritanien opprimé.
En publiant ce manifeste en 1986, nous avions montré que des problèmes réels de coexistence entre les deux communautés raciales existaient. Nous avions aussi montré par quels mécanismes,ils avaient été engendrés. Nous avions également indiqué les perspectives dangereuses(guerre civile) sur lesquelles pouvaient déboucher ces problèmes, s´ils n´étaient pas résolus à temps correctement.
Nous avions enfin appelé à un débat national sur la question nationale. L´esprit du Manifeste était, en Patriotes sincères d´attirer l´attention des pouvoirs publics sur les problèmes de la nation, en vue de leur trouver des solutions avant qu´il ne fut trop tard.
Quelle fut la réponse du gouvernement raciste de Ould Taya?cinglante, féroce et sanglante.
Depuis 1986, le système d´Apartheid mauritanien a systématisé dans le cadre de sa consolidation la politique de répression et de la mise à l´écart de la communauté noire et cela dans tous les domaines de la vie politique. Ainsi en septembre de la même année, prenant comme prétexte la parution du “Manifeste du Négro-mauritanien opprimé” Le Systéme d´Apartheid mauritanien (parce qu´il n´avait pas des idées à nous oppose), procéda arbitrairement à l´arrestation d´une centaine d´intellectuels noirs qui furent inhumainement torturés, sommairement jugés et lourdement condamnés. Plusieurs centaines d´autres seront révoqués de la fonction publique ou contraints à l´exil. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte !
En 1987, les corps militaires et para-militaires connaitront une véritable purge qui se soldera par la radiation de plus de 3000 gendarmes,policiers,gardes et militaires noirs. Cette politique de mise à l´écart s´accompagne d´une volonté délibérée d´extermination de la communauté négro-mauritanienne déjà largement sous représentée dans tous les secteurs de l´Etat.
Ainsi, après l´assassinat le 6 décembre 1987 des lieutenants BA SEYDI,SY SAÏDOU et SARR AMADOU, le régime de Maawiya Ould Taya s´attela à la liquidation physique des prisonniers politiques envoyés à cet effet à la prison mouroire de Oualata, l´écrivain TENE YOUSSOUF GUEYE, L´ADJUDANT-CHEF BA ALASSANE OUMAR, LE LIEUTENANT BA ABDOUL GHOUDOUSS, LE DOYEN DJIGO TAFSIROU y seront froidement assassinés. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte !
Le pouvoir engagé dans le démentélement de la composante noire s´appuie essentiellement sur les Baathistes et Nassériens qui infiltrent l´appareil d´Etat à tous les niveaux en rivalisant d´ardeur dans la répression des noirs. C´est ainsi que durant toute l´année 1988, les exactions contre les noirs étaient devenues des pratiques quotidiennes.Les élèves , étudiants et civils noirs qui avaient tenté de manifester contre cette situation d´injustice à Nouakchott furent arrêtés, torturés et obligés à payer des lourdes amendes que les officiers de police baathistes fixaient selon leurs humeurs. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte!
A Kaédi, Djowol, Rosso, Sélibaby, Nouadhibou, Zouératt,c´est la même atmosphère de terreur contre les civils noirs avec arrestation, tortures et amendes á ceux qui disaient non à l´injustice.
C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte !
Durant la même année 1988, le gouvernement envoya dans le Sud des brigades militaires exclusivement beydanes, pour exproprier les terres, perquisitionner et désarmer les villageois négro-africains, en état de siége.
C´est dans ce contexte de chasse à l´homme généralisée contre les Négro-africains que survient le conflit “sénégalo-mauritanien”.
En avril 1989, le régime raciste organise des massacres de plusieurs centaines de Négro-mauritaniens et autres ressortissants Ouest-africains, des viols, des vols, des déportations au Sénégal et au Mali de plusieurs dizaines de milliers d´authentiques citoyens noirs, la confiscation de leurs biens, l´arrestation de plusieurs d´entre eux, dont plusieurs souvent froidement abattus.
Cette politique délibérée d´extermination des Noirs a fini par instaurer une très grave situation interne qui a fait des Négro-mauritaniens des otages du Système.
Le choix par le régime du génocide de la composante noire comme solution aux problèmes mauritaniens,à travers les événements d´Avril 1989, dans leur préparation méthodique, les conséquences horribles montrent à quel point la communauté noire est menacée.
La persistance en 1990 du même climat de terreur sur toute l´étendue du territoire marquée par les déportations,des licenciements massifs,la systématisation des exécutions sommaires qui prennent l´allure de véritables massacres atteste la réalité de cette menace.
C´est cette même logique de despotisme sanguinaire qui a conduit le régime de Taya à procéder en fin 1990 début 1991 à l´arrestation pour la nième fois de plus de 3.000 Négro-mauritaniens civils et militaires accusés,selon les “prétextes classiques” d´avoir comploté contre l´Etat.
En mars 1991, avec la pression nationale et internationale, la dictature raciste recula et procéda à des “remises de peine grâcieuses” qui devaient aboutir à la “libération”des prisonniers politiques Négro-mauritaniens.
Le bilan de ces arrestations s´éléve à des centaines de morts tous éxécutés extra-judiciarement,des milliers de cas de disparition dans la vallée pendant ces années de braise. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte !
Aujourd´hui, dans la totalité des villes et villages du Sud (de Ndiago à Daffor) il n´y a aucune famille négro-africaine qui ne compte en son sein, soit un exilé, soit un déporté, un assassiné ou estropié á vie. C´est un petit rappel pour ceux qui ont une mémoire courte !
Le 4 septembre 86, l´histoire des années de braise commencait par là et elle continue toujours à faire des ravages. Que beaucoup de larmes,de sang et de salives versés !
Les FLAM portèrent les premières le flambeau de la résistance et elles continuent à lutter contre vents et marées et à résister aux coups d´assaut du système et de ses valets.
Une chose est sûre: on a beau critiquer, dénoncer, réformuler, réformer, refonder, on revient au même constat du Manifeste du Négro-mauritanien Opprimé 1986 et reformuler ses recommandations: le dialogue inter-communautaire pour un Etat juste, égalitaire et non-racial.
A cette occasion nos pensées pieuses et militantes vont à nos martyrs tombés sur le champ d´honneur à Oualata, Djreïda, Inal, Azlat et Nbeyka.
Et la lutte continue!
L’éditorial de La Nouvelle Expression : 28 novembre !
51 années de souveraineté internationale. Un demi-siècle que la Mauritanie est indépendante. On peut aussi dire que c’est là 51 années de quasi-effectivité des attributs de l’Etat mauritanien dont surtout l’armée. Pour preuve, cette année, l’institution militaire a été fêtée et non la naissance de ce pays, don du désert et de l’océan atlantique. Pour l’occasion, l’institution militaire a montré ses muscles. Des armes flambant neuf ont été exhibées, comme pour justifier la fortune engloutie par notre défense nationale. Le 28 novembre, lui, date de naissance de ce pays, raison d’être de cette armée, n’a pas été fêtée comme il se doit. Juste une cérémonie humble pour ne pas dire tristounette. En tout et pour tout une levée de couleurs et quelques décorations dans l’enceinte du Palais présidentiel. Et c’est tout. Et à la revoyure !
Cette journée symbole, non commémorée à sa juste valeur cette année, est aussi, depuis 1990, une occasion de recueillement et de prières. Un jour d’étonnement et d’incompréhension. Des hommes ont été froidement arrachés à la vie par leurs frères et compagnons d’armes. Le paroxysme de la boucherie qu’on ne pouvait jamais imagier possible ici en Mauritanie, une République Islamique. Les faits dépassent l’entendement, tant la cruauté des actes commis relève du comportement fauve d’animaux féroces et enragés.
Les planificateurs et exécutants des hommes tués ou pendus d’Inal, et tant d’autres, vivent parmi nous ; dans l’impunité (encore) totale. Certains d’entre eux, promus à des échelons supérieurs, continuent à penser et à décider pour nous. Pourtant la barbarie des ces hommes qui, pour fêter la date symbole de la naissance de la Mauritanie, est plus que manifeste et ne saurait ainsi être passée sous silence indéfiniment.
Si tant il est vrai que ce pays veut tourner la page sombre de son histoire sanglante. Les hommes qui ont commis ces crimes ne méritent pas que la Mauritanie les protège ; ces ignobles individus doivent rendre des comptes à cette nation qu’ils ont violentée, la Mauritanie ne pouvant pas continuer à souffrir sous le poids de la culpabilité et le déshonneur de ces criminels pourtant bien connus.
Des criminels qui doivent répondre devant la justice des hommes pour le bien de ce pays avant le châtiment de l’au-delà, celui-là inévitable car le pouvoir ne peut les soustraire de cela. Et c’est après seulement que le peuple, uni comme un seul homme, pourra fêter son armée et la souveraineté de la Mauritanie.
Seydi Moussa Camara- La Nouvelle Expression