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FLAMNET-CULTURE: « Les relations entre le Fuuta Tooro et l’émirat du Brakna (Moyenne vallée du Sénégal). Un terreau du colonialisme français. 1850-1903 ».Par Ibrahima Abou Sall- Historien-chercheur
Jam weeti, jam nyalli, jam hiiri, jam waali
B/ L’intervention française dans les conflits entre Halayɓe et Awlad Seyyid 1880-1887
Au cours du nduŋngu (saison des pluies) de l’année 1879, les terres de la rive droite avaient été plus largement inondées, contrairement à l’année 1875. En conséquence, les Halayɓe se consacrèrent beaucoup plus à leurs lougans situés sur cette rive. L’émir des Brakna, Sîdi Eli Wul Ahmeddu 1er, décida, lui aussi, d’augmenter le tribut que ces cultivateurs devaient payer chaque année[1]. Les Halayve refusèrent, et « (…) Sidi Ely les chassa de son territoire et prit tout ce qui avait quelque valeur »[2]. Il se saisit de nombreux cultivateurs qu’il vendit ; mais « (…) les Toucouleurs et Abdoul Boubacar (…) aidèrent au rachat (…) » des hommes libres.
Les Halayɓe eurent l’occasion de se venger en organisant de nombreux rezzu contre les Awlâd Seyyid. Ces derniers obligèrent leur émir à user de représailles contre tous les villages compris entre Daara- Halayɓe et Ɓokki « De ces pillages réciproques, il résulte que les Aleïbés ont plus pillé que les Maures et que ces derniers sont honteux d’être dépassés dans ce genre d’affaire où ils excellent»[3]. Face à la gravité de cette situation qui était en sa défaveur, Sîdi Eli se plaignit auprès de Brière de l’Isle à qui il demanda si les Halayɓe étaient réellement ses sujets, car dans la négative, il allait leur envoyer « (…) une armée, qui brûlera leurs villages et qui les exterminera jusqu’au dernier (…) »[4]. En 1880, l’émir des Brakna était également en mauvais termes avec Laam Tooro Mammadu MBowba Sal qui l’avait accusé d’encourager ses sujets, et particulièrement les Twâbîr, à plonger sa province dans une totale désolation. L’émir était très aux faits des conflits permanents qui opposaient les habitants du Tooro à leur souverain. Il les encourageait, en effet, à se débarrasser de lui, pour mettre à sa place son cousin Sidiiki Sal.
La situation commença à s’aggraver en octobre, lorsque l’émir fit piller et brûler Dubbuqnge[5] (rive droite) et Demet (rive gauche), après avoir massacré les habitants de ces deux villages. Toujours dans le territoire des Halayɓe, les villages de Sinyncu Daŋɗe Ceenel, NDormbos, Dubbuŋnge et Demet, Ɓokki dans le Laaw furent constamment menacés. Pour justifier toutes ces attaques, Sîdi Eli II avait accusé ses voisins d’avoir commis de « (…) nombreux pillages sur ses états (…) » et leur avait reproché « (…) leur habitude d’offrir asile à ses ennemis –Oulad Ahmed-(…) ». « (…) J’ai souffert tout avec patience, jusqu’à ce que Lam Toro m’ait conseillé de les piller à mon tour, si lui ne pouvait les empêcher de me faire du tort (…) »[6].
Hammee NGaysiri Sal n’avait pas hésité, dès son arrivée à la direction du Tooro, à faire appel discrètement à Sîdi Eli Wul Ahmeddu 1er pour l’aider contre la tendance des Tooraŋnkooɓe qui refusait de reconnaître son autorité ; d’autant que ni lui ni les autorités françaises ne voulaient de la présence des Halayɓe sur la rive droite. Cette politique française avait encouragé encore l’émir à revendiquer « sa rive », en considérant que ce qu’il faisait était « (…) loin d’être une violence et un pillage (…) »[7]. Une délégation de notables Halayɓe se rendit auprès de celui-ci pour négocier la paix. L’émir leur posa des conditions sans lesquelles il n’autoriserait pas les habitants à venir cultiver leurs propres terres sur la rive droite : Toute famille lui donnerait une pièce de guinée (parmentier) et un quart de mil ; tout homme libre lui donnerait vingt pièces de guinées (dix en filature et dix en parmentier), et un bon fusil. Il exigea en outre quarante pièces de guinées pour indemniser un de ses princes dont la captive avait été enlevée par des Halayve, et la restitution de trois captifs appartenant à des seeremɓe (marabouts). Les Halayɓe rejetèrent l’ensemble de ces exigences, car ils ne reconnaissaient nullement l’autorité de cet émir sur leurs territoires de la rive droite du Maayo Mawngo
Le gouverneur par intérim, Deville, chargea alors le capitaine Rémy, le directeur des Affaires politiques, de rétablir l’accord entre les Halayve et les Awlâd Seyyid[8]. « J’ai fait venir à Podor les principaux notables Aléïbés », écrivit-il au gouverneur ; « (…) ils m’ont affirmé qu’ils désiraient s’arranger avec Sidi Ely. Ils veulent que les prisonniers leur soient rendus mais ils comprennent difficilement qu’ils doivent de leur côté rendre également une partie des biens qu’ils ont pillés. Cette question des prisonniers leur fera accepter toutes les conditions »[9]. Mais la mission Rémy échoua. Les deux parties continuèrent d’ignorer les mises en garde répétées du gouverneur et du laam Tooro. L’émir avait recommandé « (…) à tous ses Maures qui n’ont aucune affaire avec personne qu’aux Aléibé ; ne faut pas qu’ils aillent aux villages du Toro »[10] . Ce qui n’empêchera pas des membres de la tribu Arâlîn d’attaquer le village de Lobbudu Duwe, dans le Dimat, le dimanche 24 décembre 1882. Le vendredi 29, une autre bande d’Arâlîn enleva un troupeau de moutons à Daara Halayɓe après avoir tué quatre personnes et blessé six autres. « (…) j’ai écrit à Sidi Ely (…) », informa Rémy au gouverneur Canard « Je lui ai dit qu’il violait les traités, qu’il ne pouvait accepter la responsabilité de pareils actes de pillages et qu’il devait hâter son retour vers Podor pour réparer les torts commis. Je lui ai dit que vous serez très mécontent et que le seul moyen d’arranger ces affaires était d’en parler avec vous. Je l’engageais fortement à venir à St-Louis »[11].
A la suite de cette succession de pillages, des mesures de protection furent prises en janvier 1882 par le capitaine Rémy. Il recommanda aux chefs de villages de ne pas accueillir des Bîdhân en armes sur leurs territoires, de ne pas les laisser piller sans se défendre. Les chefs de villages conviendraient entre eux des signaux pour se porter secours ; ils signaleraient au commandant de Podoor tout mouvement suspect de la part des Bîdhân et de leurs Abîd. Pour permettre aux Aynaaɓe de faire paître leurs troupeaux sans crainte d’être attaqués, les chefs veilleraient à ce que ceux-ci soient en nombre suffisant et armés, et à ce qu’un campement général soit établi pour la nuit. Des gardes seraient placés sur des points éloignés et surveilleraient les routes empruntées habituellement par les Bîdhân[12].
Toutes ces mesures de protection ne mirent pas le pays à l’abri de l’« embrassement ». L’interprète Abdullaay Kan proposa alors à ce « (…) qu’on arrange entre eux ou qu’on les laisse se débrouillaient »[13]. La violence des rapports entre Halayɓe et Awlâd Seyyid atteignit son point culminant le dimanche 29 janvier 1882, lorsque les premiers tombèrent sur le camp de l’émir qui était installé au nord de Dubbuŋnge. Sîdi Eli II avait recommandé à ses sujets d’empêcher les habitants de Demet, la capitale politique du territoire des Halayɓe, d’aller prendre de l’eau au fleuve. Ses guerriers tiraient sur toute personne qui se présentait. Parmi les victimes, des femmes qui venaient puiser de l’eau (ƴoogol), faire du linge (guppol) sur les berges. Face à cette situation, elles décidèrent de faire une grève de ménage : plus de préparation de repas en accusant leurs hommes de couardise en face de ces Safalɓe jusqu’à ne pas sécuriser le territoire des Halayɓe Pendant ce temps, d’autres bandes s’attaquaient aux autres villages du territoire des Halayɓe.
C’est dans un dernier sursaut de désespoir que les Halayɓe décidèrent de réagir en s’attaquant au camp de l’émir Sîdi Eli Wul Ahmeddu II. Pour préparer cette action, le Conseil des Anciens des Halayɓe (Batu mawɓe Halayɓe) avait pris, en toute discrétion, une décision capitale qui eut des conséquences importantes dans les relations entre les Halayɓe et les Awlâd Seyyid. De jeunes combattants volontaires furent envoyés à Saint-Louis où ils séjournèrent pendant près d’une année sous le prétexte d’y travailler. En réalité, l’objectif précis était de trouver des armes à feu pour préparer une attaque contre les tribus ennemies du Brakna, particulièrement leurs ennemis classiques, les Awlâd Seyyid. Les fusils obtenus furent envoyés discrètement en stockage à Demet[14]. Les Awlâd Seyyid y perdirent quarante guerriers. Ahmeddu fut blessé tandis que son fils était fait prisonnier. « Quatre mille moutons, deux cents ânes, vingt chameaux, vingt bœufs, un cheval (…) » furent enlevés par les troupes des Halayve qui poursuivirent l’émir et ses troupes jusqu’aux environs de Gural[15].
Laam Tooro Sidiiki Sal[16] fut incapable de rétablir la paix entre Halayɓe et Awlâd Seyyid. En réalité, il n’était pas étranger à cette exaspération des relations conflictuelles entre les populations de cette province rebelle contre le laam Tooro et les Awlâd Seyyid. En effet, se voyant incapable de réprimer ses «sujets» «insoumis», il avait donné secrètement à Sîdi Eli Wul Ahmeddu 1er l’autorisation de piller les villages des Halayɓe qui contestaient son autorité politique sur leur territoire. L’appel que Sîdi Eli II lança à l’émir des Trarza pour l’aider à se venger de ses ennemis suscita malgré tout des inquiétudes chez les Français. D’autant que des chefs du Tooro opposés au laam Tooro, et quelques autres du Laaw (Kasga, Ɓokki et Waalalde) avaient envoyé des troupes de soutien à leurs compatriotes Halayve. Le gouverneur Canard se rendit personnellement à Podoor en février 1882 «(…) pour y régler diverses affaires avec le Toro et les Maures Bracknas ». il recommanda vertement à Ibra Almaami Wan de ne pas se mêler des affaires qui ne le concernaient pas, et d’empêcher ses «sujets» de lui causer des ennuis qui ne manqueraient pas de lui arriver en ne suivant pas ses conseils »[17]. Malgré les mises en garde des Français auprès des Brakna, l’héritier présomptif de l’émirat, Ahmeddu Wul Sîdi Eli Wul Ahmeddu 1er et le représentant des intérêts de l’émir à Podoor, Hammee NJaak poussèrent celui-ci à la vengeance. Cela devenait d’autant plus nécessaire pour Sîdi Eli II que la victoire de ses ennemis avait grisé ces derniers qui continuèrent de menacer ses sujets. Dans le courant du mois de juin 1882, des bandes armées de Halayve ciblèrent leurs attaques contre des caravanes du Brakna qui venaient échanger leur sel au luumo[18] de Haayre Laaw[19]. En juillet 1883, le Directeur des Affaires politiques, Victor Ballot, qui traversait le territoire des Halayve, « (…) contraignait Siddik à punir les pillards Aleibés (…) », tandis que le gouverneur Bourdiaux prévenait Sîdi Eli II que les moindres pillages commis par ses sujets seraient remboursés sur sa propre indemnité ; mais de telles menaces n’intimidèrent guère l’émir dont les sujets recommencèrent à piller eux-aussi des villages de Halayve dès la fin du nduqngu de l’année 1883. En février 1884, l’alarme fut donnée par le commandant du cercle de Podoor, Pagès, après un pillage qui s’était soldé par un vol de soixante-dix-sept bœufs et de l’assassinat de deux Aynaaɓe. Le gouverneur Bourdiaux envoya Victor Ballot en mission dans le Daande Maayo (vallée du fleuve) pour exiger de l’émir la réparation de tous ces pillages commis par ses sujets. Pour la circonstance, il n’excluait pas une intervention militaire, « (…) pour ôter aux pillards toute envie de récidiver (…) » (Ganier, 1968). Ni les différentes missions effectuées par les directeurs successifs des Affaires politiques ni les menaces d’une intervention militaire ne réussirent à mettre fin à ces pillages et aux relations conflictuelles entre les Halayɓe et les Awlâd Seyyid. La résolution de ces crises ne dépendait pas uniquement des négociations françaises, mais aussi de la volonté et de la motivation des populations d’établir une paix durable entre elles. Or, l’élément déterminant dans ces relations résidait dans le problème de l’occupation de la partie septentrionale (rive droite) du territoire des Halayɓe. Devant ce que ces derniers considéraient comme un droit acquis parce qu’ayant occupé et valorisé les premiers les terres de la rive droite bien avant l’invasion armée des Beni Hassân, les Awlâd Seyyid brandirent toujours le droit requis par la force armée pour justifier l’occupation des terres de la rive droite. Une constante qui n’était pas seulement spécifique aux relations entre ces deux groupes de populations. C’était là tout le fondement des sempiternelles relations conflictuelles entre les Fulɓe, les Wolof, les Sooninko, les Xaasoŋnke vivant sur les territoires du bassin du Maayo Mawngo d’une part, les populations arabo-Sanhadja d’autre part qui avaient envahi les territoires septentrionaux de la vallée du Maayo Mawngo. D’où ce fameux adage en Pulaar que nous rappelons toujours parce que installé dans l’inconscient socioculturel des Fulɓe du Fuuta Tooro, et qui dit : « Worgo hoɗaa ko nde Rewo roŋnka »[20] ou la fameuse réponse donnée par l’Almaami Abdul Kaadiri Kan (1774-1805) à une délégation de Jaawɓe de Gural (près de Hoore Weendu, actuel lac d’Aleg) venue se plaindre des exactions dont ils faisaient l’objet de la part des Arabes Awlâd Abdallah dont les ancêtres Beni Hassan avaient échoué dans la région au XVIème siècle : « hol hammee hol Hoore Weendu »[21]. Une problématique grave qui s’était installée dans la pérennité dans le bassin inférieur du Maayo Mawngo en raison de ses enjeux économiques (agriculture, élevage, pêche, traite des esclaves, voie de communication et pénétration de la côte Atlantique à l’intérieur de l’Afrique de l’Ouest).
L’émir signa néanmoins un traité de paix avec les Halayɓe, en mars 1884. Chacune des deux parties remit « (…) un enfant notable pour gage de l’union qui doit exister entre elles »[22]. Pour marquer leur hostilité au pouvoir du laam Tooro, les Halayɓe refusèrent de payer cette année-là la dîme à Sidiiki Sal. Comme s’ils cherchaient à heurter l’orgueil de celui-ci, ils firent « (…) présent à Sidy Ely de 2000 pièces de guinée »[23].
La conclusion de ce traité amena de nouvelles complications dans les relations entre les Brakna occidentaux et les habitants du Tooro. Ces difficultés se traduisirent par la rupture entre l’émir et ses sujets H’râtîn Awlâd Tânâk qui avaient rallié les Halayɓe en janvier 1886. Cette communauté tribale pillait toute la zone comprise entre Haayre Laaw et Podoor. Les Haayraŋnkooɓe (Habitants de Haayre Laaw) furent particulièrement touchés par ces pillages, et reprochèrent avec sévérité aux Halayɓe d’abriter cette tribu pillarde qui leur enlevait enfants, bestiaux et récoltes. Sîdi Eli II, vieilli et affaibli du point de vue militaire par le départ de cette tribu qui représentait une partie essentielle de sa force armée, était incapable de rétablir son autorité politique et militaire. Incapable de réprimer tous ces pillages commis par les Twâbîr, les Awlâd Tânâk et les Awlâd Ahmed, il se contenta de prévenir chaque fois le poste de Podoor des mouvements de ces tribus pillardes afin que les Français prennent leurs dispositions de sécurité. Cette faiblesse militaire et politique de Sîdi Eli II fut exploitée avec opportunisme par les Halayve qui reprirent leurs hostilités contre les Awlâd Seyyid en pillant leurs caravanes de commerce et leurs campements. Leurs troupes allaient jusqu’à provoquer « (…) Ahmedou, l’héritier présomptif du trône des Brachnas »[24]. Le commandant du poste de Podoor, A. L. d’Albeca jugea « (…) qu’une démonstration militaire, une promenade de cavaliers, aurait pour effet de calmer les esprits »[25]. Le règlement du conflit entre Halayɓe et Awlâd Seyyid, et entre Halayve et Haayraqnkoove devait faciliter, selon lui, le commerce des petites escales du cercle de Podoor, et surtout le commerce du mil avec le Fuuta Tooro. La «pacification» définitive de tout le Fuznaaŋnge Tooro et une répression plus efficace contre les pillards permirent de rétablir néanmoins un calme relatif. Cela était d’autant plus important pour les Français que l’occupation du dernier foyer de résistance dans le Fuuta Tooro était imminente.
Un extrait de mon ouvrage : « Les relations entre le Fuuta Tooro et l’émirat du Brakna (Moyenne vallée du Sénégal). Un terreau du colonialisme français. 1850-1903 ». (Editions l’Harmattan. Paris. Avril 2013. 302 pages. Pp. 209-215. 5ème partie/Chapitre 1er)
[1] Les indemnités que l’émir payait aux Tooraŋnkooɓe victimes de pillages l’avaient ruiné. Il obtenait difficilement du gouverneur quelques avances de son indemnité annuelle. Il avait décidé de compenser ces pertes en augmentant le njoldi et l’asakal qu’il faisait payer aux Halayɓe afin qu’il les laisse cultiver leurs terres de la rive droite (Halayɓe Rewo)
[2] ANS. 13G 33/4. Feuille 9. Situation politique du fleuve 1873-1882. Saint Louis, le 10 janvier 1882. Mission du directeur des Affaires politiques dans le Fleuve. Le capitaine Rémy
[3] ANS. 13G 33/4. Feuille 9. Situation politique du fleuve 1873-1882. Saint Louis, le 10 janvier 1881. Mission du directeur des Affaires politiques dans le Fleuve. Le capitaine.
[6] ANS. 9G 4. 1881. Q. d. 97. ; Q. d. 98. Le nouveau Laam Tooro se nomme Hammee NGaysiri Sal, élu depuis le mois de juin 1881 à la place de Mammadu Abdul Sal
[13] ANS. 13G 130. Pièce 28. Podor, le 25 octobre 1881.
Nous avons transcrit cette phrase dans son intégralité avec la faute grammaticale, dans le principe du respect d’une citation.
[14] Informations recueillies le vendredi 31 décembre 1976 à Ɓoggee Dow auprès d’Aamadu Demmba Bah (décédé le dimanche 27 janvier 1980 à Ɓoggee Dow). Cette attaque est immortalisée aujourd’hui par la fameuse chanson assez connue au Fuuta Tooro: « Sîdi Eli yoo gorel hooti Eleega » (Oh ! le petit Sîdi Eli a fui ; il est retourné à Aleg.
[15] Moustapha Kane situe cet événement entre juillet et août 1884 alors qu’il s’est déroulé dans la nuit du samedi 28 au dimanche 29 janvier 1882.
[21] « De quel droit un Ahmed a-t-il de s’imposer sur les terres de Hoore weendu ? » (Sous-entendu qu’un Arabo-berbère est totalement étranger sur ces territoires).
[22] ANS. 13G 146. Pièce 145. Rapport politique. Aéré, le 31 mars 1884. Le chef de poste du directeur de l’intérieur. st-Louis.
[23] ANS. 13G 146. Pièce 145. Rapport politique. Aéré, le 31 mars 1884. Le chef de poste du directeur de l’intérieur. st-Louis.
[24] ANS. 13G 146. Pièce 145. Rapport politique. Aéré, le 31 mars 1884. Le Chef de poste au directeur de l’Intérieur. St-Louis.
[25] ANS. 13G 132. N° 382. Pièce 224. Rapport politique- évènements 1886-janvier 1887. Podor, le 1er février 1887.
Baaba Maal à Nouakchott : « Je suis encore jeune pour chanter et danser »
La Tribune – Même à l’âge de 61 ans et avec ses grands projets qu’il a lancé comme par exemple le centre culturel Fuuta dont l’espace prévu est de deux héctares à Guiya, Baaba Maal ne compte pas pendre sa retraite, maintenant !
C’était ce vendredi 11 avril 2014 à l’hôtel T’fouïla de Nouakchott lors d’un point de presse organisé par l’association des femmes de Bagodine qui l’a fait venir dans la capitale mauritanienne sous le slogan « Non aux violences faites aux femmes et aux filles ».
Baaba Maal sera là, toujours, pour chanter et danser. Musicien sénégalais, ambassadeur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Baaba Maal a appelé les artistes mauritaniens à s’impliquer davantage dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles, mais aussi contre le VIH Sida.
Après trois ans d’absence à Nouakchott, Baaba Baydi samb Boubou Yacine a fait beaucoup de choses notamment dans la lutte contre le VIH Sida, domaine dans lequel il reste “encore beaucoup de chose à faire, même s’il y a des acquis“, selon Baaba Baydi Maal.
Il avait lancé un programme d’activités devant accompagner l’initiative de l’ONUSIDA intitulé “Protect the goal“. Il s’agit de mobiliser et de faire participer activement les jeunes pour arriver à un objectif de “zéro infection et zéro décès liés au Sida“, dans le cadre notamment des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).
D’ailleurs, l’ONUSIDA l’avait désigné pour diriger un programme culturel en direction de la prochaine coupe du monde de football prévue au mois de juin 2014 au Brésil.
Un centre culturel au cœur du Fuuta !
L’artiste sénégalais Baaba Maal a souligné qu’il a un projet très ambitieux. Il s’agit de la création d’un centre culturel de deux héctares qui sera construit à Guiya dans le département de Podor, son village natal. La première pierre de ce centre a été posée il y a quelques mois. Après le festival des Blues du fleuve, Maître Aissata Tall Sall, selon l’artiste, lui a remis une somme de cinq cent millions de FCFA pour la création de ce centre.
D’autres partenaires, selon Baaba Maal, ont, également, répondu à l’appel. Les choses avancent, selon le roi du Yéla. Ce centre culturel ne concerne pas seulement la culture Pulaar, selon Baaba Maal. Toutes les autres cultures du Fuuta également y seront représentées comme par exemple le Sooninké, Wolof ou le Hassaniya. Selon Baaba Maal, le Président sénégalais Macky Amadou Sall lui a promis d’apporter son soutien pour la création de ce somptueux centre au cœur du Fuuta.
Il faut dire que Baaba Maal est un artiste œuvrant aussi pour les causes du développement, aux côtés de nombreuses populations notamment africaines et d’institutions internationales. Du coup, ses activités sur le terrain lui ont valu de recevoir en 2011 le Prix ”Valiant Awards”. Tenez vous bien, Baaba Baydi Samb Boubou Yacine Maal est le premier musicien dans le monde à recevoir cette récompense.
Bogodine a réussi !
Auparavant, Mariame Bélal Sao, présidente de l’Association des femmes de Bagodine avait présenté à la presse les ambitions dont s’est fixée son association. « Les recettes que nous avons obtenues après les deux concerts avec Baaba Maal vont être utilisées pour financer nos projets », a-t-elle dit.
«Notre objectif est de lutter contre la pauvreté et les violences faites aux femmes et aux filles dans notre pays. Nous avons crée cette Association depuis 2003 à Bagodine pour, justement, combattre concrètement la pauvreté dans nos villages pour le développement de notre pays. Nous voulons également lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles. Il faut que les hommes sachent qu’ils ne peuvent pas avancer s’ils continuent de désocialiser les femmes », a déclaré en substance Mariame Béla Sao.
« Nous remercions Baaba Maal d’avoir accepté notre invitation puisque sans lui , il nous serait difficile de pouvoir amasser cet argent. Il a diminué son cachet pour nous, afin, que cet événement ait lieu», a-t-elle ajouté.
Quant à Koumba Bocar Bâ, chargée de communication de l’Association, « c’est tout le village de Bagodine qui s’est mobilisé pour que cet événement soit une réussite. Les cadres, hommes et femmes politiques et de culture, ont tous apporté leur contribution à cette Association pour la réussite de ces deux soirées», a dit elle déclaré. Après l’avoir invité à Bagodine il y a un an, Bagodine l’invite encore à Nouakchott pour deux soirées hallucinantes, cette fois-ci au nom des femmes du village.Le nouveau maire de la Commune et ancien ministre Bâ Bocar Soulé a été vivement chanté et remercié par l’artiste sénégalais.
Désormais, entre Baaba Maal, Bagodine et Bâ Bocar Soulé, c’est un amour, une maladie que personne ne peut soigner sur terre !
Mamadou Demba Sy (MDS)
Rentrée littéraire : Djibril Hamet Ly, hôte de Paroles d’ Ecrits animées par Manuel Bengoéchéa
Le 21 novembre dernier, Djibril Hamet Ly était également l’hôte de Paroles d’ Écrits animées par Manuel Bengoéchéa pour la présentation de sa pièce de théâtre, “L’arbre à la cour criminelle”, à l’Institut Français de Mauritanie (IFM).
Quelque part sur terre, dans un Palais de justice, l’enfant arbre est appelé à la barre pour témoigner au procès de ses propres bourreaux, les hommes. Le décor ressemble à celui d’une cour de justice où l’on retrouve l’avocat général, le président de séance, l’avocat de la défense, de la partie civile, les témoins à charge et à décharge…Autant de symboles qui rappellent un procès.
“Votre honneur, qui tiendra compagnie à l’homme si je ne suis plus ? Où pense-t-il pouvoir vivre seul sur cette terre ? L’homme risque fort d’être rattrapé par sa bêtise. J’ai été témoin de violences que la raison ne peut accepter. J’ai vu des arbres massacrer”, lance l’enfant arbre, lu par Manuel Bengoéchéa.
La déforestation et l’extinction des espaces verts ont inspiré l’écriture de la pièce de théâtre “L’arbre à la cour criminelle”. “Je retourne à mon village après plusieurs années. La forêt que je traversais et qui était touffue, dans laquelle il était difficile de passer, est devenue un espace nu. Rien que des arbres secs et un lac sec. Plus rien. Je constate choqué”, se rappelle encore Djibril Hamet Ly.
A l’époque, il avait 33 ans et était inspecteur de l’enseignement fondamental. Cette pièce de théâtre rappelle le mal enfanté par la main de l’homme qui cherche du bois de chauffe, qui transforme le bois en charbon ou encore en meuble.
Puis, les discussions sont lancées entre lui et le public rassemblé sous la khaima. Il répond aux questions de l’assistance, balaie d’un revers de la main l’idée selon laquelle, “le théâtre n’est pas une prépondérance culturelle mauritanienne”. Il cite, par exemple pour convaincre l’auditoire, Hamame Fall qui jouait régulièrement du théâtre à Nouakchott et à Atar. Ensuite, il évoque ces “troupes théâtrales qui sont filmées, qui jouent, qui se déplacent de villes en villes” en citant par exemple Sifa Hanki Pinal Handé, Timtimol ou encore Jallude Jam.
Passé ce point de vue sur le théâtre en Mauritanie, celui dont l’écriture théâtrale est poétique, comme il le revendique évoque ses projets d’écriture constitués de nouvelles, d’un roman épistolaire en français, d’un roman en Pulaar, d’un panorama de la littérature peule en Afrique de l’Ouest, d’un dictionnaire encyclopédique en Pulaar, d’un recueil de poèmes sur sa vie carcérale.
Comment l’auteur de cette grande œuvre non encore publiée écrit-t-il ? “J’écris sur plusieurs fronts à la fois. Je me fatigue d’un projet, je me repose avec un autre. Voilà comment j’écris!”Belle optique de transformer le temps, son existence, sa chair spirituelle, son vécu, son passé et ses interprétations de la vie mouvementée.
Babacar Baye Ndiaye
Source: cridem
Livre : Une nuit à Madina Do Boé d’Abderrahmane Ngaïde
La trame de ce récit s’inspire de la réalité des drames quotidiens que vivent et entretiennent les dirigeants africains et leurs foules.Tout est tissé à travers la vie et le discours du personnage principal, le jeune philosophe Baltazar.
« Le palais présidentiel est encore en ruines. Les chirurgiens de l’hôpital qui ont réceptionné le corps sont en train d’en recoudre les morceaux.Ils reconstituent ce qu’il en reste afin de déclarer, de manière formelle, la mort de celui qui présidait aux destinées du pays.
Un tas de chair humaine exposé aux visiteurs stupéfaits devant cette réalité devenue si courante qu’elle ne dérange plus personne dans la capitale.
Elle ne dérange plus les Africains de manière générale, car ils pensent que cette façon de faire mourir devrait être le sort de presque tous les dirigeants qui s’accrochent au pouvoir. Ceux qui ne savent pas qu’une retraite est possible, qu’une vie après le pouvoir existe ».
La trame de ce récit s’inspire de la réalité des drames quotidiens que vivent et entretiennent les dirigeants africains et leurs foules. Tout est tissé à travers la vie et le discours du personnage principal, le jeune philosophe Baltazar.
L’auteur grossit les images pour s’éprouver lui même et s’indigner devant une situation qui tend à devenir normale. Au fond du trafic en tout genre, apparaissent, en filigrane, tous les désordres qui tendent à annihiler les efforts des uns comme des autres pour penser un devenir meilleur pour cette partie du continent. Pour autant, l’auteur n’est pas pessimiste et croit fortement à un possible rebondissement.
Abdarahmane Ngaïdé est historien, essayiste, romancier et poète. Il vient de publier L’esclave, le colon et le marabout. Le royaume peul du Fuladu de 1867 à 1936, aux Éditions L’Harmattan.
Il publie aux éditions Le Nègre International (Sénégal/Dakar) un roman, Mbourourou Mbarara. Il termine la rédaction d’un autre livre intitulé Entretien avec le Pr. Boubacar Barry. De la source à l’embouchure ou l’itinéraire d’un historien de l’intégration.
Couverture : photo de l’auteur ISBN : 978-2-343-01711-2 14,50 € Editions L’Harmattan Date de parution 2013-11
Source: Le Renovateur
Mémoire Noire d’Ousmane Diagana : l’histoire dramatique d’un rescapé d’Inal et de Jreida
Mémoire Noire, réalisé par Ousmane Diagana qui signe ici son quatrième documentaire, a été projeté en avant-première ce samedi 2 novembre à Paris, à la Bourse du Travail.
Ce long-métrage raconte l’histoire d’un rescapé militaire des camps d’Inal et de Jreida. Il s’agit de l’auteur de L’enfer d’Inal, Mahamadou Sy, témoin des “années de braise”.
“En 1990, un coup d’Etat imaginé. En quelques mois, mon pays s’est transformé en camps de concentration pour des centaines de militaires et d’officiers Noirs. J’avais 6 ans. Je n’ai jamais compris pourquoi mon pays a basculé dans l’horreur et la haine raciales”, raconte le jeune réalisateur.
Le film débute avec la proclamation d’indépendance de la Mauritanie lue par feu Moktar Ould Daddah, avant de plonger le téléspectateur dans les prémices de la déchirure du tissu de la cohabitation communautaire. Tout bascule en 1990 lorsque des militaires et des officiers Noirs sont “accusés de comploter un coup d’Etat” contre Mâaouiya Ould Sid’Ahmed Taya au pouvoir depuis 1984. Arrestation, torture, pendaison, exécution.
Pour témoigner sur cette période douloureuse, Ousmane Diagana est allé chercher Mahamadou Sy, l’auteur d’Enfer d’Inal, qui vit à Paris depuis 1993, avec sa famille. L’histoire de ces “années de braise” sous le régime autoritaire de Mâaouiya Ould Sid’Ahmed Taya se confond avec celle de Mahamadou Sy.
Entre la Guerra à Nouadhibou, Inal et Jreida, Mahamadou Sy nous fait ressentir l’humiliation, la torture, la violence qu’il a subies pendant 6 mois, de novembre en avril 1990. Chaque jour, il voit mourir dans la douleur et la résignation, sous ses yeux pétrifiés, ses compagnons d’armes.
“C’est très difficile de se rappeler de tout cela. Voir des gens qui achèvent les pendus quand ils tardent à mourir. Ce n’est pas…”, soupire-t-il dans le film. “Il n’y a qu’une chose qui peut nous faire oublier tout cela : c’est qu’il y’ait un rétablissement de la vérité. La justice doit passer par là.Si, ce n’est pas fait, c’est des choses qui ne s’oublieront jamais”, souligne Mahamadou Sy devant la caméra d’Ousmane Diagana. Une manière pour lui et comme pour des centaines de familles de faire leur deuil et d’être en paix.
Entre émotions, confidences insoutenables et récit bouleversant et poignant, Mémoire Noire jette la lumière sur une page sombre de l’Histoire de la Mauritanie dont on refuse toujours d’éluder. Le film a été tourné entre Paris, Nouakchott, Inal, Jreida et Nouadhibou.
Babacar Baye Ndiaye
Source: boolumbal