Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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Mauritanie : La captation de l’État par l’idéologie panarabiste au cœur de l’accaparement des terres agricoles du Sud

Et, d’abord, comme dans le film : y a-t-il un pilote dans l’avion? Y a-t-il encore un ministre de l’agriculture au gouvernement? L’omniprésence de son collègue des affaires économiques dans le dossier OPA sur les terres du Sud, justifierait presque le soupçon d’emploi fictif. On ne voit et n’entend que M. Kane.

Pour la énième fois, et probablement pas la dernière, il vient d’accorder une interview qui fleure bon la contre-offensive à l’ancienne. Grosse ficelle et petites recettes éprouvées. Preuve quel le système éliminationniste du général se vautre de plus en plus dans le déni. Le préposé à l’agriculture étant aux abonnés absents, le ministre, couteau suisse, en charge des affaires économiques, sert de bouclier et chante un air de déjà-vu.

On a l’impression de subir à nouveau l’activisme désordonné et indécent du pouvoir du petit génocidaire Maawiyya Ould Sid’ AhmedTaya (12 décembre 1984 – 3 août 2005), de le réentendre niant avec le cynisme qu’on lui connaît avoir déporté un seul Mauritanien noir au Sénégal et au Mali. «Nous avons rapatrié des Sénégalais» éructait le sinistre histrion perclus de racisme et de complexes et qui ne pouvait concevoir la mauritanité d’un Négro-africain.

Il a fallu attendre sa chute pour que, sous la pression des mobilisations et des combats, s’entrouvre bien timidement la phase de reconnaissance, très partielle, de la tragédie. Le temps qui passe n’emporte ni les réflexes ni les automatismes. Dans un spectre pas si différent qu’il n’y paraît, la déclaration du ministre Kane fait écho, Dieu merci dans la seule stratégie du moins, à celle du grand horloger du génocide.

Toutes proportions gardées ! Lui aussi nie les accusations, pourtant justifiées de spoliations des terres. Il le fait sans réels éléments probants. «Il s’agit tout simplement du chemin inverse, du contraire du processus de ce que d’aucuns ont appelé « accaparement des terres» martèle-t-il. Arguments d’autorité. Et, surtout, déni de la part d’un ministre délibérément ou non amnésique mais en lévitation. « Notre » ministre oublie qu’on a affaire à un Etat-rouleau compresseur qui a conçu et qui met la dernière main à sa politique d’effacement des populations autochtones du Sud mauritanien et à leur remplacement programmé par le biais d’une colonisation de peuplement.

Qui ne voit pas que la Mauritanie du Sud est perçue et gérée comme un no man’s land, une friche  à valoriser mais sans ses autochtones rendus étrangers sur leurs terres? Les faits sont têtus et l’histoire bégaie. Les concepteurs du Group Areas Act, mur porteur du système de l’Apartheid, ont fait des émules. Ils peuvent être fiers de leurs héritiers.

La pitoyable ligne de défense de ce pouvoir, inerte, aux abois, qui en est désormais réduit à menacer et à intimider tout ce qui bouge est à son image: fantomatique et virtuelle. Alors à quoi bon de courser un mirage? L’essentiel n’est plus de démonter les incohérences de l’argumentaire des autorités. Elles y arrivent bien toutes seules par leur rhétorique hara kiri. Non, l’essentiel est ailleurs. Il est dans le fait bien plus sérieux que les exclus, ces parias de toujours, n’y croient pas. Bien que combatifs, ils sont désarçonnés. Loin d’être rassurés, ils doutent à bon droit de la parole publique. La confiance est plus que jamais rompue. Elle l’est depuis les années 1980 et rien n’a été fait pour la rétablir. Après tout, que vaut pour un pouvoir raciste, hégémonique et méprisant la confiance des «Intouchables» mauritaniens?

Un expert reconnu du développement rural concède :«l’interview (du ministre) ne reprend que la démarche classique que doit mettre en œuvre un Etat normal. Les propositions ne souffrent pas de cohérence en termes de partenariat entre les différentes parties intéressées». Mais, loin d’oublier l’essentiel, le même pose des préalables :«Il faut pour cela avoir d’abord une véritable politique agricole et une vision: l’encadrement technique, la recherche et la formation. Malheureusement la déstabilisation de l’unité nationale, l’exclusion manifeste ne participent pas à assurer une confiance d’autant que la citoyenneté de beaucoup n’est pas reconnue». Traduction : il manque l’essentiel c’est-à-dire la confiance.

Dans sa «Grande interview», le ministre oublie en effet que son propos n’a de sens que pour et dans un «pays normal » et qu’il représente à l’inverse un pouvoir abonné à une politique ségrégationniste dont le carburant est un ersatz de panarabisme au rabais, auto-satisfait, aux conséquences meurtrières. Piégé dans un système, il en devient prisonnier des pratiques et notamment celles de l’évitement. Interrogé sur les réponses aux protestations de villageois auprès des autorités suite à l’occupation depuis 2016 de leurs terres par un investisseur, le ministre répond :«je n’ai pas en charge la gestion des plaintes dont vous parlez. Mais je sais que notre gouvernement est animé d’une volonté réelle et permanente pour répondre à tout appel de justice d’où qu’il vienne».

En clair, le ministre renvoie la patate chaude à ses collègues de l’intérieur, de la justice…Il n’est pourtant pas ministre de l’agriculture non plus. Pourquoi cette exception? Pour rappel, les faits de prédation incriminés concernent une dizaine de villages dont Medina Fanaye, Sima, Tekane Ksar Mbairick, Niakwar, Mleiga… dans la région du Trarza. (Il est à noter que certaines de ces localités sont condamnées à voir leurs morts inhumés au Sénégal faute de terres disponibles et donc de cimetières. Les investisseurs, totalement étrangers à des considérations humaines, affectives, à l’histoire des communautés et peu soucieux de leur préoccupations et intérêts ont tout simplement trusté la totalité des terres ne laissant aucun espace aux vivants et pas davantage aux morts. Au passage, c’est à un sort identique que sont voués les Négro-africains qui décèdent à l’étranger sans avoir jamais pu être enrôlés pour des raisons souvent liées à des tracasseries de caractère discriminatoire. Ceux-là non plus ne peuvent reposer auprès des leurs en Mauritanie. Qui n’a d’égards pour les morts n’épargne les vivants.

Pour en revenir à la réponse ministérielle, elle en dit long sur la coordination et la cohérence gouvernementales et justifie les interrogations sur les réels lieux et détenteurs du pouvoir au sein du gouvernement. Certains ministres semblent se cantonner à un rôle de faire-valoir et se contentent d’exécuter des décisions prises par des gourous idéologiques invisibles et retranchés dans des cénacles qui leur sont inaccessibles. Ministres paravents! La recette du déshonneur. Paravents ou pas, à la fin on demeure comptable de ses actes. Le temps reste un juge implacable, y compris de ceux qui auront quitté la scène. Un fardeau lourd à porter pour les générations suivantes et, le cas échéant, par des proches qui n’auront rien à se reprocher.

Dans l’immédiat, on est en droit de demander des comptes. Qu’ont fait ce gouvernement et ceux qui l’ont précédé (auxquels il n’a pas été si étranger) face aux demandes de justice et de réparation des victimes et notamment des victimes des déportations ? Faut-il rappeler que les déportés-rapatriés attendent toujours d’être rétablis dans leurs droits. Le temps leur est plus que jamais compté. Par son attitude, le gouvernement nous fait comprendre que le Sud est pour lui tout sauf une priorité. Un no man’s land où tout est permis. Halal!

Vigilance! Il n’est pas superflu de rappeler que le système se réinvente et change de méthode. C’est cosmétique mais ça compte. Le pouvoir du général Ghazouani est adepte du grand chelem, du blanchiment intégral mais à bas bruit: fonction publique, système éducatif, entreprises publiques et privées, monde économique, médias, enseignement… et évidemment forces armées. Nominations et promotions monocolores partout et toujours.

S’il en fallait des preuves, deux faits récents viennent les apporter : une promotion entière de l’Ecole normale des instituteurs monocolore, un groupe tout aussi monocolore de jeunes soldats présentés comme les «meilleurs élèves d’une académie militaire». Pas étonnant du reste si la totalité des pensionnaires de ladite académie est issue de la même ethnie. Le dernier maillon de la chaîne est sur le point d’être scellé: les terres. Après, l’entreprise d’invisibilisation aura été intégrale. Tout se tient dans une logique implacable et bien pensée. Une «belle » continuité. Les prédécesseurs avaient fait le plus gros en mettant en oeuvre l’ethnocide culturel, les génocides physique et biométrique …Sans possibilités de résistance à la mesure d’une machine étatique ethnocratique et raciste. «Nous avons tout ce que vous n’avez pas: l’argent, les armes et le pouvoir» fanfaronnait un des ténors de cette idéologie panarabiste-raciste, meurtrière et hégémonique qui a pris l’Etat en captation depuis plusieurs décennies.

Face au projet de grand escamotage des populations noires du Sud, de quel poids pèse un projet foncier confiscatoire ripoliné en entreprise d’«intérêt national» mais ayant pour réel objectif réel de déposséder les Intouchables? Le pouvoir, maître d’œuvre de ce projet, est sûr de sa force d’anéantissement. L’histoire a prouvé qu’il n’est pas du genre à souffrir d’états d’âme. Rien ne l’arrêtera. Surtout pas ses flagrantes incohérences.

Avez-vous remarqué que les terres du Nord, les palmeraies sont, comme par enchantement, à l’abri de toutes convoitises et comme protégées par un bouclier invisible : un dôme ethnique. C’est que « nos » belles palmeraies du Nord ont une double assise raciale et tribale. Dans un Etat racial et tribal, figurez-vous que cela peut aider. Alors «pas touche pas à ma palmeraie». Plein Sud plutôt. Où quand, faute de poursuivre des objectifs nationaux, la politique se fonde sur l’épiderme, la tribu, l’ethnie. Voilà une donne qui n’aurait pas dû échapper au ministre négro-africain. Et voilà pourtant ce qu’il semble ignorer. Volontairement ou non. De bonne foi ou non. Il en est meilleur juge. Quant aux populations du Sud et plus généralement aux Noirs de Mauritanie, ils disposent de suffisamment de pièces à conviction pour ne pas croire le juge impartial et la procédure pas courue d’avance.

Ciré Ba 

Paris, le 14/07/2021

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Verdict dans l’affaire de la BCM : zones d’ombre et interrogations

Le tribunal correctionnel de Nouakchott-Ouest a rendu la semaine dernière, son verdict dans l’affaire de détournement opéré sur l’une des caisses de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM), qui a défrayé la chronique,  fait couler beaucoup d’encre et de salive au milieu de l’année 2020.

Une  première manche dont l’épilogue renvoie à une peine privative de liberté, mais aussi et surtout, à un chapelet d’interrogations. Des questions de nature à semer le doute et  troubler les esprits les plus méthodiques, au sujet du véritable rôle de la personne reconnue coupable La faute à un traitement bancal lié à  la non-audition de certains responsables de l’institution et des responsables de la présidence de la République du temps d’Ould Abdel Aziz. Des témoignages au niveau de l’instruction et pendant l’interrogatoire devant la barre, qui auraient pu permettre de voir plus clair dans cette nébuleuse affaire.
 Pour le moment, le constat est le suivant : « la cerveau » des soustractions  frauduleuses est maintenue dans les liens de l’accusation, en dépit de la brillante plaidoirie de ses avocats.
  En effet, Illustre inconnue, propulsée devant les projecteurs des médias et placée au centre des conversations sur les réseaux sociaux par ce dossier, Mme Tebiba mint Alioune NDiaye, principale accusée, a été condamnée à une peine  de  six ans de prison ferme, 500.000 anciennes ouguiyas d’amende, mais aussi  au remboursement de 935.135 euros, plus  558.675 dollars  à la Banque Centrale de Mauritanie (BCM).
Les montants, dont le remboursement  est ordonné par la décision du tribunal correctionnel de Nouakchott, correspondent strictement à ceux avancés par la presse au sujet des soustractions opérées dans les caisses de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM)
 La décision  comporte la  confiscation de tous les fruits générés par les biens détournés.
Toutefois, l’ancienne caissière n’a pas été reconnue coupable de l’infraction connexe de blanchiment de l’argent.
Par ailleurs, le verdict du tribunal correctionnel de Nouakchott/Ouest a condamné Abderrahmane Ahmed Salem dit Ahmed Thouthou, célèbre patron de la Maison du Cinéaste, à six (6) mois de prison ferme. Une peine adoucie dont  l’explication réside  dans  une requalification des faits qui lui étaient reprochés au moment de l’enclenchement de la procédure.
Ainsi,  Il retrouve la liberté après une détention préventive supérieure à la peine prononcée.
Le ministère public  a fait appel contre la décision du tribunal correctionnel de Nouakchott/Ouest.
Dans le même état d’esprit, la Banque Centrale de Mauritanie (BCM), constituée  partie civile dans le dossier, a décidé de faire un recours estimant que le jugement rendu n’intègre pas toutes les dimensions du préjudice  à réparer.
 

Tebiba, bouc émissaire idéal ?
Mais au-delà des griefs formulés par le parquet, dans son rôle de défenseur des intérêts de la société et la BCM, en sa qualité de partie-civile, le feu roulant des questions portent sur le rôle de la principale condamnée, Tebiba mint Alioune NDiaye.
 Cette dame serait-elle le cerveau de l’affaire ? La seule véritable  coupable de tous les actes minutieusement décrits depuis le début de ce feuilleton, dont le premier épisode vient de connaître son épilogue?
Ou serait-elle simplement l’arbre qui cache la forêt des commanditaires et coauteurs  d’actes de prévarication impliquant d’autres personnes encore à l’abri des poursuites?
Pourquoi certains responsables de la Banque Centrale, qui auraient pu  éclairer  les juges sur plusieurs points,  n’ont pas été  entendus à titre de témoins ? Pourquoi le nom de l’ex-première dame  cité au  début de l’affaire, a par la suite disparu du traitement du dossier ?
Pourquoi le système de contrôle de la caisse de la BCM en trois (3) temps, qui avait court, et a toujours empêché les détournements, n’est plus en vigueur? Pourquoi les caméras qui balayaient les caisses, tombées en panne, n’ont jamais été réparées ?

Autant de zones d’ombre dont on espère que le jugement en appel permettra d’élucider pour que justice soit enfin rendue.

                    AS

le calame

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Mauritanie-Sénégal: Rosso, une ville, deux pays au rythme des ferries

Rosso, située à 200 km au sud de Nouakchott et 364 kilomètres de Dakar, est le plus important point de passage frontalier entre la Mauritanie et le Sénégal, accueillant quotidiennement plusieurs milliers de personnes, C’est une ville partagée entre les deux pays et coupée en deux par le fleuve.

Pour les habitants de cette zone frontalière entre le Sénégal et la Mauritanie, Rosso est un seul lieu, partagé par deux villes jumelles implantées de part et d’autre du fleuve Sénégal. Deux cités qui devraient bientôt être reliées par un pont, dans le cadre d’un projet commun financé par plusieurs partenaires. Si le financement est bouclé, le démarrage des travaux, quant à lui, tarde.

Mais en attendant cette infrastructure, la vie des deux Rosso est rythmée par les traversées des deux ferries, les fameux bacs permettant de relier les rives Nord et Sud du fleuve. Et cette navette remonte à 1950, d’après Omar Fall, DG de la Société des bacs de Mauritanie qui rappelle l’importance stratégique de la ville et annonce des perspectives nouvelles, au-delà de la réalisation du pont sur le fleuve. Selon lui, “l’histoire de cette ville est intimement liée au fleuve, le Sénégal, un cours d’eau qui sépare les territoires de Mauritanie et de la République du Sénégal”.

Avant l’arrivée des ferries, les populations se sont toujours servies des pirogues pour aller d’une rive à l’autre. Puis, a été acquis un premier bac mis en service au milieu des années 1950, avant qu’un deuxième ne s’y ajoute.

Aujourd’hui, les 2 engins en exploitation, d’une capacité de 100 tonnes chacun, sont le fruit de la coopération mauritano-allemande et appartiennent à la Société des bacs de Mauritanie (SBM), opérateur exclusif chargé d’assurer la traversée du fleuve.

Chaque jour, des dizaines de  camions, de véhicules légers, des centaines de personnes et des milliers de tonnes de marchandises vont d’une rive à l’autre. A cela s’ajoutent aussi les pirogues, moyens de transport traditionnel équipés de moteurs hors-bord, que certains préfèrent pour leur rapidité et l’absence de formalité. En effet, organisés comme des petits bateaux-taxis, ils offrent un délai d’attente moins long.

Ces incessants va-et-vient sont synonymes d’intenses activités économiques pour les populations des deux rives, mais aussi les services des douanes mauritaniens et sénégalais et les deux municipalités. Ainsi, la SBM emploie en permanence plus de 100 Mauritaniens, mais aussi quelques Sénégalais. Outre les conducteurs et techniciens, il y a les manutentionnaires et même des facilitateurs qui tirent leurs revenus de la maîtrise qu’ils ont des démarches administratives pour passer d’une rive à l’autre. Car, faut-il le rappeler, il ne suffit pas seulement d’avoir son passeport pour quitter le Sénégal pour la Mauritanie ou vice versa. 

Il faut non seulement enregistrer sa sortie du territoire sénégalais auprès de la police des frontières, mais côté mauritanien, il faut passer par la police pour un enrôlement, la douane pour la déclaration des devises et des marchandises, la Banque centrale de Mauritanie pour effectuer obligatoirement du change au moins à hauteur de 50 euros, etc. Et aucune de ces opérations n’est gratuite.

Le chemin inverse est certes moins compliqué, moins coûteux surtout, mais demande des démarches proches qui s’avèrent une réelle tracasserie administrative.

Et puis, ce trafic de rouliers et de personnes a permis à beaucoup d’autres activités de prospérer, comme la restauration et la vente de rafraîchissement dans cette contrée connue pour la canicule et bien sûr, les deux Rosso, surtout celui de la Mauritanie, sont de gigantesques marchés qui se sont créés autour des débarcadères. D’ailleurs, chaque fois que s’arrêtent les ferries pour cause de panne, la vie économique et sociale est sévèrement impactée.

Un pont sera bientôt créé sur le fleuve dans le cadre d’un projet entre Etats. Mais cela ne va pas entraîner la mort de la Société des bacs de Mauritanie (SBM), qui se prépare à s’adapter au nouveau contexte. Des études très avancées, menées  actuellement permettront de décentraliser nos activités vers les autres régions et de  développer le trafic dans de nouveaux points tels que Gouraye, dans la région de Selibaby (extrême Sud-Est) en face du Sénégal, proche du Mali, alors que la Guinée n’est pas très loin.

Les sites de Kaédi et de Toufde-Civet (en face de Matam) rentrent également dans le potentiel des points de traversée après la réalisation du pont sur le fleuve à Rosso.

Les ferries actuels peuvent également être transformés en centres touristiques et commerciaux, en musées flottants. Le ministre de l’Equipement et des transports a évoqué toutes ces perspectives à l’occasion de la visite du président de la République à Rosso, la semaine dernière.

https://m.le360.ma

le calame

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Macky Sall à Nouakchott pour une visite d’amitié et de travail

APS – Le président Macky Sall, en compagnie de son épouse Mariem Faye Sall, est arrivé, lundi soir, à Nouakchott dans le cadre d’une visite d’amitié et de travail de deux jours en Mauritanie, a appris l’APS.

“A l’aimable invitation de mon frère et ami le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, je suis heureux d’effectuer une visite de travail et d’amitié en Mauritanie, les 12 et 13 juillet 2021”, a twitté le chef de l’Etat sénégalais.

“Ensemble, nous voulons élargir et consolider les relations historiques d’amitié, de fraternité et de bon voisinage entre nos deux pays”, a-t-il ajouté.

Selon l’Agence mauritanienne d’information (AMI), le chef de l’Etat et son épouse ont été accueillis à leur arrivée à l’Aéroport International de Nouakchott – Oumtounsy, par le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et la Première dame, Mariem Vadel Dah.

Il y avait sur place le Premier ministre Mohamed Ould Bilal, le ministre secrétaire général de la présidence de la République, le Directeur de Cabinet du président de la République, les chefs des états-majors des forces armées et de sécurité, le chef d’état-major particulier du président de la République, le wali de Nouakchott-Ouest et la présidente du conseil régional de Nouakchott.

La même source rapporte qu’après l’exécution des hymnes nationaux et le passage en revue des formations militaires venues rendre les honneurs, le président sénégalais a salué les membres du gouvernement, les hautes personnalités de l’Etat, les membres du corps diplomatique et les représentants des organisations internationales accréditées à Nouakchott.

A son tour, le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a salué la délégation qui accompagne le président Macky Sall, selon l’AMI qui note que le chef de l’Etat mauritanien a eu des entretiens en tête à tête avec son homologue sénégalais, dans le salon d’honneur de l’aéroport international de Nouakchott-Oum-Tounsi.

OID

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Kane Ousmane rassure les terrains de Dar Barka: Au contraire, il n y aura pas d’accaparement des terres! (Interview)

Le 19 juin dernier, le ministre des affaires économiques et de la promotion des secteurs productifs, M Ousmane Mamoudou Kane, accompagné du ministre de l’Agriculture, Sidina Ould Sidi Mohamed Ould Ahmed Ely, a rencontré les habitants de l’arrondissement de Dar El Braka dans la wilaya du Trarza. M Kane, au nom du président de la République, a présenté, au-delà de Dar El Barka, a l’ensemble du pays, un schéma portant «valorisation du potentiel agricole de la Mauritanie en attirant des investisseurs nationaux et étrangers. » pour plus de précisions sur ce projet, Horizons a rencontré le ministre des affaires économiques et de la promotion des secteurs productifs.

Horizons: Samedi 19 juin, accompagné du ministre de l’Agriculture, à Dar El Barka, vous étiez porteurs de deux messages du Président de la République. Le second message, au-delà de la communauté de Dar El Barka, portait sur«comment valoriser le potentiel agricole de la Mauritanie en attirant des investisseurs nationaux et étrangers». Que répondez-vous à ceux qui pensent que cette initiative pourrait engendrer des « accaparements» de terres?.

Ousmane Mamoudou Kane: Il s’agit tout simplement du chemin inverse, du contraire du processus de ce que d’aucuns ont appelé « accaparement des terres». Il s’agit de mettre fin à la peur d’un tel phénomène qui n’engendre que des conflits inutiles et des perdants. La politique que nous suivrons désormais sur instruction de SE Monsieur le Président de la République dans le domaine de la valorisation des terres agricoles est à l’opposé exact de celle suivie ces dernières décennies et qui a constitué une source de frustration pour nos populations locales dans leur diversité. L’ancienne politique a fait fuir les investisseurs, plombé le développement agricole du pays et fait peser sur la cohésion nationale une réelle menace. C’est donc tout le contraire du désir et de l’ambition du Gouvernement. Le phénomène d’empiétement sur les droits fonciers des tiers est nocif. Il a marqué, ces dernières décennies, le système de gestion foncière auquel Monsieur le Président veut à tout prix que nous tournions définitivement le dos. Cette nouvelle vision présentée et détaillée à Dar El Barka et dorénavant adoptée par le Gouvernement en sa réunion du 23 juin 2021, consiste à travailler pour un développement durable de notre secteur agricole, essentiel pour notre économie. Or, là où il y a un besoin d’investissements importants, la sérénité et la confiance entre toutes les parties sont absolument indispensables. Vous comprendrez donc pourquoi nous lions intimement les deux impératifs majeurs de mobilisation optimale de notre patrimoine foncier et l’instauration d’un climat social de solidarité retrouvée entre toutes nos communautés rurales.

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Questions: Ce qui est envisagé par le gouvernement, c’est « l’identification dans le cadre d’un processus qui va durer plusieurs années, des superficies suffisamment importantes pour pouvoir justifier des projets attractifs pour le secteur privé, identifier des blocs agricoles de grandes superficies (500, 1000 ou 2000 hectares) »Comment se fera cette identification?.

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OMK: L’identification de ces blocs se fera principalement de deux façons. Les populations concernées peuvent, d’elles-mêmes, identifier un bloc et convenir de travailler ensemble à sa valorisation, en partenariat avec des investisseurs privés, l’Etat se limitant à un rôle de facilitateur. Cette manière de faire présente, bien évidemment, beaucoup d’avantages, car l’initiative appartient aux communautés concernées. Je dois dire que ce processus a déjà commencé dans plusieurs localités.

Par ailleurs, l’Etat entend mettre en place dans les prochains jours un Comité de Pilotage de la mise en œuvre de ce schéma. Composé de responsables de divers Départements, avec le concours essentiel de la SONADER, ce comité pourra, lui aussi, identifier des blocs agricoles adaptés à la mise en œuvre, en partenariat avec le secteur privé. Il faudra, par la suite, identifier les parties prenantes et veiller à ce qu’un consensus se dégage au niveau de la propriété d’une part, et de la modalité de mise en œuvre d’autre part.

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Questions:: « On ne peut pas investir à long terme ni à moyen terme sans s’assurer d’une certaine forme de sécurité foncière. C’est un obstacle important qu’il faudra bien comprendre et résoudre» avez-vous déclaréà Dar El Barka. Vous avez aussi déclaré «qu’il n’appartient pas à l’Etat de dire que ce bloc d’hectares identifié pour l’investissement appartient à tel ou tel. C’est aux populations de s’entendre sur la base de critères qu’ils auront établis entre elles. L’Etat va faciliter l’entente. » Cette entente entre des populations pour déterminer la propriété des espaces à aménager ne pourrait-elle pas, elle-même, être un grand obstacle?

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OMK: Bien évidemment, dans un premier temps, il y aura ici et là, des désaccords sur la propriété des terres. L’Etat est certes une importante partie prenante en tant que propriétaire réel ou présumé des terres domaniales au sens de la loi en vigueur. Mais il n’a aucun intérêt à être l’arbitre de ce genre de différends.

Il a par contre tous les pouvoirs pour faciliter leur dépassement dans le cadre d’un dialogue serein, en vue d’atteindre le consensus recherché dans chacun des cas. Cette recherche de consensus pourrait prendre du temps, des années dans certains cas, mais l’essentiel est de déclencher un processus. Il faut le faire avec des cas faciles, où le consensus est déjà atteint ou sur le point de l’être.

Plusieurs de ces cas devraient se présenter assez rapidement. Par la suite, avec les succès espérés et attendus, de plus en plus de collectivités suivront. Il y aura sûrement des réticences, des manifestations de scepticisme et des divergences, mais je suis sûr que grâce à la sagesse de notre peuple tous ces obstacles seront surmontés. Le pays dispose de vastes terres qui ne sont l’objet d’aucun litige et qui pourront offrir l’exemple d’une exploitation moderne, avec le consentement des communautés agraires, l’intervention des investisseurs et l’accompagnement de l’Etat. Ces exemples auront sans doute un effet d’entrainement positif à moyen et long terme.

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Questions: Vous avez aussi dit que le deuxième critère pour l’attribution de superficies aux investisseur sera l’engagement qu’ils (ces investisseurs) prendront auprès de l’Etat et des populations concernées qu’une partie de la superficie aménagée sera immédiatement mise à la disposition des propriétaires pour en jouir et la valoriser. Premièrement pour un bail couvrant 2000 h, par exemple, quelle surface sera attribuée auxpropriétaires ? Deuxièmement comment les propriétaires et les investisseurs cohabiteront sur un même espace? Troisièmement « Le troisième critère que vous avez cité, sera la durée maximale du bail que l’investisseur demandera. Au bout d’une certaine période, il doit rétrocéder le bloc qui lui a été attribué au propriétaire ». Un investissement agricole se fait dans la durée. Quel est la durée moyenne des baux?

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OMK: Vos questions sont excellentes et montrent que vous comprenez bien notre approche et que vous et nous sommes déjà dans une perspective commune. Vous savez bien que tout investissement s’envisage dans la durée. Vous avez raison de penser que la durée du bail devra être suffisamment longue pour permettre à l’investisseur de rentabiliser son opération. J’ai dit que la durée du bail sera un critère d’évaluation des offres qui seront en compétition. Autrement dit, plus courte sera la durée du bail proposée par un soumissionnaire, plus celui-ci aura de chance de remporter le bloc. J’ai dit aussi qu’une durée maximale de ce bail devra être retenue et figurer dans le Dossier d’Appel d’Offres. Si, par exemple, cette durée maximale dans un DAO donné est de 30 ans, tout soumissionnaire qui proposera un bail d’une durée supérieure verra son offre rejetée.

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Questions:: L’arrivée des investisseurs va-t-elle avoir de répercussions sur les zones traditionnelles de transhumances ?

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OMK: La mise en œuvre devrait idéalement être précédée d’un plan d’aménagement rural définissant la vocation respective des zones et tenant compte des intérêts des différents usagers. Le Gouvernement a décidé de l’élaboration de ce plan. En attendant, la délimitation des blocs prendra nécessairement en considération les besoins vitaux des populations locales. Les zones d’habitation et les zones traditionnelles de transhumance en font, bien évidemment, partie. C’est l’occasion de faire remarquer que le schéma proposé devrait, très rapidement, faire de l’agriculture et de l’élevage des activités complémentaires, contrairement à la situation dans laquelle nous vivons présentement.

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Questions:: Vous avez indiqué que « les privés nationaux ou internationaux peuvent mobiliser des ressources financières et une expertise que l’Etat ne peut pas mobiliser. Ils peuvent aussi faire preuve d’une rigueur dans la gestion que l’Etat ne peut malheureusement pas toujours faire. C’est pourquoi le partenariat des populations, du secteur privé et de l’Etat nous semble le principe de base de toute réforme du secteur agricole en Mauritanie. »Cette déclaration ne peut-elle pas être interprétée comme une sorte d’aveu d’impuissance de l’Etat en tant que puissance publique ? A l’arrivée, les populations ne vont-elles pas se retrouver face aux privés dont le principal objectif est de faire des bénéfices?

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OMK: Il ne s’agit certainement pas d’un aveu d’impuissance de l’Etat, mais de souligner l’importance pour chaque partie de se cantonner dans son rôle spécifique. L’investissement est une opération porteuse de risques. Il n’est pas du rôle de l’Etat de s’y lancer. La production de la richesse est du ressort naturel du secteur privé. Quand celui-ci est défaillant, l’Etat peut s’impliquer, mais cela ne peut être que de façon temporaire et exceptionnel. L’Etat a, par contre, l’immense responsabilité d’assurer les conditions d’équité, de sérénité, de respect des engagements pris par les uns et les autres. Il aura la responsabilité de mettre en place certaines infrastructures, indispensables au développement de ces blocs.

Quant aux relations entre les populations locales et les privés, il est heureux de savoir que ceux-ci viennent pour faire des bénéfices. Au moins c’est clair et sain. Parce que pour faire des bénéfices, il faut faire de bons investissements (qui reviendront à terme aux populations locales), mener une gestion rigoureuse (qui sera une source d’inspiration pour les populations locales), travailler en bonne intelligence avec l’Etat et communautés locales:

En tout état de cause, les parties prenantes, y compris l’Etat discuteront et mettront au point des ententes foncières ayant pour but, entre autres, de définir les mesures de protection des intérêts des petits exploitants conformément à la législation foncière en vigueur.

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Questions:: Cette nouvelle politique d’exploitation de grandes surfaces par des investisseurs privés aura-t-elle des répercussions environnementales?

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OMK: Le pays dispose d’un arsenal législatif et réglementaire en matière environnemental. Comme pour tout investissement dans le pays, ces règles et procédures devront être respectées dans ce secteur, comme dans tous les autres.

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Questions:: Quel impact les investissements privés nationaux auront sur la sécurité alimentaire de la Mauritanie ?

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OMK:  Vous comprenez bien que la mise en valeur des dizaines de milliers d’hectares en toutes spéculations, contribuera substantiellement à notre sécurité alimentaire. Cela d’autant plus que les terres sont connues pour leur fertilité. Les études pédologiques déjà menées le confirment. Non seulement le pays améliorerait notablement le taux de couverture de ses besoins alimentaires, il aurait aussi l’opportunité d’exporter certains produits, à l’instar de ce que font bien des pays de la sous-région.

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Questions:: Quels impacts aussi sur l’emploi, notamment celui des jeunes

OMK: Les aménagements qui seront réalisés par les investisseurs offriront sans aucun doute des opportunités sans précédent en termes d’emploi des jeunes qui pourront aussi, bénéficier de parcelles à mettre en valeur dans un climat serein et grâce à un meilleur encadrement technique. Au-delà du nombre, il y aussi lieu de s’attendre à des emplois de qualité du fait de l’introduction de techniques modernes de production agricole.

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Questions: : En 2015 la Mauritanie et AAAID ont signé une convention qui donnait à cette institution la possibilité de valoriser 3200 hectares à Dar El Barka. Vous avez annoncé aux populations de Dar El Barka que l’Etat a dénoncé cette convention car « telle qu’elle a été élaborée, elle ne correspondait ni aux intérêts de la Mauritanie, ni aux intérêts des Mauritaniens».

OMK: J’ai déjà clarifié les raisons pour lesquelles l’Etat a résilié la convention avec AAAID. Et j’ai ajouté, et je le confirme maintenant que l’Etat n’a que de bons sentiments à l’égard de cette noble institution dont l’action bénéfique est bien connue de tous. AAAID est toujours la bienvenue pour une bonne coopération avec nous.

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Questions:: Dans la région du Trarza, une dizaine de villages de la commune de Tekane (Medina Fanaye, Sima, Tekane Ksar Mbairick, Niakwar, Mleiga…), depuis 2016, à travers des courriers adressés aux autorités, protestent contre l’occupation d’une partie de leur espace vital par un investisseur. Ce problème a-t-il trouvé une solution?

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OMK: Je n’ai pas en charge la gestion des plaintes dont vous parlez. Mais je sais que notre Gouvernement est animé d’une volonté réelle et permanente pour répondre à tout appel de justice d’où qu’il vienne.

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Questions:: Vous avez également dit à Dar El Barka, à l’adresse de tous les mauritaniens : « Le Président de la République m’a demandé de venir vous présenter ce schéma, vous écouter et lui rendre compte. En fonction de vos réactions, le Gouvernement décidera. Au moment où je vous parle, aucune décision n’est prise. Il s’agit de partager avec vous des idées pour enrichir le débat. Vous avez le droit de dire que vous applaudissez mais vous avez le droit d’exprimer votre désaccord».

OMK: Je voulais rassurer mes concitoyens qui ont bien voulu m’accueillir à Dar el Barka et m’écouter, que la vision qui leur est présentée ne sera pas mise en œuvre malgré eux. Et que la méthode consistant à imposer des politiques, des visions ou des démarches est révolue et qu’en tout cas, notre Gouvernement et le Président de la République, en particulier, n’y feront recours. Parce que c’est contre productif. Sans l’adhésion des acteurs que sont les populations locales, une telle approche n’a aucune chance de réussir. Les expériences passées le montrent.

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Questions:: Depuis la transmission de ce message, avez-vous eu des retours ? Avez-vous senti un début d’adhésion des populations concernées à ce projet de valorisation du potentiel agricole national à travers des investissements nationaux et extérieurs?.

OMK: Les réactions que nous avons reçues sont très encourageantes. Des communautés agraires nous ont déjà demandé de les prendre comme exemples et nous allons bientôt envoyer des missions d’un comité technique d’appui de très haut niveau que nous sommes en train de mettre sur pied en collaboration avec le Département de l’Agriculture. Cela étant, nous ne nous attendons pas seulement à des réactions positives, car les réactions négatives sont également les bienvenues en ce sens qu’elles pourront nous aider à mieux faire, en évitant ce qui fâche ou ce qui suscite des craintes. Nous ne voulons entrer en conflit avec personne et nous créditons tous nos concitoyens de bonne foi. Tout ce que nous souhaitons, c’est de réussir, dans l’intérêt du pays.

Propos recueillis par Khalilou Diagana

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