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MALI-SAHEL : Goïta entre planche et trappe (Par Babacar Justin Ndiaye)*
Le Général Oumar Diarra, chef d’État-major des Forces Armées Maliennes (FAMA) et son staff doivent être réfractaires à toute hâte, en tournant le dos à toute soif de victoire rapide ou de gloire sans patience.
La victoire d’Anéfis (un seuil névralgique) est incontestablement remarquable. Elle représente un motif de fierté. Il faut éviter cependant d’en faire une douteuse drogue d’enthousiasme ou de délire martial.
En effet, l’immensité du Mali et l’étendue singulière de la région de Kidal (260 000 km2, soit plus de deux fois le Sénégal) commandent la prudence et l’ingéniosité stratégiques.
Prendre Kidal est une chose ; y rester en est une autre pour une armée gouvernementale qui serait encerclée, assiégée et confrontée à une dure guerre d’usure très vorace en munitions et très dépendante d’une logistique à flux tendu sur plus de 1000 kilomètres séparant Bamako de Kidal.
Certes, la ferveur voire la frénésie patriotique et le grand courage sont indiscutablement utiles en temps de guerre, mais ils ne gagnent pas la guerre.
Notamment cette inéluctable et prochaine bataille de Kidal qui sera sans commune ressemblance avec les combats jadis menés par le Capitaine Djiby Silas Diarra, les courageux Lieutenants Jean Bolon Samaké et Mamadou Cissokho.
Aujourd’hui, les FAMA doivent éviter toute offensive bâclée et précipitée qui les enfonce dans une nasse ou les fixe dans un guêpier. C’est d’autant plus vrai que BARKHANE et la MINUSMA (toutes deux régulièrement commandées par des officiers français à l’échelon opérationnel) ont longtemps « gouverné » la citadelle cloisonnée et détachée du reste du Mali.
En route pour Kidal, l’armée malienne sera à moitié aveugle, malgré les productions certainement substantielles du Renseignement militaire et de la Sécurité d’État du Colonel Modibo Koné réputé assez bien branché sur une multitude de sources au Nord du Mali.
En une décennie d’exclusion et de marginalisation des FAMA, beaucoup d’officiers issus d’armées étrangères ont eu la latitude et le loisir de transformer Kidal en un immense et secret dépôt d’armes sophistiquées ; et surtout de remplir de munitions diverses, les entrailles et les grottes du massif montagneux de l’Adrar des Ifoghas.
À Bamako sait-on tout ce qui est enterré dans les vallées qui cisaillent la montagne ? Les tunnels du Hamas à Gaza prouvent éloquemment que les capacités exceptionnelles de camouflage et de dissimulation existent sur les terrains les moins appropriés en apparence.
Avant d’être chassée récemment du Niger, l’armée française n’avait-elle pas le monopole de la surveillance de la passe de Salvador, cette fameuse piste (répertoriée uniquement sur les cartes militaires) qui débouche de la Libye puis serpente et parfois chevauche les frontières algéro-nigériennes jusqu’à l’extrême Nord-Est du Mali ?
Autre question : au cours de la prochaine bataille de Kidal, quelle sera la posture des Touaregs du Niger que la France embrigade déjà dans un « Conseil de Résistance » contre le Général Tchani, un machin dirigé par le vétéran Rhissa Ag Boula ?
Il va sans dire que le Mouvement politico-militaire du pro-français Rhissa Ag Boula (héritier de feu Mano Dayak) et la CMA non moins pro-française fonctionnent comme des vases communicants. Donc des renforts sont sûrement prêts pour la bataille qui va sceller le destin de l’Azawad.
En 2014, le gouvernement du Premier ministre Moussa Mara avait lamentablement et tragiquement échoué à Kidal. Ce fut le premier et grand craquement ou ébranlement des racines du régime légitime du Président IBK. Presque dix ans après, c’est une Transition sans la carapace ou le blindage qu’offre la légitimité des urnes qui va jouer son avenir à Kidal.
Redoutable mais impérative partie de poker militaire pour sauver le Mali de l’amputation territoriale ! Également ultime carte que joue le Colonel Assimi Goïta qui est à la tête d’une Transition politiquement questionnée du dedans, diplomatiquement harcelée du dehors et socialement en surchauffe avec les hoquets sans fin de l’Énergie du Mali (EDM). Bref l’issue de la bataille de Kidal sera la planche de salut pour Goïta ou la trappe de l’engloutissement.
Senego.com
Entretien exclusif: « J’ai trouvé le pays dans une situation difficile », affirme le Président Ghazouani à CRIDEM
Le président de la République, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani a accordé, ce lundi 30 octobre, une interview commune à cinq médias nationaux : Alakhbar, Cridem, Essahra, Le Rénovateur et Sahara Médias.
A cœur ouvert, le président de la République a répondu à une vingtaine de questions touchant à toutes les préoccupations de la vie nationale et, actualité oblige, aux questions qui font l’actualité internationale.
Pour une question de commodité, l’interview a été scindée en deux : les questions, en arabe, d’Al Akhbar, Sahara médias et Essahraa, et celles en français par Cridem et Le Rénovateur.
La rédaction de CRIDEM vous propose l’intégralité de cet entretien exclusif.
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CRIDEM : Monsieur le Président, vous abordez la dernière année de votre mandat. Dans quelle situation économique et financière aviez-vous trouvé le pays lorsque vous arrivez au pouvoir en 2019 ?
Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani : J’ai trouvé le pays dans une situation difficile et les énormes effets négatifs de la crise COVID survenue sept mois après notre accession au pouvoir, conjugués aux dramatiques conséquences de la guerre en Ukraine, ont rendu la situation encore plus difficile : à la fin de 2020 le taux de croissance était de -0,9%.
Devant cette situation, nous nous sommes engagés dans une démarche visant, dans le court et le moyen terme, à :
– Remettre l’économie sur le sentier de la croissance,
– Préserver les équilibres budgétaires et monétaires,
– Réduire le niveau d’endettement,
– Renforcer la confiance des partenaires et des investisseurs en notre pays.
Grace à la persistance dans l’effort et à la qualité de la conception et de la mise en œuvre de notre politique économique nous avons pu :
– Renouer avec la croissance (6,4% en 2022). – Préserver les équilibres budgétaires et extérieurs.
– Réduire le taux de notre endettement extérieur de 27 points, le ramenant de 70% en 2019 à 43% en 2022, grâce aux importants efforts que nous avons entrepris dans ce sens, dès notre accession au pouvoir.
– Renforcer la confiance des partenaires et des investisseurs (les investissements directs étrangers (IDE) ont triplé sur les trois dernières années ; passant de 500 millions USD en 2019 à 1,5 milliard USD en 2022).
Pour renforcer et inscrire ces résultats dans la durée nous avons, à notre initiative, engagé un important programme avec le FMI visant à assurer un accompagnement de haut niveau à la mise en œuvre de réformes structurantes.
CRIDEM – Ces jours-ci, il y’a une polémique autour du projet de loi relatif à la lutte contre les violences faites à la femme et à la fille qui a été rejeté deux fois par le Parlement. Quelle est votre position sur ce sujet ?
Mohamed Ould Cheikh El Ghazoauni : Fort des valeurs de l’Islam, qui garantissent aux femmes tous leurs droits, dans le respect et la dignité, et conscient de la nécessité d’une pleine participation des femmes à la construction du développement du pays, nous avons, tout au long des années écoulées, veillé à :
• La consolidation de la participation politique de la femme ;
• La mise en œuvre d’un vaste programme d’autonomisation des femmes ;
• La mise en application des textes juridiques protégeant les femmes contre toutes les formes de discrimination.
Le draft de projet de loi, objet de votre question ; parce que il ne s’agit en fait que d’un draft ; est très différent du projet de loi sur le genre qui fut rejeté par le Parlement en 2017 et retiré volontairement par notre Gouvernement en 2019.
En fait, ce draft de projet de loi auquel vous faites référence a pour objectif, de réfléchir aux mesures les plus à même à préserver davantage la dignité des femmes et de les protéger contre les violences de toute sorte.
Mais, je n’ai pas besoin de vous rappeler que la Constitution stipule que la CHARIA ISLAMIQUE est la source des lois en Mauritanie.
En conséquence, je vous rassure, et à travers vous, l’opinion publique nationale, que tout texte de loi qui enfreint, ne serait-ce que de manière infime ou collatérale les préceptes de notre Sainte Religion, est un texte qui viole la Constitution, dont je suis le garant, et ne pourrait donc, d’aucune manière, être approuvé ou introduit par le gouvernement.
CRIDEM : Récemment, la Mauritanie a fait savoir à BP, qui exploite le projet gazier GTA, de respecter ses engagements. Quelle garantie avez-vous reçu afin que cette protestation ne soit pas juste un cri dans le désert ?
Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani : Tout d’abord, nos relations avec tous nos partenaires sont régies par la transparence et la permanence de la concertation.
Nous tenons régulièrement des réunions de travail avec nos partenaires et nous recherchons ensemble les solutions aux défis communs et réitérons toujours la nécessité pour chacune des parties de respecter scrupuleusement ses engagements contractuels…
Comme vous le savez, nous somme partenaires avec BP dans deux champs gaziers. Il s’agit du champ GTA que nous partageons avec notre voisin le Sénégal et du champ de BIR ALLAH.
Pour ce qui est du GTA, les engagements auxquels vous faites allusion se rapportent essentiellement aux points suivants:
– le respect du calendrier du FIRST GAS de la phase 1 du projet,
– la maîtrise des coûts du projet,
– la mise en œuvre de la (les) prochaine (s) phase(s) devant ramener le plateau à 10 MTPA (million de tonnes par an) dans l’horizon le plus proche.
Par rapport au premier engagement, et malgré le retard accusé du fait de la Covid19 et de la sous – performance de certains sous-traitants, BP s’est engagé à faire le maximum pour accélérer les travaux restants, et prévoit un début de production à la fin du premier semestre de 2024.
Par rapport au second engagement, l’Etat, à travers la SMH, suit l’évolution et la pertinence des coûts et de tout nouvel engagement.
Par rapport au troisième engagement, nous œuvrons pour une rapide concrétisation du concept de la phase 2 et coordonnons avec le Sénégal, à travers nos sociétés nationales respectives, à ce sujet.
S’agissant de BIR ALLAH, nous avons signé avec BP un contrat de partage de production en octobre 2022 qui comporte plusieurs phases agencées avec des jalons de suivi.
Le prochain jalon est prévu à la fin du mois courant.
Globalement, nous pensons que les objectifs stratégiques des États et des sociétés étrangères sont alignés et consolidés par le dialogue et la concertation permanente.
CRIDEM : Monsieur le président, plus de 8 500 jeunes mauritaniens sont arrivés aux Etats-Unis illégalement en 2023. Les départs continuent, malgré les assurances du gouvernement. Comment comptez-vous répondre à cette hémorragie ?
Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani : Les jeunes ont toujours été au cœur de mes priorités.
Je suis conscient des situations de vulnérabilité qui marquent une partie de cette population du fait des défis auxquels ils font face comme le chômage et la migration qui sont des phénomènes universels.
Pour faire face à ces défis, notre jeunesse est appelée à tirer profit du potentiel économique important et diversifié dont dispose notre pays et qui offre de nombreuses opportunités d’emplois dans des secteurs prometteurs, tels que l’agriculture, la pêche, les bâtiments et travaux publics ainsi que les services.
Afin que nos jeunes profitent de ce potentiel et des opportunités qu’il offre, ils doivent se libérer de toutes les mentalités et stéréotypes stigmatisant certaines professions et métiers.
Je leur lance, ici, un appel solennel afin de se défaire de ces mentalités qui font obstacles à la bonne mise en œuvre de nos stratégies visant le plein emploi et que nous combattons dans le cadre de notre vision globale de développement intégré de la jeunesse.
Cette vision qui est centrée sur la création d’emplois et d’opportunités pour les jeunes, sur la formation technique et professionnelle qualifiante, la promotion de l’entreprenariat et le renforcement de l’accès aux secteurs productifs créateurs d’emplois et de revenus, tels que l’agriculture, l’élevage et la pêche.
Je suis persuadé qu’en facilitant l’accès des jeunes à des financements adaptés et de long et moyen terme, et en développant les outils d’accompagnement de l’entreprenariat jeune, nous arriverons à inverser la courbe du chômage et à amorcer une nouvelle dynamique de l’implication des jeunes dans le processus de développement économique et social de notre pays.
Aussi, capitalisant sur nos acquis dans ces domaines, nous comptons lancer, les semaines à venir, un vaste programme de promotion de l’emploi des jeunes par la valorisation des opportunités agricoles.
Le Rénovateur Quotidien : Monsieur le président, la Mauritanie est très riche sur le plan des ressources économiques mais très appauvrie par des décennies de pillage des deniers publics qui gangrènent l’administration. Malheureusement, les auteurs de ces crimes sont rarement envoyés en prison, s’ils ne sont pas tout simplement récompensés par des postes juteux. La traduction devant la justice de l’ancien Président Mohamed Ould Abdel Aziz augurerait-elle de la fin de l’impunité ?
Mohamed Ould Cheikh EL Ghazouani : La gabegie, depuis des décennies, endigue, par ses effets destructeurs, le développement économique et social de notre pays.
C’est incontestable et je vous l’accorde.
Ce phénomène est d’ailleurs universel. Aucun pays n’y échappe quel que soit la force de ses institutions et la richesse de son expérience en matière de bonne gouvernance.
Cependant, je rejette entièrement la tacite insinuation de votre question qui laisse sous-entendre un laxisme de notre part dans la lutte contre ce phénomène.
En effet, dès les premiers jours de notre mandat, nous avons entrepris de mettre en place une nouvelle stratégie de lutte contre la gabegie et la corruption, institutionnalisée et marquée par la rigueur et le refus systématique de la partialité et du règlement des comptes.
Vous ne pouvez pas ne pas avoir constaté l’important regain de dynamisme dans la lutte contre la gabegie et la corruption que traduit, entre autres,
– Le rattachement de l’Inspection Générale d’Etat à la Présidence de la République et son renforcement en terme de moyens et en ressources humaines qualifiées,
– La mise à jour de la cartographie des risques en matière de gestion,
– Le renforcement des inspections internes,
– La modernisation du code de passation des marchés,
– la publication pour la première fois des rapports de la cour des comptes, et j’en passe.
D’autre part je peux vous assurer que chaque fois que nous avons reçu, dans sa version définitive le rapport de contrôle d’une structure, nous avons immédiatement pris les dispositions et mesures qui s’imposaient.
Tous les responsables impliqués ont été sanctionnés suivant la gravité des faits qui leur sont reprochés. Parfois la sanction fut administrative, d’autre fois les concernés se sont retrouvés devant la justice.
Certes, cela se faisant sans tapage ni publicité, mais il se faisait systématiquement et rigoureusement.
Je voudrais maintenant en guise de conclusion à ma réponse rappeler que le combat contre la gabegie et la corruption doit être le combat de tous : les imams, les leaders d’opinion, les responsables politiques, la société civile…
Nous devons ensemble travailler à reformer les mentalités pour améliorer le rapport du citoyen à la chose publique.
Pour ma part, je vous réaffirme ici ma ferme volonté de lutter contre la gabegie et compte sur votre soutien à tous pour remporter ce combat, car, pour nous, il n’y a pas d’autre alternative.
Le Rénovateur Quotidien : Monsieur le Président, au terme de votre premier quinquennat et à quelques mois de la prochaine élection présidentielle comptez-vous rempiler pour un second mandat ?
Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani : Cette question nous a été déjà posée et vous avez eu certainement connaissance de notre réponse. Servir mon peuple est toujours pour moi un honneur.
Le Rénovateur Quotidien : Des voix continuent de s’élever dans certains milieux des droits de l’homme et largement à travers les réseaux sociaux, mettant en cause l’enrôlement biométrique à “double vitesse” qui bloque l’accès à l’état civil à la majorité des négro-africains établis en Mauritanie et à l’étranger sans exception, dans les bureaux des registres sécurisés. Cette situation est également dénoncée régulièrement par les victimes des événements de 1989 revenus du Sénégal ou encore restés dans ce pays. L’Etat mauritanien n’a -t-il pas un devoir de redevabilité vis-à-vis de ces milliers de citoyens privés de leurs droits ?
Mohamed Ould Cheikh El Ghazoauni : Je dois rappeler que dans le cadre de l’opération d’identification des populations, j’ai engagé, lors du conseil des ministres tenu le 12 juillet dernier, le Gouvernement à davantage d’implication dans la campagne de sensibilisation pour assurer la réussite de l’opération d’enrôlement des populations.
Dans le cadre de nos efforts visant à rapprocher l’administration des citoyens afin qu’ils bénéficient de l’ensemble des services administratifs dans la célérité, l’équité et la transparence, nous avons tenu à ce que cette campagne qui vient compléter le processus démarré en 2011, aille vers les populations qui ont des difficultés à accéder à l’état-civil lequel est un droit fondamental de tout citoyen et dont dépend la jouissance de nombreux droits.
Le Gouvernement est résolument engagé à mettre en place tous les moyens nécessaires afin que l’opération soit couronnée de succès.
Cette campagne qui couvre toutes les communes du pays, est conduite suivant un processus qui associe les imams, notables, et autres personnes ressources. Elle a permis jusqu’ici l’enrôlement de plus de 238.000 personnes et je peux vous assurer que tout sera mis en œuvre pour que chaque citoyen mauritanien soit biométriquement enrôlé.
Propos recueillis par Babacar BAYE NDIAYE, pour Cridem
Et Sneiba Mohamed, pour Le Rénovateur Quotidien
LE RAPPORT DES NATIONS UNIES SUR LA MAURITANIE
J’ai lu avec intérêt et profonde satisfaction le rapport du Comité des disparitions forcées ( Mme MESKEREN Geset Techane ), puis le Rapport du rapporteur Spécial sur les formes contemporaines de l’esclavage ( Tomoya Obokota). J’invite ceux qui ne les ont pas lus à le faire, au plus vite…
Pour la première fois, à mon avis, les missionnaires des Nations unies sont allés au fond des choses, sans complaisance aucune, et ont posé les bonnes questions avec perspicacité, démasquant ainsi la fourberie et l’hypocrisie des tenants du Système sur les questions fondamentales qui minent le vivre-ensemble. A Démasquer le faire–semblant, l’enfumage permanents de nos partenaires par ceux qui nous gouvernent; depuis toujours.
Personne ne pourra soupconner ces équipes de corruption, ce mal qui gangrène l’administration mauritanienne habituée à masquer les choses, à soudoyer toutes les missions d’enquêtes internationales. Je salue l’intégrité morale de ces derniers missionnaires en Mauritanie. Perspicacité , bonnes questions, bonnes solutions, sans langue de bois …
Maintenant les victimes du Système devront comprendre que les Nations Unies ont joué leur partition dans cette lutte pour l’éclairage de la Vérité sous toutes ses facettes ; comprendre que les Nations Unies peuvent accompagner les victimes, mais non se substituer à elles pour faire leur job…
Merci les Nations-Unies …
Samba Thiam Président des FPC.
le 15 Octobre 2023
FLAMNET-RETRO: A Propos de la loi d’orientation …Par Samba Thiam.
J’ai lu attentivement la loi d’orientation du ministre de l’Education nationale portant sur la réforme du système éducatif. L’appréciation que j’en fait est qu’elle constitue un recul net par rapport aux ambitions du Comité Militaire de Salut National (CMSN), pour reconduire et renforcer les aspects négatifs et désastreux de l’arabisation, issue de la réforme de 1999. Elle consacre, de facto, une ‘’folklorisation’’ de nos langues nationales pulaar, sooninke et wolof, ni plus, ni moins. Et c’est inacceptable !
Le CMSN prônait, à travers l’exposé de motifs et le décret 81017/Pg/MEN, ceci : ‘’ Elaborer un système éducatif {…} qui se fondera sur l’officialisation de toutes nos langues nationales, la transcription en caractères latins et l’enseignement du pulaar, sooninke et wolofs qui devront donner les mêmes débouchés que l’arabe ‘’. Le ministre choisit de passer sous silence toute éventualité ‘’d’officialisation’’ de ces langues. Le CMSN poursuit : « les langues nationales doivent prendre place et être utilisées comme véhicules du savoir, sous toutes ses formes… », à quoi ce ministre oppose qu’elles seront des langues de communication ; que la langue ’arabe sera enseignée à tous les enfants non arabophones comme véhicule d’apprentissage des sciences et autres disciplines, que ‘’l’apprentissage des connaissances et aptitudes de compréhension et les disciplines scientifiques se fera dans la langue arabe’ ’. Le CMSN insiste et rappelle « qu’il ne s’agit pas d’utiliser ces langues nationales comme relais ayant pour fonction de faciliter les apprentissages dans une autre langue – c’est exactement ce que fait ce ministre -, mais de les installer d’emblée dans une dynamique propre à assurer leur plein développement et leur insertion dans tous les secteurs de la vie sociale », tout le contraire de ce projet ! Enfin le CMSN met en garde : « il est indispensable que vous compreniez tous que cette décision n’est pas une mesure ‘’politicienne’’ qui cache un calcul sordide et sans lendemain». Exactement le cas d’espèce qui nous occupe avec cette loi d’orientation scélérate ! A la clarté de langage du CMSN dans les choix opérés, le ministre oppose des calculs et des agendas inavoués, l’ambiguïté et le flou le plus total sur bien des aspects …Flou sur le statut des langues ; tantôt l’arabe est langue véhicule de toutes les disciplines pour tous, tantôt elle est langue de communication ; tantôt ce sont les langues pulaar, sooninke et wolof qui le sont, tantôt c’est le français ! Flou sur les caractères arabes de l’alphabet introduits au préscolaire sans en fixer les limites, ce qui , par glissement et par stratégie, pourrait s’installer et signifier, sans le dire, une remise en cause même des caractères latins, acquis …Ce texte parle de généraliser l’enseignement des langues nationales mais à la carte ! On fait preuve de cynisme, lorsqu’on pose qu’il faut ‘’capitaliser l’expérience réussie de l’ILN qui a été abandonnée sans justification valable’’ et, qu’en même temps, on annihile la substance et l’essence même de ce qui ‘faisait de cette expérience une réussite’, à savoir l’érection du pulaar , sooninke et wolof en langues d’enseignement , langues véhicules du savoir, et non comme langues de ‘’facilitation pour l’apprentissage d’autres langues’’ comme c’est le cas proposé ici ; c’est-à-dire comme langues d’appoint et d’appui essentiellement à l’arabe, ici dans ce projet. C’est hors de question ! C’est faire fi des raisons cognitives et pédagogiques qui sont à la base même de la théorie du recours aux langues maternelles dans l’approche nouvelle de l’apprentissage ! Non seulement ce projet fait abstraction de toute idée d’officialisation, mais remet en cause et le statut de langues véhicules et le choix des caractères latins acquis depuis les années 70. Nous faisons face à un choix partisan qui installe les enfants d’un même pays dans des conditions de départ inégales et injustes d’acquisition du savoir. C’est inique et immoral ! L’injustice semble inscrite dans l’ADN des pouvoirs mauritaniens ! Enfin et surtout, les auteurs du projet de loi parlent ‘’d’égalité des langues comme patrimoine national ‘’, mais refusent le caractère officiel à toutes . C’est inacceptable ! Ce sera Identité contre Identité ! Pour divertir l’opinion on continue, bien sûr, à travers ce projet, à jouer sur l’opposition, fictive, entre le Français et l’arabe, disparue depuis longtemps à l’école ! Même stratégie de dupe qui s’exprime par : ‘’ la généralisation interviendra aussitôt que l’expérience aura été jugée probante’’ …Un piège à con ! Comme si nous n’avions pas vécu similaire promesse, envolée en pleine expérimentation de l’ILN ! Seule l’officialisation de nos langues pourrait nous garantir la pérennité de leur usage, et nous prémunir des humeurs capricieuses de plaisantins, légion…Toute la problématique du système éducatif mauritanien réside dans son inégalité et dans son iniquité structurelle entre enfants devant l’acquisition du savoir. « La crise identitaire en mauritanie existe, nous dit Maitre Taleb Khyar, en raison de plusieurs facteurs dont le plus important est l’école républicaine {…} dans laquelle un enseignement suprématiste faisant l’apologie de la supériorité d’une culture, d’une race, d’une langue sur les autres est dispensé ». C’est exactement le cas qui nous occupe précisément, mais exprimée de façon sournoise et cynique à travers cette loi d’orientation … La culture continue ‘’ d’être pensée, en mauritanie, comme un instrument de conquête et de confiscation du pouvoir’’, soulignait-il ; à des fins de domination, d’assimilation et de prolétarisation des négro mauritaniens, devrait-il ajouter… L’agenda d’assimiler les négro-africains n’est pas abandonné, loin s’en faut ! Il explique cette résistance acharnée et obstinée de nos gouvernements successifs à refuser toute officialisation de nos langues nationales, à l’image du berbère -Tamazight au Maroc et en Algérie. C’est Identité contre Identité.
Nous sommes face à un projet non viable, qui va accentuer davantage les inégalités, sécréter deux sociétés parallèles. Nos partenaires doivent comprendre qu’il y a toujours un écart entre ce qui se dit et ce qui se fait chez nous … Nous excellons dans le faire-semblant et dans l’art de mystifier nos partenaires ou le reste du monde, même si certains partenaires internationaux ne sont pas dupes, mais optent pour la complaisance. Ces journées nationales de concertations et toute la suite sont de la poudre aux yeux, un maquillage destiné à faire valider et légitimer, par un semblant de cachet populaire , un projet concocté et ficelé, en amont, par le ministère .La réforme scolaire préconisée dans cette loi d’orientation s’inscrit en droite ligne d’un Système qui cherche à imiter l’ordre social au maghreb , où des millions de noirs, assimilés, sont relégués aux basses besognes, à la culture de l’olive ,au creusement de diguettes d’irrigation, au travail de la forge ou au débouchage d’égouts, comme en Algérie avec près de 6 millions de noirs . Des millions de noirs, quasiment invisibles dans la superstructure, dans tout le Maghreb… Voilà le projet en gestation, voilà le destin, à moins et long terme, qui nous guette dans notre pays et que nous réservent les tenants du Système. Nous ne l’accepterons pas ! Comme nous n’accepterons pas l’unité du cavalier et de sa monture …Nous affirmons notre choix pour un pays qui accepte réellement et franchement son identité plurielle, sa diversité culturelle et ethnique. C’est feu Yehdih qui disait, plaidant pour l’Azawad, – ‘’ que si l’on ne peut vivre ensemble qu’au prix de l’oppression à l’égard d’une composante, c’est une position pas raisonnable qui, surtout, n’est pas tenable’’. Trop d’injustices de nos gouvernements ! Un racisme d’Etat chaque jour plus accentué, affirmé et assumé ! Nous sommes poussés dans nos derniers retranchements. L’entêtement à vouloir poursuivre et préserver un ordre inique, un Système où un seul groupe ethnique a contrôle sur tout, la main mise sur tout, est dangereux à terme. C’est le bon sens qui nous le souffle. ..Notre pays est à la croisée des chemins , à chacune et à chacun de prendre ses responsabilités aux fins de redresser sa trajectoire , pour un devenir en commun plus sain et plus équilibré .
Propositions concrètes de réajustement , pour la paix sociale :Revenir à l’esprit et à la lettre de la réforme du CMSN , à ses ambitions pour l’enseignement de toutes nos langues nationales ; s’en tenir à ce principe : ‘’ le choix des langues d’enseignement dans l’Ecole repensée, au service d’une cohésion nationale apaisée, doit obéir à l’impératif d’offrir l’accès le plus efficace, surtout le plus équitable au savoir’’. D’où lever le flou et les ambiguïtés qui entourent ce projet sur le statut des langues, en posant clairement les options ci-après :
-Toutes les langues nationales sont officielles et toutes sont des langues véhicules de savoir ou d’enseignement
– Que chaque enfant démarre ses apprentissages dans sa langue maternelle.
– le pulaar, le sooninke, le wolof sont des langues d’enseignement au primaire pour les enfants non arabes, en attendant leur plein développement pour l’expansion au secondaire et au supérieur.
– l ’arabe est enseignée à tous les enfants non arabophones, comme langue de communication et inversement.
– la langue arabe sera la langue d’enseignement pour enfants arabophones.
– le Français est enseigné comme langue de communication au primaire.
– Dans les Examens et Concours il sera introduit, dès à présent, une épreuve en langues nationales ( pulaar, sooninke ,wolof).
Au préscolaire, poser clairement
– que Les enfants apprendront dans leurs langues maternelles (1ere et 2ème année), en alphabet latin pour les non arabophones.
– que l’apprentissage du Coran se fera dans des mahadras, librement choisies par les parents d’élèves.
Pour les mesures administratives et juridiques,
– Réhabiliter immédiatement l’ILN et le détacher du Supérieur
– Associer, au plus près, la Direction première de l’ILN aux préparatifs de démarrage des travaux d’implémentation de la réforme.
– Convoquer et réemployer, à titre transitoire, l’ensemble du personnel enseignant et technique disponible, impliqué dans l’expérience de 1979 de l’ILN.
– Sur le plan législatif, s’appuyer sur les textes initiaux de 1979, à réactualiser au besoin.
En période transitoire :
_opérer un réajustement des coefficients, fantaisistes, affectés aux matières en arabes qui pénalisent les enfants non arabophones.
_Délester les élèves de matières et contenus de tout ce qui n’est pas indispensable pour la formation personnelle, professionnelle, ou pour la poursuite des études, et consacrer l’essentiel du temps à la formation de l’esprit critique, d’analyse et de raisonnement.
Samba Thiam, Inspecteur de l’Enseignement Fondamental, Président des FPC.
Nouakchott, le 15 mars 2022.
La loi protectrice des femmes est-elle véritablement contraire à l’Islam ? La controverse n’en finit pas
Le Calame – Le texte de loi visant à protéger les femmes contre diverses formes de violences suscite une véritable controverse en Mauritanie. Le gouvernement et les acteurs de la Société civile qui ont travaillé à sa confection se heurtent à des religieux qui le jugent « contraire à la Chari’a » et la polémique publique enfle à la veille de la rentée parlementaire qui doit en débattre pour la troisième fois au moins.
Approuvé par le gouvernement en 2016, le texte entend protéger les femmes contre les violences qui montent en flèche. « La violence sexuelle et conjugale, le mariage des enfants, la mutilation génitale féminine… toutes ces outrances sont en train de prendre de l’ampleur […] agressant la dignité des femmes et réprimant leur épanouissement », dénonce la présidente d’une ONG de défense des droits des femmes.
Rejetée par les députés en 2017, la première mouture prévoyait en particulier l’aggravation des peines pour viol, la pénalisation du harcèlement sexuel et la fondation de chambres spécifiques dans les tribunaux pour les affaires de violences sexuelles.
Malgré les amendements apportés par le ministère de la Justice qui y introduisit des dispositions sans lien direct avec celles-là, notamment sur la sanction de l’adultère, et réduisit certaines peines prévues initialement en cas de coups et blessures ou de séquestration par le conjoint, le texte est à nouveau rejeté en 2018.
Les députés ont notamment épinglé le concept de «genre » qu’ils attribuent à des« valeurs étrangères » et divers articles portant sur le droit de voyager sans autorisation du mari ou concédant aux organisations d’aide aux victimes le droit de se constituer en parties civiles.
Un texte différent
Pour les barbus contestataires, la notion de genre est contraire à la Chari’a en ce qu’elle ouvre la porte à de graves dérèglements : transgenre, homosexualité, etc. Une critique battue en brèche par le gouvernement dont le porte-parole a rappelé qu’aucun texte contraire à l’islam ne sera présenté au Parlement.
« Le nouveau texte en discussion est différent du précédent », a-t-il tenu à préciser. Une position appuyée par le Conseil national de la fatwa et diverses autres institutions religieuses pour qui cette nouvelle version est en tous points conforme à notre sainte religion.
e leur côté, les organisations de défense des droits des femmes accusent lesdits barbus de jouer la surenchère pour éviter l’adoption de la loi. « Ils ne défendent que leurs intérêts que le texte pourrait éradiquer : mariages précoces, secrets ou forcés, héritages… », affirme la présidente d’une ONG. « Nous avons demandé des aménagements sur la question de l’héritage, afin de responsabiliser les femmes trop souvent privées des biens de leur défunt mari, alors qu’elles doivent s’occuper de l’éducation et de la santé de leurs enfants mineurs », renchérit la présidente d’une autre organisation de la Société civile qui s’interroge sur les « deux poids deux mesures » de notre communauté : « on accepte d’appliquer certaines dispositions de la Chari’a, on le refuse pour d’autres (vol, viol, assassinat…). »
D’une manière générale, la Société civile se prononce sur la validité religieuse du texte présenté par le gouvernement et dénonce l’attitude discourtoise de certains religieux vis-à-vis de la représentante spéciale des Nations Unies sur les discriminations à l’égard des femmes et des filles, madame Meskerem Geset Techane, lors de sa récente visite en Mauritanie. « Ils s’en sont pris violemment à elle », déplore une présidente d’ONG mauritanienne, « certains allant jusqu’à exiger qu’elle s’exprime en arabe ! Quelle mauvaise publicité pour notre pays ! »
Au cours d’une conférence de presse, ladite experte des Nations Unies a déclaré que « malgré les efforts considérables déployés par la Mauritanie pour l’autonomisation des femmes et des filles, des lacunes subsistent et entravent leur épanouissement ».
Un avis repris dans le communiqué publié à l’occasion de cette visite : « l’oppression patriarcale fait obstacle à la participation des femmes, en dépit de la réelle volonté politique de faire progresser l’égalité de genre. […] malgré les efforts entrepris pour faciliter leur scolarisation, 39% de filles mauritaniennes abandonnent l’école en raison d’un mariage précoce ».
Notons enfin que le projet de loi a été également salué par l’ONG Human Rights Watch qui évoque « un pas en avant […] mais loin d’être satisfaisant, notamment parce qu’il maintient la criminalisation des relations sexuelles consensuelles hors mariage et l’interdiction de l’avortement[…] et ignore plusieurs autres formes de violences fondées sur le genre, comme l’excision », [déjà criminalisée dans la loi mauritanienne, ndr], « et les mariages forcés. »
Dalay Lam